Info «Vert»

La Confédération paysanne annonce «une grande mobilisation» à Paris contre le traité de libre-échange du Mercosur, le 14 octobre

Marche ou grève. Le syndicat agricole appelle le monde paysan, mais aussi les associations et citoyen·nes opposé·es à la loi Duplomb, à rallier la capitale le 14 octobre. L'objectif : dénoncer plus largement «l'ensemble des politiques libérales», notamment la signature du traité de libre-échange avec les pays d'Amérique du Sud.
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«Nous appelons l’ensemble de paysannes et paysans et des citoyennes et citoyens sensibles à leur alimentation à monter à Paris le 14 octobre prochain pour une grande mobilisation», annonce auprès de Vert Thomas Gibert, porte-parole de la Confédération paysanne et maraîcher en Haute-Vienne.

Des militant·es de la Confédération paysanne (en jaune) et d’autres associations écologistes et partis politiques lors d’une action contre la proposition de loi Duplomb, le 30 juin, à Paris. © Esteban Grépinet/Vert

Connu pour sa défense d’une agriculture paysanne et respectueuse de l’environnement, le troisième syndicat agricole français souhaite mobiliser autour de l’opposition aux «politiques libérales».

L’opposition au traité du Mercosur, cheval de bataille de la mobilisation

«La mobilisation portera en premier lieu sur l’opposition à la signature du Mercosur», détaille Thomas Guibert, en référence à ce traité de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et plusieurs pays d’Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Bolivie) qui est sur le point d’être conclu.

Malgré une forte opposition du monde agricole et de plusieurs pays (dont la France), la Commission européenne a validé le projet d’accord le 3 septembre dernier et doit maintenant le faire confirmer par les 27 États-membres et les eurodéputé·es. En France, de nombreux·ses agriculteur·ices s’inquiètent de la concurrence déloyale face à l’arrivée de denrées sud-américaines (viande, riz, miel…) produites avec des normes sociales et environnementales moins strictes.

«Mais il y a aussi le traité UE-Mexique, qui a grosso modo les mêmes effets, c’est-à-dire que des milliers de tonnes de viande vont être importés en Europe», complète Thomas Guibert. Entré en vigueur en 2000, l’accord de libre-échange avec l’État d’Amérique centrale est en cours d’actualisation par la Commission européenne. Il ambitionne notamment de supprimer certains droits de douane sur le commerce de produits alimentaires comme le fromage, la volaille, le porc, le chocolat ou le vin.

La date du 14 octobre a été choisie pour apporter un soutien à deux agriculteur·ices de la Confédération paysanne qui seront jugé·es le même jour devant le tribunal de Paris – ces paysan·nes avaient été interpellé·es pour «violences et tentatives d’intrusion» lors d’une manifestation contre la spéculation sur les produits agricoles, à Paris, en décembre dernier. Interrogé par Vert lors d’une première audience en février 2025, le syndicat avait dénoncé des «violences policières» et «un “deux poids, deux mesures” insupportable» comparé au traitement d’autres mobilisations agricoles, comme celles de la FNSEA ou de la Coordination rurale.

Vers une convergence avec les syndicats du monde du travail ?

Plus généralement, la mobilisation du 14 octobre sera organisée contre «l’ensemble des politiques libérales, qui broient les paysannes et paysans mais aussi l’ensemble des travailleurs et travailleuses», martèle le porte-parole auprès de Vert. L’opposition au libre-échange est un cheval de bataille de la Confédération paysanne, qui a été créée en 1987 pour présenter une alternative à la «politique agricole productiviste et éliminatoire» de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), le syndicat agricole majoritaire historique en France.

Avec son allié des Jeunes agriculteurs (JA), la FNSEA a aussi appelé à «une grande journée d’action», ce vendredi 26 septembre, pour protester contre «le Mercosur, les taxes imposées par Donald Trump et le flot des importations internationales qui ne respectent pas les normes». Une «opposition de façade», selon Thomas Gibert, qui estime que ce mouvement «ne suffira pas à construire un rapport de force suffisant pour imposer la non-signature du Mercosur».

À l’inverse, le maraîcher appelle à une «convergence plus large», qui rassemble le monde agricole et, il l’espère, les associations et citoyen·nes engagé·es contre la loi Duplomb. Plus inhabituel, un appel sera également lancé aux syndicats classiques du monde du travail (CGT, Solidaires…), qui viennent de réussir leur mobilisation commune le 18 septembre dernier.

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