Chères toutes et chers tous,
Une drôle de campagne présidentielle touche à sa fin ce soir : le covid et la guerre en Ukraine ont ajouté à la pagaille habituelle et les thématiques écologiques n'ont jamais percé en dépit de l'urgence. Malgré ce contexte difficile, l'équipe de Vert a tâché de vous faire prendre l'air de la campagne du mieux possible. Merci d'avoir suivi la course avec nous et rendez-vous lundi, dans le monde d'après.
🎉 Cette semaine, on remercie chaudement Gwenn, Elodie, Vincent, Pascal, Sylvie, Nadine et Zoé pour leur contribution à la cagnotte Okpal de Vert ! Grâce à vous, comme à toutes celles et ceux qui nous soutiennent déjà, nous sommes chaque jour un peu plus fort·es et mieux équipé·es pour tenter de mettre le climat et le vivant à l'agenda médiatique et politique.
Le climat était le grand absent de la campagne présidentielle. Pourtant, il se rappellera aux candidats, qu'on ait voté pour eux ou pas.

Pour qui faut-il voter pour défendre le climat et le vivant ?
A noté ! À quelques heures du premier tour, Vert vous aide à y voir clair dans les propositions des douze prétendant·es à l’Élysée sur l'écologie, thématique par thématique.
Alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) vient de rappeler les contours de la lucarne climatique qu’il nous faut viser pour taper dans le mille des objectifs de l’Accord de Paris (contenir le réchauffement à 1,5 °C par rapport à la moyenne de l’ère préindustrielle), les visions et solutions proposées par les aspirant·es à l’Élysée pour y parvenir sont bien loin d’être unanimes.
Il ne nous appartient pas de dire pour qui voter. Vous pouvez toutefois retrouver notre analyse écologique des projets d’Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo ou encore Fabien Roussel (toute la liste ici). Vous pourrez également comparer leurs propositions à celles que nous avons portées dans notre contre-programme présidentiel, des mesures bonnes pour le climat, le vivant et la justice sociale, que nous voudrions voir figurer sur tous les tracts de campagne.
De leur côté, les nombreuses ONG spécialistes du climat, d’environnement, de santé, de consommation ou du débat démocratique ont fourni de riches analyses pour aider les électeur·rices à affiner leurs choix. Nous vous avons préparé un tableau récapitulatif pour vous permettre de vous y retrouver. Les notes, qui vont de 1 (dangereux) à 5 (très bien), sont une traduction - forcément sujette à caution - des barèmes proposés par les associations.
Sur le climat
Fin mars, le Réseau action climat (RAC), qui fédère une trentaine d’associations – dont Alternatiba, France nature environnement ou Greenpeace –, a évalué les mesures portées par les candidat·es. Comme Vert l’avait raconté, l’écologiste Yannick Jadot et l’insoumis Jean-Luc Mélenchon y font largement la course en tête. Les organisations de l’Affaire du Siècle – Oxfam, Notre Affaire à tous, la Fondation pour la nature et l’Homme et Greenpeace – ont également mené l’enquête. Là aussi, « seuls Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon formulent des propositions politiques à la hauteur du péril climatique et respecteraient donc tout simplement la loi », expliquent les associations. Des observations comparables à celles de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), qui a interrogé les équipes des sept principaux candidats sur leur budget pour le climat. Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, sont les seul·es à envisager une intervention forte de l’État.
Sur le vivant et la santé
La fédération France nature environnement (qui regroupe 5 837 associations écologistes) a établi un « hériscore » (à l’effigie de son logo, un hérisson). Six candidat·es ont été interrogé·es sur leur vision à l’horizon 2050 en matière de climat, mais aussi de biodiversité et de santé. L’ensemble de leurs réponses est détaillé point par point. Là encore : Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon sont en tête, suivis d’Anne Hidalgo. L’association Générations futures a, elle, scruté les mesures relatives à la santé environnementale et à l’agriculture (pesticides, agro-industrie, OGM, etc.) L’ensemble des candidat·es en prend pour son grade – même les plus engagé·es – en raison, notamment, d’un manque de clarté dans les définitions ou le budget.
Retrouvez la suite de notre analyse (animaux, consommation, vision systémique) sur le site de Vert.

· Mercredi, le gouvernement canadien a approuvé le projet pétrolier offshore de Bay du Nord, à 500 kilomètres au large de la province de Terre-Neuve et à plus d'un kilomètre de profondeur. Après son entrée en fonction, d'ici 2028, il devrait extraire environ 300 millions de barils de pétrole sur trente ans, selon l'exploitant Equinor. La veille, le Giec avait rappelé que pour contenir la hausse des températures à un niveau vivable, la sortie des énergies fossiles devrait être immédiatement engagée. - Libération
· Des coupures de gaz pourront être exigées en France au cas où l'approvisionnement en gaz russe venait à être coupé, selon un décret du ministère de la transition écologique publié ce vendredi au Journal officiel. Seuls les 5 000 plus gros consommateurs de gaz sont visés par ces mesures d'exception. Hier, la Commission européenne a décrété un embargo sur le charbon russe, qui représente 47 % des importations européennes de charbon, tandis que le Parlement européen s'est prononcé pour un blocage sur toutes les énergies fossiles importées de Russie. Le pays dirigé par Vladimir Poutine fournit 26 % des importations européennes de pétrole et 41 % des importations de gaz - AFP



L'extrême droite en campagne contre le climat
Le Pen perdue. Alors que le prochain quinquennat s'annonce crucial dans la lutte contre l'emballement climatique, l'écologie est restée parfaitement ignorée de toute la campagne. Une absence qui n'est pas étrangère au fait que l'extrême droite a dicté ses thématiques. Or, force est de constater que celle-ci se préoccupe bien peu d'écologie. On a rembobiné les magnétos et fouillé les programmes. Verdict : si Marine Le Pen essaie (un peu) de faire une synthèse entre nationalisme et environnementalisme, Éric Zemmour, lui, est explicitement opposé à la science. Un décryptage à retrouver sur notre site.

Quand les réseaux sociaux parlent climat
Quatrophonie climatique. Spécialiste en analyse du discours et en sciences du langage, le chercheur Albin Wagener a dirigé une vaste étude sur les réseaux sociaux durant le quinquennat Macron. Ses travaux identifient quatre familles politiques distinctes vis-à-vis des questions environnementales et climatiques.
En analysant la nature des traits narratifs utilisés dans les conversations en ligne et les interactions des internautes, l’étude distingue différents rapports à l’écologie : une approche libérale (compatible avec le système politique et économique actuel, telle la politique d’Emmanuel Macron) ; une approche réformiste (qui veut modifier certains aspects du système, à l’image du Parti socialiste, d’Europe Écologie Les Verts, de Cyril Dion ou du Réseau action climat) ; une approche radicale (qui propose de changer complètement le système, telle la France insoumise ou des mouvements activistes comme Greenpeace et Attac) ; et une approche anti-écologiste (incarnée par des médias comme Valeurs actuelles ou par le Rassemblement national).
L’étude montre que la prise en considération de l’écologie reste largement cantonnée à une approche événementielle : manifestations pour le climat, catastrophe climatique ou publication d’une étude permettent, de manière trop sporadique, d’animer les discussions. Pour l’heure, « l’imposition de narratifs réguliers et durables dans le débat public reste une gageure », estime le chercheur, qui explique cela par le manque, dans notre pays, de figures capables d’incarner le climat. Cette analyse est à retrouver en intégralité sur le site de Vert.

La présidentielle 2022 « vue de »
L’air de la campagne. Dimanche, le premier tour de l'élection présidentielle scellera, pour partie, le sort du pays pour les cinq prochaines années. Une fois n'est pas coutume, les attentes des Français·es n'ont pas vraiment eu leur place dans cette campagne hors normes, largement phagocytée par la guerre en Ukraine et ses conséquences énergétiques. La série de reportages réalisée par les journalistes de France Culture permet d'y remédier. Dans une usine, un hôpital, un port, un théâtre ou encore une partie de chasse, elles et ils ont tendu leur micro pendant trois mois pour recueillir des témoignages souvent précieux, à entendre et aussi à voir sur le site de France culture.

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+ Loup Espargilière, Anne-Sophie Novel et Barbara Pagel ont contribué à ce numéro