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Que faire des déchets nucléaires ?

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L’Eu­rope n’a pas de solu­tion de stock­age de ses rebuts les plus radioac­t­ifs : c’est l’un des nom­breux enseigne­ments du Rap­port mon­di­al sur les déchets nucléaires.

Ce vaste état des lieux plané­taire a été pub­lié une pre­mière fois fin 2019, mais sa ver­sion française actu­al­isée est parue ce mer­cre­di. Rédigé par une dizaine d’expert•es internationaux•ales, en parte­nar­i­at avec plusieurs organ­i­sa­tions écol­o­gistes, dont la Fon­da­tion Hein­rich Böll ou le groupe des Verts au Par­lement européen, le doc­u­ment pro­pose un riche tour d’hori­zon de la ques­tion. 

Pre­mier con­stat : il n’ex­iste nulle part en Europe de site de stock­age dédié aux déchets dits de « haute activ­ité ». Faibles en vol­ume (3 % du total mon­di­al), ces derniers con­cen­trent l’essen­tiel de la radioac­tiv­ité (97 %). 

Seule la Fin­lande con­stru­it actuelle­ment un site de stock­age géologique pro­fond, qui pour­rait entr­er en activ­ité d’i­ci cinq ans. La France prévoit une instal­la­tion sim­i­laire sur le site de Bure (Meuse) : c’est le pro­jet Cigéo, auquel s’op­posent des militant•es écol­o­gistes depuis de longues années.

La cen­trale nucléaire de Fes­sen­heim a été fer­mée en juil­let 2020. De grandes incer­ti­tudes pèsent sur son futur déman­tèle­ment (Vert). 

Fin 2018, l’Eu­rope comp­tait 142 réac­teurs nucléaires en ser­vice (Russie et Slo­vaquie mis­es à part). Sur toute sa durée de vie, le parc européen pour­rait pro­duire 6,6 mil­lions de mètres cube de déchets nucléaires, d’après le rap­port qui pré­cise : « Tous entassés au même endroit, ils rem­pli­raient un ter­rain de foot de 919 mètres de hau­teur, dépas­sant de 90 mètres l’immeuble le plus haut du monde, le Burj Khal­i­fa à Dubaï.» Pays le plus nucléarisé, la France compte pour un tiers (30 %) de ces déchets. 

Autre enseigne­ment, plus inquié­tant : les États ne parvi­en­nent pas à établir d’estimations cor­recte­cos des coûts de déman­tèle­ment, d’entreposage et de stock­age des déchets nucléaires et « nom­bre d’entre eux basent leurs esti­ma­tions de coûts sur des taux d’actualisation exagéré­ment opti­mistes et des don­nées obsolètes, ce qui entraîne d’importants déficits de finance­ment des dépens­es liées à la ges­tion des déchets ». En mars dernier, la Cour des comptes avait déjà alerté sur le cal­cul beau­coup trop opti­miste du déman­tèle­ment du parc nucléaire français (Le Monde). 

La boucle est bouclée : la loi Asap (voir plus haut) prévoit de sup­primer la com­mis­sion chargée d’é­val­uer les coûts du déman­tèle­ment du nucléaire.