L’impression (trompeuse) d’un «été pourri» pourrait bientôt n’être qu’un lointain souvenir, alors que les fortes chaleurs feront leur retour dans l’Hexagone à la fin de la semaine, annonce Météo-France ce mardi. Si le mercure ne devrait pas grimper de façon démesurée mercredi, le soleil tapera fort dans le sud et le sud-ouest dès jeudi. Les normales de saison (la moyenne des 30 dernières années) seront nettement dépassées localement.
«Dans le sud-ouest, les températures maximales supérieures à 35°C [seront] généralisées, avec même des pointes entre 37 et 38°C. Le long de la vallée du Rhône, 35 à 37°C sont attendus» dès jeudi, prévoit l’organisme météorologique.
Vers une canicule ?
Les fortes chaleurs devraient s’étendre au nord du pays à partir de vendredi – il pourrait faire jusqu’à 33°C dans la moitié septentrionale, toujours selon Météo-France. Et, dans le sud, les températures devraient rester très élevées samedi et dimanche. Pour l’heure, l’établissement météorologique n’a pas détaillé ses prévisions au-delà du dimanche 10 août.
«Les 40°C sont de nouveau probables dès jeudi dans le sud-ouest de la France», ce qui rend envisageable la 51ème vague de chaleur depuis 1947, a écrit l’agroclimatologue Serge Zaka sur Bluesky ce mardi. Sur les 50 derniers épisodes similaires, 17 ont eu lieu avant l’an 2000… et 33 depuis le début du siècle, a-t-il précisé.
Rappelons que Météo-France définit un événement comme une vague de chaleur si l’indicateur thermique national (la moyenne des températures minimales et maximales de 30 stations météos réparties sur tout le territoire, que l’on considère comme la température moyenne du pays) est supérieur ou égal à 25,3 degrés pendant un jour, et à 23,4°C sur au moins trois jours.
«Il existe un risque de canicule» dans la région de Toulouse (Haute-Garonne), relevait de son côté, dès lundi, le météorologue François Jobard. On parle de «canicule» lors d’un épisode de températures élevées – en journée comme dans la nuit – qui dure au moins trois jours. Les seuils thermiques dépendent des départements et du niveau de tolérance des populations par rapport à la météo habituelle. À Paris, la canicule est caractérisée dès lors qu’il fait au moins 31°C la journée et 21°C la nuit pendant trois jours consécutifs. À Marseille (Bouches-du-Rhône), le mercure doit dépasser les 35°C en journée et les 24°C une fois le soleil couché, pendant plus de 72 heures.
Des conséquences pour l’agriculture… et pour la santé
Dans ce contexte de fortes chaleurs, «le maraîchage du sud-ouest (et vos potagers !) semblent, une fois de plus, en première ligne face au stress thermique», avait alerté Serge Zaka sur Bluesky dès vendredi. Plus largement, ces températures élevées bouleversent l’agriculture. «Les conditions de stress thermiques sur les animaux d’élevage vont se dégrader fortement», anticipait aussi l’agroclimatologue.
Par ailleurs, en favorisant l’évaporation, la chaleur réduit la ressource en eau dans la terre. Or, plus de la moitié de la France est déjà concernée par un arrêté imposant des restrictions dues à la sécheresse dans les nappes d’eau souterraines. «Du jamais vu depuis le début du suivi en 2012», a alerté l’hydroclimatologue Florence Habets sur Bluesky ce mardi.
Un climat qui se réchauffe affecte aussi la santé humaine, et notamment au travail. «L’augmentation des températures provoque de nombreux dangers. Il y a d’abord les effets induits : on dort mal, on est davantage fatigué, moins vigilant, et cela augmente les risques d’accident et les problèmes psycho-sociaux (irritabilité, nervosité, troubles de la concentration). Et il y a les effets directs : les coups de chaleur, la déshydratation ou les malaises cardiaques», expliquait récemment à Vert Armand Blondeau, chargé des sujets de santé, sécurité et conditions de travail au syndicat Printemps écologique.
Pire encore, un travail de modélisation paru le 27 janvier dernier dans la revue scientifique Nature Medicine montrait que, à horizon 2099, «la majorité des villes européennes devrait connaître une hausse de la mortalité liée aux températures». Enfin, ces conditions météo extrêmes augmentent le risque de feu de forêts. Mardi matin, déjà, le département de l’Aude était placé en vigilance rouge pour cette raison.
Les épisodes de fortes chaleurs devraient devenir plus intenses, précoces et fréquents à cause du changement climatique. Si le pays se réchauffe de +4°C par rapport à la moyenne du 19ème siècle, ce qui est la trajectoire anticipée en 2100, ils pourraient démarrer dès la mi-mai et s’étendre jusqu’à fin septembre, et durer jusqu’à deux mois en continu.
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