L'hebdo

Chaleur est grave

Chères toutes et chers tous,

🗳️ Cette semaine, pour le vote du vert du faux, vous avez voulu que l’on réponde à la question : « Est-il vrai que la France n'est responsable que de 1% des émissions mondiales ? ». Vous aurez donc la réponse dans l’édition de jeudi prochain.

🎁 En attendant, notre rédacteur en chef Loup Espargilière s’est attaqué à l'idée reçue selon laquelle la croissance de l'Inde nous condamnait à un réchauffement hors de contrôle, qui était la deuxième question au choix. Un thread à lire sur Twitter.

💚 Cette semaine, vous avez été nombreux à faire un don à Vert ! Nous remercions chaudement Solène, Marie, Eric, Ila, Jonas, Xavier, Jérémy, Valérie, Enzo, Paul, Frédéric et Rémi d'avoir ajouté leur pierre à l'édifice. Vert est encore un peu plus fort grâce à vous !


En France, octobre fût brûlant et catastrophique tandis que s’ouvre la COP27 et la possibilité d’accélérer la lutte contre le changement climatique.


Pertes et dommages, financements et droits humains : tour d’horizon des enjeux de la COP27

COP départ. La 27ème conférence des Nations unies pour le climat, qui s’ouvrira dimanche à Charm-el-Cheikh, en Égypte, sera l’occasion pour les États présents de concrétiser les engagements pris l’année dernière à Glasgow (Écosse) et de sanctuariser le principe des « pertes et dommages ».
 

Les États priés d’améliorer leur copie

À la COP26 de Glasgow (Écosse), en 2021, les États s’étaient donnés un an pour accroître leurs efforts, en révisant leurs engagements individuels, appelés Contributions déterminées au niveau national (CDN). Objectif : respecter l’objectif de l’Accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement « bien en dessous » de 2 °C en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle. Jeudi dernier, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) s’est inquiété de l’état des engagements actuels des pays du monde. S’ils étaient respectés, ceux-ci nous mèneraient vers un réchauffement « catastrophique » de +2,6 °C d’ici à la fin du siècle.
 

Trouver les 100 milliards de dollars promis par les pays riches

En 2009, à la COP15 de Copenhague (Danemark), les pays développés s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an dès 2020 pour aider les pays du Sud à se développer de manière plus verte et à s’adapter aux conséquences du dérèglement climatique. En 2022, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a déterminé que ces financements avaient atteint 83,3 milliards de dollars en 2020.

Un des enjeux de la COP27 sera donc de concrétiser les promesses de paiement pour atteindre les 100 milliards le plus rapidement possible et restaurer la confiance entre les pays du Nord et du Sud. D’autant que la qualité de ces financements reste en question, puisqu’une grande partie est versée sous forme de prêts et non d’aides.

Des familles déplacées après les méga inondations de cet été dans la province du Balouchistan, au Pakistan. © Unicef / A. Sami Malik 

Mettre la question des pertes et dommages en haut de la pile

Les pertes et dommages désignent les dégâts irréversibles causés par le dérèglement climatique. Ils sont causés par des événements extrêmes (cyclones, inondations, etc), ou des processus à long terme (montée du niveau de la mer, assèchement des ressources en eau, etc). Depuis 1991, les pays les plus vulnérables au changement climatique réclament une aide de la communauté internationale pour faire face à ces événements. Un sujet qui a longtemps peiné à se hisser à l’agenda des négociations ; les pays développés refusant d’ouvrir la voie à la création d’un mécanisme de financement partagé des pertes et dommages - ce qui signifierait la reconnaissance de leur responsabilité dans la crise climatique.

Cette année, l’Union européenne et les États-Unis se sont déclarés favorables à la discussion au sujet de ces réparations. Reste à voir si les dirigeants mondiaux parviendront à un accord sur la manière d’opérationnaliser le paiement de ces pertes et dommages, et pas seulement sur leur nécessité.

Découvrez notre décryptage en intégralité, avec le contexte de la COP27 et tous ses autres enjeux, sur vert.eco

· Dimanche dernier, Lula a été élu président du Brésil face à Jair Bolsonaro avec une courte avance (50,9 % contre 49,1 %). Or, la défaite de Jair Bolsonaro pourrait entraîner une baisse de 89 % de la déforestation amazonienne au cours de la prochaine décennie, d’après l’analyse des promesses électorales réalisée pour le compte du média spécialisé Carbon Brief. Le rythme de déforestation avait doublé depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2019.

· Le week-end dernier, plusieurs milliers de personnes se sont réunies à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) à l’appel de plus de 150 organisations pour une « mobilisation nationale » contre l’implantation d’une « méga-bassine ». Un projet considéré comme symbolique du modèle agro-industriel. Notre reportage sur ces deux jours de mobilisation à lire sur vert.eco

· Mercredi encore, cinq plaintes ont été déposées dans plusieurs pays d’Europe contre la Fifa pour greenwashing sur la Coupe du monde au Qatar. En France, l’ONG Notre affaire à tous a saisi le Jury de déontologie publicitaire pour contester les revendications d’un tournoi « neutre en carbone » et « le plus compact de l’histoire ». La stratégie écologique du Qatar repose essentiellement sur l’achat de 3,6 millions de crédits carbone, mais le pays n'en a acquis que 200 000 pour l’instant. - Novethic

· Mercredi encore, le projet de loi sur l’accélération des renouvelables est arrivé au Sénat au moment même où le texte sur le nucléaire a été présenté en conseil des ministres. Deux lois dont le calendrier et l’ambition ne font pas l'unanimité. Explications à lire sur vert.eco


· Jeudi, le préfet de la Vienne a entériné la construction de 30 nouvelles retenues artificielles d’eau destinées à l'irrigation des cultures dans son département. La signature intervient après un week-end de manifestations contre des projets similaires dans le département voisin des Deux-Sèvres (voir plus haut). Le lancement du projet « se fait avec l'accord du ministre de l'agriculture, de la ministre de la biodiversité et l'accord de Matignon », s’est défendu le préfet. - Le Parisien (abonné·es)

Cliquez sur le dessin pour le voir en grand. © Sanaga pour Vert

Le ministre de l’intérieur n’a pas de mot assez dur pour qualifier les opposant·es aux « méga-bassines » qui ont manifesté contre la future retenue d’eau de Sainte-Soline, dans les Deux-sèvres (notre reportage). Réservera-t-il aux « éco-terroristes » le même sort qu’aux djihadistes ? Un abus de langage méthodiquement démonté par le politologue Clément Viktorovitch dans une chronique pour l'émission Quotidien.

· Le plastique, c'est fantastique. Les baleines bleues absorberaient jusqu’à dix millions de particules de microplastiques chaque jour, selon une nouvelle étude publiée ce mardi dans la revue Nature. Cela représente jusqu’à 43,6 kilogrammes ingérés quotidiennement par le plus grand animal du monde. Les scientifiques souhaitent désormais évaluer l’impact de cette pollution sur la santé du cétacé. - Sud-Ouest (AFP)

· La fonte qui glace. Un tiers des glaciers du Patrimoine mondial de l’humanité aura disparu en 2050 et ce, quelle que soit notre trajectoire climatique, a prévenu l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) jeudi. Les glaciers jouent un rôle majeur dans l’approvisionnement en eau de la moitié de la population mondiale, tant pour les usages quotidiens, que pour l’agriculture ou la production d’électricité. - Le Monde (abonné·es)

· Ça sent le sapin. Plutôt que de réduire leurs émissions à la source, un nombre croissant de grandes entreprises et d’États promettent de planter des quantités phénoménales d’arbres pour compenser leurs activités. Or, cette solution ne peut en aucun cas être la seule déployée. Si c’était le cas, il nous faudrait 4,5 planètes Terre. Un décryptage à lire en intégralité sur vert.eco

· Look up. Dans une tribune publiée ce vendredi, près de 1 000 scientifiques défendent leurs collègues emprisonné·es en Allemagne pour avoir participé à une action de désobéissance civile dans un showroom de BMW à Munich samedi dernier (Vert). « Le problème n'est pas la protestation, mais l'inaction générale », alertent les signataires, parmi lesquel·les les climatologues Jean Jouzel et Christophe Cassou, ou encore l'économiste Thomas Piketty. - France info

Cliquez sur le graphique pour l'afficher en grand © Vert

Octobre rouge. Le mois d’octobre qui s'achève - le plus torride depuis les premiers relevés, en 1900, - a été supérieur de 3,5°C à la moyenne. Un nouveau record qui fait suite à une vague de chaleur inédite dans son intensité, sa longueur et ses conséquences en cascade, amenée à devenir de plus en plus fréquente à cause du réchauffement climatique. Si d’aucuns ont vu dans cette chaleur tardive un prolongement plaisant de l’été, celle-ci aura des répercussions graves dans le temps. Par exemple, Météo-France fait état d’une sécheresse jamais vue à cette période depuis 1958 en Occitanie. C’est pourtant à cette partie de l’année que les nappes phréatiques commencent à se remplir pour le printemps et l’été à venir. Autrement dit, la chaleur d’aujourd’hui prépare la sécheresse de demain. Notre éclairage à lire en intégralité sur vert.eco

· Science y mettait tous ? Année après année, la liste des espèces en voie d’extinction ne cesse de s’allonger. Face à cela, de plus en plus de programmes de science participative permettent à tous·tes de se faire les précieux·ses allié·es des chercheur·ses en manque de données. - Vert
 

· On en veut puce ! Cet automne, le Muséum national d’histoire naturelle zoome sur les petites espèces invisibles, mais essentielles, qui nous entourent. En présentant les superpouvoirs de ces « mini-monstres » dans une riche exposition, le musée parisien met aussi en lumière l’impact de nos activités sur l’effondrement du vivant. Notre reportage à lire sur vert.eco

La Sauvagière : une fable initiatique enivrante qui retisse le fil entre humain et animal

La belle et la bête. Avec La sauvagière, l’autrice et militante Corinne Morel-Darleux signe un premier roman onirique et puissant dans lequel l’héroïne-citadine apprend à vivre dans la nature et suit la piste de sa propre animalité. Une chronique à lire sur vert.eco

Vert de rage enquête sur les « Polluants éternels »

Téfal ou quoi ? PFOA, PFOS, PFUnDA… les noms des perfluorés - des polluants qualifiés d’« éternels » en raison de leur persistance dans la nature - sont aussi flous que l’action des autorités sanitaires pour les détecter, révèle le journaliste Martin Boudot, dans un nouvel épisode de la série d’investigation Vert de rage. Accompagné de scientifiques, il a décelé la présence de grandes quantités de ces substances chimiques dans l’air, le sol - et même dans le lait maternel à proximité d’une usine de la banlieue de Lyon. De quoi faire réagir jusqu’au gouvernement, qui promet davantage de contrôles.

© France télévisions

+ Loup Espargilière, Alban Leduc, Marius Matty, Juliette Quef, Sanaga et Gabrielle Trottmann ont contribué à ce numéro