L'hebdo

Mère Sature

Chères toutes et chers tous,

🎄 La semaine prochaine, vous aurez droit à une édition spéciale sur le bilan de la COP15 biodiversité. Vous recevrez aussi bientôt un numéro consacré aux bonnes nouvelles de 2022. Et enfin, le bêtisier de l'année, avec des vrais morceaux de ministres dedans. 


La planète risque de craquer si on ne laisse pas les peuples autochtones davantage protéger leur biodiversité. 


Meilleurs protecteurs du vivant, les peuples autochtones restent en marge des négociations de la COP15

L'aphone et la flore. Alors que le mode de vie et les pratiques ancestrales des peuples autochtones en font les meilleurs garants de la biodiversité mondiale, leur voix pèse encore très peu dans les négociations internationales.

« Les autochtones sont les meilleurs gestionnaires de la biodiversité », s’époumone auprès de Vert Ben Sherman, membre de la nation Oglagla Lakota installée dans le Dakota du Sud (États-Unis). À la COP15, les représentant·es des peuples autochtones ont été accrédité·es en nombre, et le projet d’accord pour instaurer un cadre mondial sur la biodiversité post-2020 reconnaît leur rôle dans la préservation du vivant. Ils possèdent, habitent ou utilisent environ 20% des terres mondiales ; ces dernières abritent 80% de la biodiversité restante du globe. Un héritage direct de leurs méthodes de conservation.

« Dans ma communauté, nous voyons la forêt comme un être vivant, de la même manière que la montagne, la rivière, les arbres ; chaque élément a un esprit », développe Helena Gualinga, qui vient du territoire amazonien de Sarayaku (Equateur). Donner à cette « valeur » spécifique de la nature plus de poids dans les décisions économiques et politiques permettrait de lutter efficacement contre l’effondrement du vivant, a récemment démontré l’IPBES - l’équivalent du Giec pour la biodiversité (Vert).

Deux représentant·es de la nation autochtone Tla A’min, dont les terres sont situées au sud-ouest du Canada © UN Biodiversity

Malheureusement, si ce rôle de premier plan dans la conservation de la biodiversité est reconnu à la COP15, il ne donne pas droit à une voix prépondérante dans les négociations : les peuples autochtones « doivent parler de leur vie, de leur rapport au monde dans le cadre de visions occidentales, abonde Nadia Belaïdi, chercheuse au CNRS en éco-anthropologie. Par exemple, on parle de “gardiens de la nature” comme s’ils étaient en surplomb, ce qui n’est pas du tout leur vision. En somme, on leur dit : “pour vous reconnaître, il faut que vous rentriez dans nos cases”. Ça manque beaucoup d’altérité ».

L'article complet est à lire sur vert.eco

· Vendredi dernier, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a actualisé sa fameuse « liste rouge » des espèces menacées. Cette mise à jour a révélé la disparition accélérée de plusieurs espèces marines, comme les coraux et les dugongs - un mammifère marin. Au total, 28% des espèces d’animaux, végétaux ou champignons répertoriées sont menacées d’extinction, à plus ou moins long terme. - Vert

· Lundi soir, la Commission, les États membres et le Parlement européen se sont accordés sur la mise en place d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF). Cette « taxe carbone aux frontières » inédite oblige les importateurs des secteurs jugés les plus polluants (acier, aluminium, ciment, engrais, électricité, hydrogène) à respecter les standards environnementaux européens, en achetant un « certificat d’émissions ». - Le Monde

· Mardi, plusieurs grandes entreprises étaient invitées à la COP15 biodiversité à Montréal (Canada) pour explorer comment elles pouvaient répondre à l’effondrement du vivant. Parmi les intervenant·es, une cadre de TotalEnergies a vanté le bilan de la compagnie pétrolière en matière de biodiversité. - Vert

· Mardi encore, un laboratoire nord-américain a annoncé une avancée majeure dans le domaine de la fusion nucléaire, en produisant davantage d’énergie que celle utilisée pour provoquer la réaction. Sans émissions de CO2, sans risque d'accident et avec peu de déchets radioactifs, la fusion serait, selon ses défenseurs·ses, l'énergie du futur. L’expérience est encore loin d'être rentable et ne devrait pas atteindre l’échelle industrielle avant plusieurs décennies. - Libération

· Jeudi, le « bonus réparation », issu de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire de 2020, est entré en vigueur. Ce dispositif permet aux consommateur·rices d’obtenir une remise (de 10 à 45 euros) sur le dépannage d’appareils électriques et électroniques auprès de réparateur·rices labéllisé·es « QualiRépar ». L’association Zero waste craint que le faible nombre de détenteur·rices du label ne limite la portée de ce bonus. - Ouest-France

Cliquez sur le dessin pour l'afficher en grand. © Sanaga pour Vert

Choqué est Béchu. Notre ministre de l’écologie n’a pas du tout goûté les destructions commises par des militant·es écologistes sur le site du cimentier Lafarge près de Marseille le week-end dernier. Son histoire a inspiré ce conte de Noël à Sanaga.

· Sans gène. Le juste partage des bénéfices issus de l’utilisation des ressources génétiques est au cœur des négociations de la 15ème conférence des Nations unies (COP15) sur la biodiversité. Derrière l’aspect technique de ce dossier se cache d’intenses jeux de pouvoir entre les pays du Sud et du Nord. Décryptage à lire sur vert.eco

· C’est dans l’air(e). Les négociateur·rices de la COP15 sur la biodiversité espèrent se mettre d’accord pour atteindre 30% de surfaces préservées à l’horizon 2030. Les aires protégées peuvent être des outils efficaces, à condition de respecter certains garde-fous. - Vert

· La positive attitude. À la COP15 sur la biodiversité, un terme anglais fait florès : « nature positive ». Ce dernier désigne une situation où les destructions d’écosystèmes seraient compensées par d’autres mesures de préservation ou de restauration du vivant, permettant un « excédent » de biodiversité. Décryptage d’un concept flou et qui laisse craindre des tentatives de greenwashing, à lire sur vert.eco

· Loups et blessures. D’année en année, on trouve de plus en plus d’animaux blessés en France, sans toujours savoir comment réagir. Petit guide des bonnes pratiques pour ne pas aggraver la situation. - Vert

· Un cadavre dans le placard. Un rapport, publié ce mercredi par la fondation Changing Markets (CMF) et l’ONG française No Plastic in my Sea, pointe une nouvelle fois le fait que notre garde-robe est remplie de pétrole et de micro-plastiques. - Vert

©️ Avaaz

Droit au but. Mardi, l’ONG Avaaz s’est offerte une page de publicité dans le Figaro et Libération pour interpeller le président Emmanuel Macron, qui a choisi de se rendre à la Coupe du monde de football au Qatar et non à la COP15 biodiversité au Canada. Si aucun·e dirigeant·e n’a fait le déplacement - la Chine, qui préside la conférence, n’ayant officiellement invité que les ministres chargé·es du sujet - Oscar Soria, représentant d’Avaaz, explique avoir ciblé en particulier le président français parce que « l’Élysée bloque les compromis et empêche à elle seule l'Union européenne d’obtenir un accord avec les pays en développement ». Pour rappeler le chef d’État à ses responsabilités, l’association résume « Les Bleus n'ont pas besoin de vous, la planète si ».

· Une photo-synthèse. Plus de 20 000 images étaient en lice pour le prix du « Nature photographer of the year », organisé par une fondation néerlandaise, et c’est le regard d’un Russe sur deux ours polaires qui a raflé la mise cette année. Pour voyager autour du globe dans les yeux des photographes naturalistes, retrouvez notre sélection sur vert.eco

· Blablacash. Une prime de cent euros sera allouée aux néo-covoitureur·ses en 2023a annoncé le gouvernement mardi dans le cadre d’un nouveau plan pour développer cette pratique. Le gouvernement vise trois millions de trajets mensuels dans quelques années, contre 900 000 actuellement. - Ouest-France (AFP)

Cliquez pour l'afficher en grand. © Vert

Le poids des maux. Les humains ont tellement fabriqué d’objets, bâti d’immeubles ou de routes, que leurs constructions pèsent plus lourd que le poids total du vivant. Ce dépassement se serait produit en 2020, avait révélé une étude parue cette année-là dans Nature. La trajectoire est spectaculaire, puisque ce poids double tous les 20 ans. En moyenne, pour chaque personne sur le globe, une « masse anthropique » équivalente à son poids est produite chaque semaine.

Les meilleurs livres écolos à mettre sous le sapin en 2022

Des livres et nous. Romans, essais, bédés, manuels et autres beaux albums ; 2022 nous a offert son lot de bons bouquins en tout genre sur l’écologie, comme en témoigne la trentaine de chroniques publiées cette année dans Vert. Voici un florilège d’ouvrages tout juste parus à (vous) offrir, à lire sur vert.eco

Dans Avatar 2, le vivant décroche le premier rôle

Avatar que jamais. Si vous n’arrivez pas à vous figurer ce qui est en jeu dans les négociations de la COP15 sur la biodiversité, le second volet d’Avatar - en salle depuis mercredi - propose une séance de rattrapage. « Le film contribue à conscientiser la population sur les dégâts écologiques […] avec un renversement par rapport à la science-fiction classique, où l’humanité ne se fait pas envahir par des extra-terrestres, mais devient l’agresseur », explique à Vert Yannick Rumpala, directeur de l’Équipe de recherche sur les mutations de l’Europe et de ses sociétés (ERMES). En abordant le thème de l’exil et de l’extraction des ressources dans ce second opus, le réalisateur canadien James Cameron nous plonge cette fois-ci à la découverte des richesses du monde marin. Des énormes baleines aux petites méduse-anémones, l’ensemble du vivant y habite en cohésion avec les peuples autochtones de la planète Pandora… jusqu’à ce que les humains - quelle surprise ! - ne viennent briser cette harmonie.

Avatar 2 : la voie de l’eau, James Cameron, 2022, en salles depuis mercredi.

© 20th Century studios

+ Aurélie Delmas, Loup Espargilière, Alban Leduc, Juliette Quef et Sanaga ont contribué à ce numéro