À l’approche de la 27ème conférence des Nations unies (COP27) sur le climat, la question devient de plus en plus urgente alors que la facture s’alourdit : comment assumer le coût des dommages irréversibles causés par le réchauffement climatique ?
À l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies, qui s’est tenue du 20 au 27 septembre à New York (États-Unis), le Danemark a annoncé qu’il consacrerait 13 millions de dollars (13,4 millions d’euros) à la réparation des « pertes et dommages » liées au réchauffement climatique. Une première pour un État membre.
La voie avait déjà été ouverte par l’Écosse lors de la COP26 qui s’est tenue l’année dernière à Glasgow, avec une contribution annoncée à hauteur de deux millions de livres sterling à un fond dédié. Dans la foulée, la région wallonne (Belgique) s’était aussi engagée à verser un million d’euros.
Terme consacré par l’accord de Paris de 2015, les « pertes et dommages » désignent les dégâts irréversibles causés par le dérèglement climatique, qu’il s’agisse des conséquences d’événements brutaux, comme les cyclones ou les inondations, ou des effets plus progressifs comme la montée du niveau des mers ou la dégradation des terres. Pour l’heure, il n’existe pas encore de mécanisme de financement dédié, réclamé à grands cris par les pays les plus vulnérables. Ceux-ci sont les plus affectés par les conséquences dramatiques du réchauffement climatique alors qu’ils en sont les moins responsables. Jusqu’ici, les nations les plus riches se sont toujours refusées à payer cette facture, qui signerait la reconnaissance de leur responsabilité dans la crise climatique — et ses destructions.
Experte climat pour l’ONG Care, Fanny Petitbon salue « un signal politique fort de la part du Danemark, même si cela reste encore une goutte d’eau par rapport aux besoins. Ce n’est pas une question de solidarité ou de charité : on doit parler de dette climatique envers les pays du Sud ». Selon les projections, les coûts des pertes et dommages sont estimés entre 290 et 580 milliards de dollars par an dans les pays en développement d’ici à 2030, et jusqu’à 1 700 milliards en 2050.
Parmi les mannes de financements possibles, plusieurs chercheurs et ONG proposent une taxe sur le carbone, sur les vols ou sur les profits réalisés par les compagnies fossiles, comme le pointe le copieux dossier réalisé par le média britannique Carbon Brief. Cette dernière proposition a même les faveurs du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui appelle à placer le sujet au cœur de la COP27 qui démarre le 6 novembre à Charm El-Cheikh (Egypte).
Autre dossier source de tensions : en 2009, lors de la COP15 à Copenhague, les pays riches avaient promis d’abonder un fonds vert, qui serait doté de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, pour aider les pays les plus vulnérables à réduire leurs émissions et à s’adapter au bouleversement du climat. Mais ces financements sont « loin d’apporter une réponse suffisante sur le long terme, tout comme l’aide humanitaire et les systèmes assurantiels proposés par les pays riches », analyse Aurore Mathieu, du Réseau Action Climat. Pis, cette somme de 100 milliards de dollars, déjà jugée largement insuffisante par de nombreux observateurs, n’a toujours pas été atteinte.