La quotidienne

Langue d’abois

Chères toutes et chers tous,

⛏️ Vous avez été nombreuses et nombreux à lire l’article qui décrypte la place des minerais précieux dans les négociations entre l’Ukraine et les États-Unis. Pour découvrir (ou redécouvrir) le contenu le plus lu de la semaine dernière, cliquez ici.


Lorsqu’il s’attaque au sens des mots, Donald Trump se dépasse, pour mieux imposer ses idées crasses.


«Dictateur», «liberté d’expression», mots interdits… Comment Trump atomise le langage pour détruire le réel et la démocratie

Ire réelle. Donald Trump a toujours eu un rapport pour le moins problématique avec les mots et leur sens originel. Depuis son retour à la Maison-Blanche, celui qui jette ses «fake news» et autres «faits alternatifs» à la face de ses adversaires, a entrepris une destruction de plus en plus méthodique du langage et des réalités qu’il décrit. Florilège et analyse de cette fascisation de la langue.
 

Zelensky est un «dictateur», Trump est «pour la paix»

Si beaucoup d’observateur·ices y voient une capitulation, pour Donald Trump, couper l’aide à l’Ukraine, qui tente de résister à l’invasion russe, ce serait être du côté de la «paix». Il a expliqué, sans trembler, que l’Ukraine était responsable du déclenchement de la guerre.

Il a aussi qualifié Volodymyr Zelensky, président ukrainien démocratiquement élu, de «dictateur». Lorsque le journaliste Hugo Travers (Hugo Décrypte) lui a demandé si ce qualificatif valait aussi pour Vladimir Poutine, Trump s’y est refusé : «Je n'emploie pas ces mots à la légère», a-t-il osé.

«La guerre, c’est la paix» : maintes fois rebattue depuis la parution de 1984 (en 1949), la célèbre formule du roman de Georges Orwell s’est rarement aussi bien appliquée.

Volodymyr Zelensky et Donald Trump, à la Maison-Blanche, le 28 février 2025. © Capture d'écran CNN


«Golfe d’Amérique», «Fort Bragg», «Mont McKinley» : Trump réécrit l’Histoire

Cette histoire a fait le tour du monde : Trump a décidé tout seul de transformer le golfe du Mexique en «golfe d’Amérique» au mépris de ses alliés et de l’Histoire. Signe de la bascule idéologique du monde de la tech américaine, Google s’est exécuté sans broncher.

Mais ce n’est pas tout ! Trump a aussi rebaptisé la base militaire de Fort Liberty en «Fort Bragg», du nom d’un général confédéré esclavagiste. Idem pour le mont Denali, nommé ainsi par des peuples amérindiens, qui s’appelle à nouveau «Mont McKinley», en hommage à un ancien président des États-Unis.

En changeant le nom de ces lieux, Donald Trump réécrit l’Histoire, invisibilise les peuples autochtones et glorifie un général qui détenait des esclaves.

👉 Cliquez ici pour lire la suite de ce décryptage de Loup Espargilière et l'analyse de la sémiologue Cécile Alduy.

· Samedi, TotalEnergies a annoncé l’abandon de son projet de centrale photovoltaïque Maya, en Guyane. Il devait contribuer à l’autonomie en électricité de ce territoire où le réseau demeure instable et alimenter environ 40 000 habitant·es. Alors que le groupe a engrangé un bénéfice de 15,8 milliards de dollars l’année dernière, il justifie ce renoncement par le manque de soutien des pouvoirs publics dans le développement de ces infrastructures. - Libération

· Au moins 16 personnes sont mortes et des dizaines d’autres sont toujours portées disparues à Bahia Blanca (Argentine) après le passage d’une tempête qui a entraîné d’importantes inondations, vendredi. L’équivalent d’une année de pluie est tombé sur cette ville portuaire située à 600 kilomètres au sud de Buenos Aires. Le maire chiffre les dégâts à près de 370 millions d’euros. Trois jours de deuil national ont été décrétés. - Ouest-France (AFP)

Inondations après le passage de la tempête qui a frappé la ville de Bahia Blanca, à 600 kilomètres au sud de Buenos Aires.© Pablo Presti/AFP

· Samedi encore, entre 3 700 et 8 000 personnes ont manifesté en faveur de la reprise du chantier de l’autoroute A69, près de Castres (Tarn). La mobilisation était initiée par une association de chefs d’entreprise locaux, neuf jours après que le tribunal administratif de Toulouse (Haute-Garonne) a annulé l'autorisation environnementale de ce projet. Munis de drapeaux floqués «A69, on finit !», les participant·es ont dit leur crainte de voir le nombre d’emplois baisser dans le sud du Tarn, secteur qu’elles et ils jugent enclavé - un argument qu'avait réfuté le tribunal administratif dans son jugement. - Le Monde

· Ce lundi matin, la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a dévoilé la version finalisée du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC). Hausse de financements, protection de la population, préservation du patrimoine : ce texte de 52 mesures est censé préparer la France à un réchauffement de +4 degrés d’ici à la fin du siècle, par rapport au 19ème siècle (notre article). Plus d’informations à venir dans la journée sur le site de Vert.

64 millions d’euros

Rembourse ou la vie. La taxe sur les PFAS, ces polluants ultra-persistants rejetés par certains industriels, devrait rapporter bien davantage que ce qui était prévu. Cette mesure est au cœur de la proposition de loi contre les PFAS, adoptée par l’Assemblée nationale fin février (notre article). Le Monde révèle que le produit de cette redevance s’élèverait à 64 millions d’euros rien que pour l’usine d’agrochimie BASF à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, au sud de Rouen (notre article). Les revenus de cette taxe étaient évalués à seulement 2,4 millions d’euros au niveau national au moment du vote. Mais, ces derniers mois, les campagnes de surveillance de l’eau par les autorités ont pris en compte la présence de TFA, le plus petit composé de la grande famille des PFAS, et montré que les entreprises comme BASF en déversaient de grandes quantités. De quoi faire bondir les montants dus. Toutefois, la redevance n’entrera en vigueur qu’après publication d’un décret gouvernemental qui listera les molécules visées. Le ministère de la transition écologique prévoit un lobbying intense des industriels pour que le TFA soit exclu de cette liste.

Méthode à la joie. Blanche Sabbah est autrice de bande dessinée, militante féministe et écologiste. Dans ses BD et sur son compte Instagram, elle déconstruit les mécanismes patriarcaux. En marge de la journée internationale pour les droits des femmes le 8 mars, elle explique à Vert pourquoi «les luttes pour les territoires et celles pour les corps sont complètement imbriquées». Elle raconte surtout comment la joie militante et la mise en commun des revendications permettent de lutter sur plusieurs fronts sans s’épuiser. Et liste les propositions du féminisme pour repenser des systèmes politiques ou écologiques plus viables : «Sortir de la compétition à tout prix, organiser la mise en commun des ressources, envisager une famille différente.»

👉 Humour, fiction et antifascisme, cliquez ici pour lire toutes les pistes proposées par Blanche Sabbah pour lutter pour les droits des femmes et l’environnement.

Une voie réservée au covoit’, des scientifiques à l’écoute des forêts… les bonnes nouvelles de la semaine

Coupe au vol. Face au succès des TGV, une compagnie aérienne espagnole arrête ses liaisons Madrid-Barcelone, des agriculteur·ices poursuivent en justice l’administration Trump… et trois autres raisons de garder le moral avec les bonnes nouvelles de Gaëtan Gabriele.

© Vert

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+ Rémy Calland, Margot Desmons, Gaëtan Gabriele, Mathilde Picard, Justine Prados et Antoine Poncet ont contribué à ce numéro.