«La portée» du rapport est en train d’être «réévaluée» ; vous êtes «libérés de vos fonctions». C’est par ces mots, adressés ce lundi par mail aux contributeur·ices de la Sixième évaluation nationale du climat (NCA6), que l’administration Trump a congédié les auteur·ices d’un rapport crucial sur le climat.

Le document en question, élaboré par des centaines de scientifiques et mis à jour tous les cinq ans, porte sur l’impact de l’augmentation des températures sur la santé humaine, l’agriculture, la pêche, l’approvisionnement en eau, les transports, la production d’énergie et d’autres aspects de l’économie américaine, précise le New York Times. Il constitue, depuis 25 ans, un outil essentiel pour les législateurs, les entreprises et les gouvernements locaux dans la planification de mesures pour aider à se préparer aux vagues de chaleur, inondations, sécheresses autres catastrophes liées au climat.
Cette décision du gouvernement fait suite aux licenciements massifs survenus début avril au sein du Programme américain de recherche sur le changement climatique (USGCRP), l’organisme fédéral chargé de superviser ce rapport qui doit être remis au Congrès et au président.
«L’administration Trump a sabré de façon insensée un rapport scientifique américain crucial et complet sur le climat en renvoyant ses auteurs sans motif, a protesté dans un communiqué Rachel Cleetus, autrice du chapitre du rapport qui traite de l’impact du réchauffement sur les côtes. Essayer d’enterrer ce rapport ne changera en rien les faits scientifiques. Mais, sans ces informations, notre pays risque de naviguer à l’aveugle dans un monde rendu plus dangereux par le changement climatique causé par les humains.»

Licenciements en série des spécialistes du climat
Cette décision s’inscrit dans la continuité des licenciements massifs décidés par les autorités fédérales depuis 100 jours et l’investiture de Donald Trump à la Maison-Blanche, le 20 janvier dernier.
Dès le 5 février, le Département de l’efficacité gouvernementale (Doge) d’Elon Musk, qui faisait la tournée des organisations gouvernementales jugées «nuisibles à la prospérité des États-Unis», avait débarqué par surprise dans les locaux de l’agence du climat (NOAA – l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique) pour mettre la pression sur les scientifiques.
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Selon le New York Times, environ 1 300 employé·es de la NOAA avait démissionné ou avait été licencié·es au 8 mars. L’administration Trump prévoyait de congédier 1 000 salarié·es supplémentaires, soit une réduction de 20% des fonctionnaires de cette agence fédérale.
Dans les autres agences de ce type, le président américain avait viré Kate Calvin, scientifique en chef et conseillère principale sur le climat de la Nasa, le 10 mars. Le patron de l’Agence américaine de protection de l’environnement, Lee Zeldin, souhaite encore congédier 1 115 biologistes, chimistes et autres expert·es.
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