L'hebdo

L’appel du 19 juin

Chères toutes et chers tous...

C'est la dernière ligne droite, dimanche, pour désigner nos représentant·es à l'Assemblée nationale. Alors que cette mandature va être décisive pour le climat, il est crucial de pousser des député·es ambitieux·ses sur le sujet. Pour (re)découvrir tous nos articles sur les élections, c'est par ici !


Dimanche est notre dernière chance de faire entrer le climat à l’Assemblée; alors n’oublions pas d’aller voter


Et si les médias arrêtaient les images de plage et de crèmes glacées pour illustrer les vagues de chaleur  ?

Assez sué. Une étude menée dans quatre pays européens montre que la façon dont les médias illustrent les fortes chaleurs et les épisodes caniculaires a tendance à minimiser la crise climatique ou à la déréaliser.

Quels sont les points communs entre cet articlecelui-ci, ou celui-là (voir ci-dessous) ? Réponse : ils parlent tous des températures caniculaires, illustrés avec des badaud·es profitant de la plage, d’un moment de baignade ou d’une bonne glace prise en terrasse.

Montage des illustrations choisies pour représenter la vague de chaleur qui s’apprête à déferler sur l’Europe de l’Ouest cette semaine © Vert

Hélas, ces représentations sont inappropriées, explique la géographe britannique Saffron O’Neill, s’appuyant sur les résultats d’une pré-publication scientifique (en attente de validation de ses pairs) qu’elle a coordonnée au sujet de la représentation des risques liés aux canicules dans la presse européenne. Premier postulat : les médias ont un rôle essentiel dans la communication des risques caniculaires et dans le déploiement de stratégies d’adaptation climatique efficaces.

Les scientifiques ont examiné la couverture médiatique visuelle des canicules de 2019 en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Leurs observations montrent que tous les pays, et plus particulièrement le Royaume-Uni et les Pays-Bas, représentent les vagues de chaleur comme un « plaisir estival », avec des activités de loisirs en extérieur et/ou à proximité de l'eau. Problème : ces « clichés de vacances » sont « éloignés des réalités quotidiennes inconfortables qui se manifestent à la maison, au travail, pour les voyages, etc. » et créent des dissonances avec le contenu des articles associés.

« La vague de chaleur de 12 jours commence maintenant ! » La Une caricaturale du tabloïd anglais Daily star © Saffron O’Neill et al.

Idem pour une autre catégorie de visuels associés à « l’idée de chaleur ». Plus fréquents dans les reportages allemands et français, ils ont recours à des images de rayons de soleil d'un blanc éclatant, des cartes de chaleur rouge intense et des lectures élevées sur les thermomètres. « Si le danger est ainsi implicitement représenté, cela renforce l’idée que le changement climatique peut être un problème abstrait et distant », détaille l’article.

Pour remédier à ce défaut de traitement, les chercheur·ses suggèrent de favoriser l’imagerie des solutions climatiques. 

Pour savoir quel type d’images privilégier, lire la suite un décryptage à lire sur vert.eco

· Dimanche, le géant TotalEnergies a signé un accord avec le Qatar pour participer au financement du projet North field east (NFE), le futur plus grand champ gazier au monde. Ce gisement offshore de gaz naturel, situé à cheval entre les eaux de l’émirat qatari et de l’Iran représente environ 10 % des réserves planétaires connues. Cette exploitation augmentera de 60 % la production de gaz du Qatar, alors que l’émirat en est déjà un des plus gros producteurs, et constituera la plus grosse « bombe climatique » du monde, selon une récente enquête du Guardian. - Vert

· Mardi, les commissions des Affaires économiques et de l’Environnement du Parlement européen se sont opposées à l’inclusion du gaz et du nucléaire dans la « taxonomie verte » - vaste mécanisme, actuellement en discussion, destiné à orienter les investissements vers la transition écologique. L’intégration de ces deux énergies avait été proposée par la Commission européenne en février dernier pour « accélérer la transition » (notre article). Ce vote devra toutefois être confirmé par l’ensemble des eurodéputé·es, qui se réuniront en session plénière début juillet. - Vert

· Mardi encore, le quotidien britannique The Guardian a déterré des archives américaines un memorandum adressé au président Jimmy Carter en juillet 1977, qui détaille avec une clairvoyance troublante les causes et les conséquences du changement climatique. Le document, qui porte le tampon « le président a vu », décrit avec précision des événements qui ne sont que trop d’actualité aujourd’hui : l’accélération des épisodes extrêmes de pluie, de vent ou de chaleur, ou encore le lien entre l’urgence de la situation et notre incapacité à nous passer des énergies fossiles. - Vert

· Jeudi, les pourparlers en vue de la prochaine conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP27) se sont achevés à Bonn (Allemagne). Les pays pauvres se disent déçus par « un dialogue riche, mais sans débouchés concrets » et « par le manque de progrès », en particulier sur la question des financements et sur la prise en compte des « pertes et dommages » endurés par ces nations, qui sont pourtant les moins responsables du changement climatique. - AFP

· Vendredi, quatorze départements, principalement sur la façade atlantique du pays, étaient placés en alerte rouge canicule. Ce niveau de vigilance, le plus élevé du plan national canicule, correspond à un événement météorologique exceptionnel et à une alerte sanitaire qui justifie une « mobilisation maximale ». Plusieurs événements publics ont été annulés et les élèves des écoles et collèges ont pu rester chez eux. C’est la quatrième fois que l’alerte rouge est mise en place depuis sa création, en 2003, et elle n’avait jamais été déclarée aussi tôt dans l’année. - Ouest-France

N’hésitez pas à cliquer pour enregistrer cette infographie et la partager autour de vous © Anna Sardin / Vert

Chaud devant ! Ce n’est pas qu’une impression : les épisodes de chaleurs extrêmes sont de plus en plus fréquents et intenses. La hausse des températures moyennes a déjà atteint 1,1 °C par rapport à l’ère pré-industrielle, entraînant des pics de chaleurs extrêmes 4,8 fois plus nombreux et plus chauds - de 1,2 °C en moyenne. Le consensus scientifique est clair : chaque dixième de degré de réchauffement supplémentaire aura des impacts de plus en plus graves. À +4 °C de réchauffement, un événement qui se produisait une fois tous les 50 ans au 19ème siècle reviendra presque quatre années sur cinq, et ces épisodes de chaleur extrême seront plus chauds de 5,3 °C en moyenne.

· Chasse discute. Mardi, le président de la fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, a estimé sur RMC que la coïncidence entre la vague de chaleur et la campagne législative d’entre-deux tours était du « foutage de gueule », une « vraie manip’ ». « Il va faire beau pendant trois jours. Bizarre : on est entre le premier et le deuxième tour. On nous explique du matin jusqu’au soir depuis deux jours : “attention, l’écologie, machin”. Dites-le carrément, au niveau de la météo : “Votez la Nupes” », s’est-il insurgé devant des invités médusés. Et la manœuvre s’étendrait à l’international, avec, s’agace-t-il, des « rapports du Giec qui sortent tous les trois jours, quand on est dans les élections, ça commence à bien faire ». Promis, Vert n’a rien changé aux citations.

· La clim attise. À chaque nouvel épisode de chaleur extrême, la tentation est grande de se ruer sur les stocks de climatiseurs pour trouver un peu de fraîcheur. Mais ceux-ci aggravent encore un peu plus de bouleversement du climat. Pendant que la climatisation améliore le confort de ceux qui l'utilisent, l’air chaud qu’elle rejette vers l’extérieur amplifie l’effet « îlot de chaleur », et peut faire grimper la température des villes de 1 °C en moyenne, selon une étude américaine. En parallèle, elle représente aussi une grande source de consommation d’électricité à l’échelle mondiale. Autant de raisons qui font de la climatisation l’une des pires solutions d’adaptation à la crise climatique. Notre analyse sur vert.eco

© Sanaga / Vert 

« Si l’on veut éviter d’être hors-sol, il faut s’empaysanner massivement et à toutes les échelles possibles. »

Du pain et d’Uber. Geneviève Pruvost est sociologue du travail et du genre à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Elle a notamment publié Quotidien politique aux éditions La découverte en 2021, fruit d'une enquête de dix ans dans des lieux d'expérimentation de l'écologie pratique et de l'étude des théories du courant écoféministe allemand de la subsistance. Auprès de Vert, la chercheuse défend la prise en charge par chacun·e d’une partie des tâches du quotidien, aujourd'hui « déléguées aux machines et aux pauvres », pour faire advenir une société écologique, respectueuse du vivant. Un entretien à lire sur vert.eco

· Vous n’avez pas (encore) les bases. Mardi, le collectif militant Pour un réveil écologique et des expert·es sur les enjeux du climat et du vivant ont annoncé l’organisation d’une formation des député·es fraîchement élu·es à l’Assemblée Nationale. Dès la semaine prochaine, plus de 35 scientifiques seront « à disposition » des représentant·es de la nation durant trois jours pour « leur transmettre le consensus scientifique justifiant l’urgence à agir dans tous les secteurs ». Avec un objectif : « guider et irriguer l’ensemble des décisions des député·es lors de leur mandat », espèrent les organisations. - L’info durable (AFP)

· En roue libre. Depuis plusieurs mois, des pays voisins de l’hexagone expérimentent des formules d’abonnement extrêmement avantageuses destinées à booster l’usage des transports en commun et ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dernière en date, l’Allemagne a lancé un forfait unique et illimité à neuf euros par mois à partir du premier juin et jusqu'à la fin du mois d'août. Pourrait-on faire de même en France et de quelle manière ? Vert s’est penché sur la question dans un décryptage à lire ici.

Les écoliers décernent leur prix du livre jeunesse écolo 2022

Forêt vert. Vendredi 17 juin, les jeunes lecteur·ices du Festival du livre et de la presse d’écologie (Félipé) ont récompensé Chez nous, de Jin Joo et Jin Kyung, et S.O.S forêt en détresse de Marie Colot et Annabelle Gormand. Une chronique croisée de ces deux ouvrages à lire sur vert.eco

Où sont passés nos oiseaux ?

Du plomb dans l’aile. Des parois de verre des quartiers d’affaires aux centres des villes de plus en plus bruyants ou inadaptés aux nichées, les hypothèses sont nombreuses pour expliquer la disparition des oiseaux, sujet du dernier numéro de la série documentaire Sur le front. Dans les campagnes, le changement climatique, la chasse, l’effet des pesticides sur les insectes ou la destruction des habitats font partie des multiples causes avancées par les interlocuteur·ices d’Hugo Clément. Fort heureusement, il est possible d’enrayer cette extinction, pour peu que les bonnes décisions soient prises.

© Sur le front

+ Aurélie Delmas, Loup Espargilière, Anne-Sophie Novel, Anne-Claire Poirier, Juliette Quef et Anna Sardin ont contribué à ce numéro