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Derrière les inondations en Libye, le phénomène de «medicane» renforcé par le réchauffement climatique

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Après la Grèce et la Turquie, la tem­pête Daniel s’est déver­sée sur la Libye dimanche, faisant plus de 2 300 morts et des mil­liers de disparu·es, selon des bilans pro­vi­soires. Un épisode d’une rare vio­lence que l’on doit en par­tie aux tem­péra­tures anor­male­ment élevées en mer Méditer­ranée.

Des bar­rages détru­its, des ponts effon­drés et des immeubles affais­sés : dans le nord-est de la Libye, la ville de Der­na et ses envi­rons ont été dévastés par les pluies dilu­vi­ennes de la tem­pête Daniel, qui ont entraîné de ter­ri­bles inon­da­tions et rasé de nom­breux quartiers. Une sit­u­a­tion d’une grav­ité inédite, quelques jours à peine après que cette même tem­pête a tué plus d’une ving­taine de per­son­nes en Grèce, en Turquie et en Bul­gar­ie.

Sa vio­lence est liée à la for­ma­tion d’un phénomène météorologique appelé med­icane, con­trac­tion de «Méditer­ranée» et «hur­ri­cane» («oura­gan» en anglais). Il s’agit d’une dépres­sion qui prend des car­ac­téris­tiques de cyclones trop­i­caux, ali­men­tée par l’énergie con­tenue dans les eaux anor­male­ment chaudes de la mer Méditer­ranée. Sous l’effet du réchauf­fe­ment plané­taire, celle-ci a bat­tu des records de chaleur cet été.

La semaine dernière, le phénomène météorologique de blocage de mass­es d’air «en omé­ga» au-dessus de la Méditer­ranée, a per­mis à la tem­pête Daniel de se recharg­er en humid­ité et en énergie. Cette sit­u­a­tion, asso­ciée aux tem­péra­tures anor­male­ment élevées, a dopé la puis­sance de la tem­pête.

Le phénomène de blocage en omé­ga a immo­bil­isé les tem­péra­tures élevées sur la France et la Grande-Bre­tagne pen­dant plusieurs jours tout en figeant les fortes pré­cip­i­ta­tions au-dessus de la Méditer­ranée, a détail­lé le cli­ma­to­logue Christophe Cas­sou sur X (ex-Twit­ter).

Sans trop de sur­prise, le dérè­gle­ment cli­ma­tique affecte la puis­sance de ces «med­icanes». «Le réchauf­fe­ment ne le rend pas plus prob­a­ble, mais ses con­séquences sont plus intens­es», explique au Monde le cli­ma­to­logue Davide Faran­da. La hausse des tem­péra­tures de la mer «provoque 10% à 20% de pré­cip­i­ta­tions en plus par rap­port aux mêmes phénomènes dans un cli­mat préin­dus­triel», estime le chercheur.

La dis­pari­tion du blocage en omé­ga devrait entraîn­er la fin de la tem­pête Daniel, qui se dirige désor­mais vers les côtes israéli­ennes en per­dant de la puis­sance.