Place de cliché. Le palmarès du concours annuel Nature photographer of the year a été annoncé mardi, récompensant le Russe Dmitry Kokh et sa « Maison des ours ». Pas moins de 20 952 images, venues de 96 pays, étaient en lice pour la septième édition de cet événement, selon l’organisation néerlandaise Nature talks qui met sur pied le concours. La rédaction de Vert vous dévoile ses photos préférées, mais vous pouvez retrouver toutes les images de la sélection finale ici.
La photo lauréate : « La Maison des ours »
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Un mur jaune défraichi dans la brume. Sur le perron et à la fenêtre, deux ours polaires sont installés comme chez eux dans une maison délabrée de l’Arctique. Des décennies après le départ des habitant·es, ces grands mammifères et leurs congénères ont pris leurs aises dans les bâtiments délaissés de l’île de Kolyuchin.
Prise avec un drone équipé d’hélices silencieuses en septembre 2021, la photo est tirée d’une série qui avait déjà attiré l’attention des médias et du public. Elle vaut au russe Dmitry Kokh le titre de « Photographe de la nature » de l’année… et un prix de 3000 euros. Plutôt spécialiste des gros animaux marins, le gagnant décrit cette série d’images comme « des instantanés d’une prémonition reflétant ce qui pourrait se passer dans un avenir pas si lointain. Le monde tel que nous le connaissons est très fragile, et l’état actuel du monde – des conflits politiques et des tensions nucléaires à la crise climatique – signifie que la fin pourrait très bien être proche ».
Dans la catégorie Oiseaux
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C’est à un journaliste norvégien attentif à la vie des mouettes urbaines que revient le prix dans la catégorie Oiseaux. À contrejour, derrière une fenêtre, on devine la silhouette d’un oisillon qui reçoit la becquée, au soleil de minuit. C’est l’un des clichés qu’a préféré la photographe française spécialiste du monde sauvage Myriam Dupouy, membre du jury : « La lumière attire l’attention sur des moments simples, mais tendres. Nous voyons ici un œil de photographe puissant. Et en même temps, un regard merveilleusement furtif sur un moment intime ».
Dans la catégorie Paysages
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Prise grâce à un drone, cette image intrigante par ses formes et ses textures a été capturée au-dessus d’un lac du nord est de la Hongrie. La photographe Helga Urbán explique avoir exploré les « lacs de mine » de sa région pour trouver le lac de Sajószöged. « Après l’activité minière, les puits abandonnés se sont remplis d’eau, formant des lacs. Ceux-ci sont petits et très profonds. J’ai vérifié presque tous les lacs à la recherche de textures intéressantes et j’ai vu de nombreux miracles », raconte-t-elle.
Dans la catégorie Mammifères
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Une panthère des neiges, animal rare et menacé, évolue tranquillement devant un paysage grandiose, la chaîne de montagnes du Ladakh, en Inde. Elle a été immortalisée à l’aide d’un piège photographique dont la pose, en altitude, a représenté un véritable défi.
Dans la catégorie Photos sous-marines
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Nul besoin de descendre vingt mille lieues sous les mers pour trouver de la magie. Dans cette prise de vue, le photographe italien Marco Gaiotti, un des cinq membres du jury, voit une « image fractionnée [qui] combine deux ambiances différentes, se déroulant en même temps au-dessus et au-dessous de l’eau. Un paysage sombre et orageux au-dessus de l’eau contraste avec la vie apparemment calme et immobile sous la surface, représentant des crapauds qui pondent des œufs. Les gouttes de pluie qui touchent la surface de l’eau sont le point de contact entre ces deux mondes différents. »
Mais aussi celles qui n’ont pas gagné…
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Cette image, en lice dans la catégorie Oiseaux, est une scène de chasse inattendue prise près d’Aurangabad, en Inde. Elle n’a pas gagné le prix. Pour le contexte, il faut s’en référer au photographe : « Après l’hiver, la plupart des agriculteurs brûlent leurs déchets de récolte et, à cause du feu, les insectes volent pour sauver leur vie et les drongos noirs profitent de cette situation ».
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Malicieusement intitulée Yin and yang, cette photographie aérienne représente le lac Cuejdel en Roumanie, lorsqu’il est gelé. « La neige fraîche et les fissures de la glace ont créé ces formes qui ressemblent à des neurones ou simplement à des cellules », explique l’auteur, qui mène un projet au long cours baptisé Ice anatomy.
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Avec cette image, le photographe néerlandais nous dévoile le monde secret et invisible du plancton microscopique vivant. Ici, une puce d’eau douce porte des embryons en développement. « Ces organismes d’une beauté stupéfiante, très divers et nombreux, sont inconnus de la plupart d’entre nous, car ils sont invisibles à l’œil nu. Pourtant, ils se promènent sous la surface de toutes les eaux qui nous entourent », s’amuse Jan van Ijken.
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Le photographe suisse immortalise là des mines de sel de Namibie. Les flamants roses qui s’envolent sont venus trouver de la nourriture comme des écrevisses, des mollusques et des insectes ou des algues.
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Le spectacle n’est pas toujours au bout du monde puisque cette photo a été prise à Guadalajara, en Espagne, tout à côté de chez David Jerez Drager. Cachée dans le trou laissé par une graine de tournesol tombée, une petite araignée est à l’affut. Le photographe a intitulé cette image « Confinement au septième gauche », car il y voit un clin d’œil à cette période où le monde a vécu avec « pour seule connexion au monde extérieur, une minuscule fenêtre ».