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Le covoiturage du quotidien est-il au point mort ?

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Caisse qu’on fait ? Dévoilée ce mar­di, une enquête con­duite par les lab­o­ra­toires d’idées la Fab­rique écologique et le Forum Vies Mobiles révèle que le partage de l’auto pour aller au boulot peine à s’imposer en France.

Sur le papi­er, l’équa­tion relève du bon sens : pour décar­bon­er les trans­ports, où la part des tra­jets effec­tués seul·e en voiture (l’«autosolisme») reste très majori­taire, il suf­fi­rait de partager les tra­jets en embar­quant des covoitureur·ses. En France, pour les longues dis­tances, ça marche. Avec ses 20 mil­lions d’u­til­isa­teurs, BlablaCar est aujour­d’hui le sym­bole de cette réus­site, ouvrant la voie à de nom­breuses plate­formes de partage de tra­jets (Mobi­coop, Karos…). Mais, pour les tra­jets du quo­ti­di­en — faire ses cours­es, se ren­dre au tra­vail ou chercher ses enfants à l’é­cole, ça coince.

Pre­mier con­stat : en pari­ant sur un boom du cov­oiturage au quo­ti­di­en d’i­ci à 2027, le gou­verne­ment et les col­lec­tiv­ités sem­blent, pour l’in­stant, avoir fait fausse route. Avec un objec­tif de pass­er de 900 000 tra­jets cov­oiturés par jour en 2023 à trois mil­lions en 2027, le plan Cov­oiturage lancé par l’Etat fin 2022, a sans doute péché par ambi­tion. «Au cours du 1er semes­tre 2023, les tra­jets cov­oiturés chaque jour via des plate­formes numériques, représen­taient un peu moins de 3% de l’ensemble des tra­jets cov­oiturés !», souligne ain­si l’é­tude.

Par­mi les freins, le fait de s’embarquer à plusieurs pour faire un tra­jet ne présente pas tou­jours, sur de cour­tes dis­tances, un fort intérêt économique. Autres obsta­cles iden­ti­fiés : «l’organisation de la société, comme les horaires de tra­vail, et plus struc­turelle­ment […] l’organisation du ter­ri­toire et […] la géo­gra­phie française». Mais encore, «la dis­per­sion des activ­ités sur le ter­ri­toire (tra­vail, loisirs, cours­es, etc.) liée notam­ment à l’absorption par les métrop­o­les d’espaces ruraux et semi-ruraux où la pop­u­la­tion aug­mente, mais où l’emploi dimin­ue».

Autre aspect de l’é­tude qui attire l’at­ten­tion : le plan Cov­oiturage fait état de 50 mil­lions de sièges «vides» qui cir­culerait sur les routes français­es chaque jour ; mais les autorités ne savent pas avec pré­ci­sion où et quand roulent ces véhicules.

Compte tenu de toutes ces lim­i­ta­tions, l’é­tude inter­roge la per­ti­nence de dévelop­per à marche for­cée la pra­tique du cov­oiturage au quo­ti­di­en. «La zone de per­ti­nence écologique du cov­oiturage devrait ne con­cern­er que les déplace­ments de plus de 10 kilo­mètres où une offre de trans­ports col­lec­tifs adap­tée n’existe pas déjà», recom­man­dent les auteur·rices. Manière de rap­pel­er que, partage ou pas, c’est bien l’usage même de la voiture qu’il faut inter­roger…