Décryptage

Les émissions de CO2 liées à l’énergie pourraient atteindre leur pic historique avant 2030

  • Par

Le vert à moitié vide. À quelques jours de la 27ème con­férence mon­di­ale sur le cli­mat (COP27), les expert·es se réjouis­sent d’entrevoir pour la pre­mière fois un pic des émis­sions mon­di­ales, mais rap­pel­lent que leur diminu­tion doit être beau­coup plus rad­i­cale.

L’organisation des Nations unies (ONU) et l’Agence inter­na­tionale de l’énergie (AIE) ont offi­cial­isé cette semaine deux rap­ports (ici et ) aux con­stats sim­i­laires. Ils con­stituent un utile point d’étape avant que les dirigeants du monde entier ne con­ver­gent vers Charm El-Cheikh (Égypte) pour la 27ème con­férence des Nations unies (COP27) sur le cli­mat du 6 au 18 novem­bre 2022.

Côté pile, « pour la pre­mière fois de l’his­toire, les poli­tiques en place sont suff­isam­ment solides pour per­me­t­tre un pic des com­bustibles fos­siles au cours de la décen­nie », s’est réjoui le directeur exé­cu­tif de l’AIE, Faith Birol. « Les États sont en train de pli­er la courbe des émis­sions vers le bas », con­firme de son côté l’ONU. L’année dernière encore, « les analy­ses mon­traient que les émis­sions con­tin­u­aient d’augmenter après 2030 » mais ce n’est plus le cas désor­mais. Selon l’AIE, la crise de l’énergie, large­ment ali­men­tée par la guerre rus­so-ukraini­enne, a don­né un coup de fou­et majeur aux investisse­ments dans les éner­gies renou­ve­lables et avan­tagé le véhicule élec­trique par rap­port au ther­mique. Le tout, en met­tant défini­tive­ment un terme à l’« ère de rapi­de aug­men­ta­tion de la demande en gaz ». Enfin, la hausse du recours au char­bon pour com­penser la hausse des prix du gaz est « petite et tem­po­raire », selon son directeur.

La demande en éner­gies fos­siles (gaz, char­bon, pét­role) ne bais­sera que légère­ment après 2030 alors qu’elle devrait chuter jusqu’à zéro en 2050. © AIE

Côté face, « nous sommes encore très loin de l’am­pleur et du rythme de réduc­tions des émis­sions néces­saires », prévient l’ONU. Au rythme actuel, celles-ci devraient encore aug­menter de 10,6% d’ici à 2030 (par rap­port à 2010) alors qu’elles doivent baiss­er 45 % pour espér­er main­tenir le réchauf­fe­ment à 1,5 °C. Si les « pro­grès réal­isés depuis 2015 ont déjà per­mis de réduire de 1°C le réchauf­fe­ment pro­jeté à 2100 », celui-ci attein­dra le niveau « cat­a­strophique » de 2,5 °C sans effort sup­plé­men­taire, aler­tent les deux insti­tu­tions. Pour l’instant, seuls 24 pays ont révisé à la hausse leurs ambi­tions cli­ma­tiques en amont de la COP27. Même l’Union européenne n’a pas encore revu sa copie.