Bonnet de platane. En grève de la faim depuis maintenant deux semaines, Thomas Brail a investi un platane du boulevard Saint-Germain de Paris, exigeant d’être reçu par l’exécutif pour demander la suspension du chantier de l’autoroute A69 entre Castres et Toulouse.
«Tant qu’on n’aura pas une discussion avec le ministre, on reste dans l’arbre», jure Thomas Brail auprès de Vert, jeudi matin. Quelques heures plus tôt, le fondateur du GNSA (Groupe national de surveillance des arbres) s’est hissé à l’aide de cordes dans cet arbre en compagnie de deux autres membres du groupe qui assurent sa sécurité. Quatre mètres plus bas, les passant·es dégainent leur téléphone pour photographier la scène inhabituelle, contournant les rubalises installées par les forces de l’ordre pour empêcher les regroupements.
Des membres du GNSA sont tout de même autorisés à ravitailler les trois grimpeurs qui patientent en observant le ballet des voitures parisiennes. Les traits tirés et la voix fatiguée, Thomas Brail confie que ce mode d’action est le dernier moyen qu’il ait trouvé pour interpeller le gouvernement. «Je suis désolé d’en arriver jusque-là, mais je n’ai pas le choix», déclare-t-il, déterminé.
Le 1er septembre, il a entamé une grève de la faim pour réclamer l’arrêt du chantier de l’autoroute A69, qui a nécessité l’abattage de plusieurs arbres centenaires sur son tracé. Ce lundi, il s’était perché en face du conseil régional d’Occitanie, à Toulouse, pour interpeller la présidente socialiste de la région, Carole Delga, ainsi que Clément Beaune, ministre délégué chargé des transports. Sans succès. En deux semaines, une dizaine de personnes l’ont rejoint dans sa grève de la faim.
La construction de l’A69 est un projet vieux de 30 ans, mené par la société Atosca, qui prévoit l’artificialisation de 550 hectares de terres, dont 25 hectares de zones humides et 400 hectares de terres agricoles. Il fragmentera le territoire et condamnera des corridors écologiques, des écosystèmes et des espèces protégées.
«Il y a trois recours en cours, mais les travaux se poursuivent malgré tout, déplore Thomas Brail. Si on ne fait rien, les travaux peuvent se terminer avant les jugements. Peu importe s’ils sont favorables ou non.» Pour le militant, «les autorités ferment les yeux sur la poursuite des travaux pendant l’évaluation» lorsqu’il s’agit de recours environnementaux. En 2021 déjà, les promoteurs du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg avaient construit un tronçon routier sans attendre le jugement définitif.
Plusieurs projets alternatifs à l’autoroute ont été soumis par les associations écologistes comme France nature environnement, les Amis de la Terre, la Confédération paysanne et La voie est libre. Notamment le projet baptisé «Une Autre Voie», mené bénévolement par le paysagiste urbaniste Karim Lahiani.
En 2022, Thomas Brail s’était déjà suspendu à un platane au pied de la Tour Eiffel pour s’opposer à l’abattage de plusieurs d’entre eux. Trois ans plus tôt, il s’était déjà perché devant le ministère de la transition écologique pour s’opposer à la coupe de 25 platanes dans le Gers.
Dans son dernier rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat précise que les arbres jouent un rôle crucial dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Planter des arbres au bon endroit est aussi une solution naturelle, précieuse et peu coûteuse, pour réduire les effets de la chaleur.