Portraits

«Des soldats fiables» : Donald Trump engage des stars du climatoscepticisme dans son gouvernement

Science inverse. L’administration américaine vient de recruter trois scientifiques célèbres pour leurs positions à rebours du consensus scientifique sur le climat. Leur embauche intervient après le licenciement de centaines de chercheur·ses à l’origine d’un rapport pour élaborer les politiques américaines de réponse au dérèglement climatique.
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Les fossoyeurs du climat sont de plus en plus nombreux au sein de l’administration américaine. Ce mardi 8 juillet, le quotidien américain The New York Times révèle que Donald Trump a engagé, au sein du ministère de l’énergie, trois scientifiques mondialement connus pour leurs positions climatosceptiques.

Le premier d’entre eux, Steven E. Koonin, a une influence… jusqu’en France. Physicien, il a été scientifique en chef du géant pétrolier BP – une multinationale connue pour avoir financé des lobbies climatosceptiques – de 2004 à 2009 ; mais aussi conseiller scientifique dans l’administration Obama de 2009 à 2011.

Donald Trump, à Washington D.C., le 27 juin 2025. © Molly Riley/The White House/Flickr

Il est notamment devenu l’égérie des climatosceptiques avec son livre Unsettled (Climat, la part d’incertitude, en français), publié en 2021. C’est de cet ouvrage que le youtubeur d’extrême droite «le Raptor» avait copié-collé des arguments entiers pour sa vidéo dans laquelle il était censé démonter «l’arnaque climatiste» (notre débunkage).

En France, Steven Koonin compte parmi ses adeptes Bertrand Alliot, le porte-parole de l’association Action écologie, aux tendances climatosceptiques et proche de l’extrême droite (notre article).

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Selon les informations du New York Times, Steven Koonin est désigné «employé spécial du gouvernement». Le même statut qu’Elon Musk lorsqu’il était encore allié de Donald Trump. Ce statut permet de «fournir des services importants, mais limités, au gouvernement, avec ou sans rémunération, pour une période ne dépassant pas 130 jours» au cours d’une période d’un an.

Trump «n’a pas de respect pour les données scientifiques»

Autre recrue du ministère de l’énergie : John Christy, un scientifique spécialiste de l’atmosphère qui doute que l’activité humaine soit à l’origine du réchauffement de la planète. Une position à rebours complet du dernier rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), pour qui les humains sont responsables «sans équivoque» du changement climatique. Christy est également conseiller politique au Heartland Institute, un think tank champion de la désinformation sur le climat aux États-Unis et financé par l’industrie fossile par le passé.

Roy Spencer complète ce trio : ce météorologue pense que les nuages ont eu une plus grande influence sur le réchauffement planétaire que les humains.

Le physicien Steven E. Koonin (au centre) a été scientifique en chef du géant pétrolier BP. © Berkeley Lab/Flickr

Ces recrutements, rappelle le quotidien, surviennent après que Donald Trump a licencié, en avril, les auteur·ices d’un rapport scientifique utilisé depuis plus de 25 ans pour élaborer les politiques américaines de réponse au réchauffement climatique (notre article). Ce document constituait un outil essentiel dans la planification de mesures pour aider à se préparer aux catastrophes naturelles, plus fréquentes et plus violentes avec l’évolution du climat, comme l’inondation meurtrière qui a dévasté le centre du Texas cette semaine. Les inondations ont fait 109 victimes et 161 personnes sont encore portées disparues.

En début de mandat, l’administration a également supprimé toute mention du changement climatique sur les sites web du gouvernement et limogé nombre de scientifiques (voir ici et ).

Interrogé par le quotidien américain, Michael E. Mann, célèbre climatologue de l’université de Pennsylvanie, s’alarme que Donald Trump ait licencié des centaines de «véritables experts scientifiques du gouvernement» pour les remplacer par «un petit nombre de soldats fiables». Il ajoute : «L’administration n’a aucun respect pour les données scientifiques réelles, qui indiquent de manière écrasante que la crise s’aggrave à mesure que nous continuons de réchauffer la planète en brûlant des combustibles fossiles.»

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