C’est ONUbilan. L’ONU a publié vendredi son évaluation de huit années de lutte contre le réchauffement climatique, depuis l’adoption de l’Accord de Paris en 2015. Ce compte rendu cinglant, largement inspiré des conclusions du Giec, servira de base à la 28ème conférence mondiale (COP28) sur le climat à Dubaï en novembre.
· Le compte n’y est pas (du tout)
Bonne nouvelle : en actant pour la première fois la nécessité de maintenir le réchauffement climatique «bien en deçà de 2°C», l’Accord de Paris pour le climat a entraîné des actions de la part des Etats qui ont «significativement réduit les prédictions de réchauffement», se félicite l’ONU. Malgré cela, le climat s’est déjà réchauffé de 1,2°C et «le monde n’est pas sur la bonne voie». Pour rester sous 1,5°C de réchauffement, les émissions mondiales devront culminer «entre 2020 et 2025», puis baisser d’au moins 43% d’ici à 2030 et de 60% d’ici à 2035 (par rapport à 2019). Au lieu de cela, les émissions continuent de grimper, a tel point que l’ONU entrevoit un écart au scénario de 20,3 à 23,9 milliards de tonnes de CO2 équivalent dès 2030. En comparaison, l’humanité a émis 52,6 milliards de tonnes en 2022.
· La (presque) sortie des fossiles en ligne de mire
Si la baisse des émissions implique de «transformer les systèmes dans tous les secteurs et dans tous les contextes», l’ONU s’attarde en particulier sur la production d’énergie, qui génère à elle seule de 75% des émissions de gaz à effet de serre. Le sujet des énergies fossiles est très sensible au niveau politique et leur responsabilité dans le réchauffement climatique n’a jamais été actée lors des précédentes COP. «Déployer les énergies renouvelables et sortir de toutes énergies fossiles non réduites est indispensable», insistent les auteur·ices du rapport. «Non réduites» (unabated) signifie toutefois que des infrastructures dont le CO2 est absorbé pourraient être maintenues.
· Tends l’argent
Last but not least, l’ONU rappelle qu’«accroître l’ambition climatique nécessite de transformer le système financier international», notamment pour réorienter les flux vers les investissements bas-carbone et le soutien aux pays en développement. Sujet sensible, là aussi, car les pays développés rechignent à mettre la main au porte-monnaie. En 2009, lors de la COP15 sur le climat, ils avaient promis de mobiliser 100 milliards de dollars par an dès 2020 pour accompagner le développement et la transition écologique des pays du Sud. À l’issue de la COP27 à Charm el Cheikh, il manquait toujours 16,7 milliards de dollars annuels.
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