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Tous les deux jours, un défenseur de l’environnement est tué dans le monde

En dix ans, près de 2 000 personnes ont été assassinées pour avoir protégé l’environnement entre 2012 et 2022, selon un rapport de l’ONG Global Witness, publié ce mercredi.
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C’est l’Amérique latine qui concentre le plus grand nombre de meurtres contre des défenseur·ses de l’environnement : neuf meurtres sur dix parmi les 177 commis en 2022, dont plus d’un tiers en Colombie. C’est d’ailleurs le pays le plus hostile avec 382 assassinats au total en une décennie, suivi du Brésil (376 morts) et des Philippines (281 morts).

Des chiffres qui ne «reflètent pas l’ampleur réelle du problème», selon Global Witness puisque la restriction de la liberté de la presse et le manque de contrôle indépendant dans de nombreux pays, entraînent une sous-déclaration des meurtres. En octobre 2022, la Colombie a ratifié l’accord international d’Escazú, exigeant des gouvernements d’Amérique latine, qu’ils empêchent les attaques à l’encontre des écologistes et enquêtent à leur sujet. Malgré ça, le nombre de meurtres enregistrés a presque doublé par rapport à 2021.

En première ligne du combat écologiste, les défenseur·ses de l’environnement œuvrent en terrain hostile. En dix ans, c’est au total 1 910 défenseur·ses qui ont été tuées à travers le monde.

Nombre de défenseurs de l’environnement tués par pays entre 2012 et 2022 © Vert

Le rapport épingle la négligence des gouvernements face à ce constat et dénonce le faible nombre d’assassins traduits en justice. Laissant planer «une impunité qui alimente d’autres attaques.» L’ONG exhorte les politiques internationales à «mettre en œuvre de toute urgence des mesures de protection renforcées pour les défenseurs et à reconnaître leur rôle dans la lutte contre l’urgence climatique».

Les autochtones très exposés

Global Witness révèle que l’Amazonie est l’un des endroits les plus dangereux pour les défenseur·ses de l’environnement, totalisant plus d’un meurtre sur cinq l’an passé. Les communautés autochtones de la forêt tropicale y sont particulièrement exposées, notamment par le biais de l’extraction d’or et de l’exploitation forestière. Plusieurs entreprises du Royaume-Uni, de l’Union européenne et des États-Unis ont été associées à des violations des droits humains commises à l’encontre de ces communautés.

Conseillère principale de la campagne des défenseurs de la terre et de l’environnement, Laura Furones a déclaré : «Les recherches ont montré à maintes reprises que les peuples indigènes sont les meilleurs protecteurs des forêts et qu’ils jouent par conséquent un rôle fondamental dans l’atténuation de la crise climatique. Pourtant, ils sont assiégés dans des pays comme le Brésil, le Pérou et le Venezuela, précisément pour cette raison.» En 2022, plus du tiers des assassinats ont visé des communautés autochtones, alors qu’elles ne représentent qu’environ 5% de la population mondiale.