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Le gaz et le nucléaire pourraient rester bloqués à la porte de la « taxonomie verte » européenne

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Greenwashing dégazé. Au Parlement européen, deux commissions se sont opposées, ce mardi, à l’inclusion du gaz et du nucléaire dans la « taxonomie verte » – vaste mécanisme, actuellement en discussion, destiné à orienter les investissements vers la transition écologique.

Pour les 76 élu·es des commissions parlementaires Affaires économiques et Environnement qui ont voté en faveur de cette objection (62 étaient contre et quatre se sont abstenu·es), le nucléaire et le gaz ne peuvent pas être considérés comme des énergies « vertes », ni bénéficier d’un label qui leur permettrait de recevoir des financements européens fléchés vers la transition écologique. Car c’est tout l’enjeu de la taxonomie : « prévenir le greenwashing » et guider l’argent vers des activités qui contribuent à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. « Nous avons besoin d’investissements massifs dans l’expansion des énergies renouvelables, pas dans les énergies du passé », a commenté auprès de Reuters l’eurodéputé Vert néerlandais Bas Eikhout.

Or, si le gaz naturel fossile est en grande partie fourni par la Russie, en plus d’être une source importante d’émissions de gaz à effet de serre, l’énergie nucléaire génère des déchets radioactifs pour lesquels aucune solution de long terme n’est connue. Aux yeux de la Commission européenne, qui avait présenté le texte en début d’année (Vert), l’inclusion de ces deux sources d’énergie doit respecter certaines conditions et être limitée dans le temps. Elle s’expliquerait par la nécessité « d’accélérer la transition, en utilisant toutes les solutions qui peuvent nous aider à atteindre nos objectifs climatiques ». L’institution considère que gaz et nucléaire « permettent de délaisser plus rapidement des activités plus polluantes, telles que les centrales à charbon ».

Les eurodéputé·es (dont Yannick Jadot au premier plan) ont laissé exploser leur joie à l’annonce des résultats du vote. © Twitter

Si le symbole est fort, le projet n’est pas enterré par le scrutin de mardi. Un vote par l’ensemble des eurodéputé·es aura lieu entre le 4 et le 7 juillet. Si la majorité absolue – 353 voix – s’exprime contre ou si des États représentant 65 % de la population la rejettent, la proposition devra être retirée ou modifiée. Plusieurs pays tels que l’Allemagne, l’Espagne ou la Suède s’opposent à l’inclusion du nucléaire voulue par la France. L’Allemagne et la Pologne, de leur côté, poussent pour l’intégration du gaz.

En attendant, les élu·es écologistes et insoumis·es, notamment, n’ont pas hésité à célébrer publiquement cette première victoire. De même que les ONG de défense de l’environnement. Pauline Boyer, chargée de campagne énergie pour Greenpeace France, estime que le vote de mardi « signe une nouvelle défaite pour les lobbyistes des industries gazières et nucléaires russes, mais aussi pour Emmanuel Macron qui a été l’un des fers de lance du lobbying en faveur de l’inclusion du gaz fossile et du nucléaire dans la taxonomie, au mépris de l’urgence climatique et de la transition énergétique ».


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