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Feues forêts

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Les forêts françaises se meurent à petit feu tandis que les pays européens ne parviennent pas à mettre le glyphosate hors-jeu. 


La décision de réautorisation du glyphosate pour dix ans en Europe est renvoyée à novembre

Glypho se bouger. Réunis à Bruxelles ce vendredi pour se prononcer sur le projet de réautorisation du glyphosate proposé par la Commission européenne en septembre dernier, les 27 États de l’UE ne sont pas parvenus à se mettre d’accord.

Vendredi, aucune majorité qualifiée n’a pu se dégager lors de la consultation des États membres sur le projet de réautorisation jusqu’en décembre 2033 de l’herbicide commercialisé par Bayer, le géant allemand de l’agrochimie. Pour atteindre cette majorité, il fallait réunir les voix de 15 États représentant au moins 65% de la population de l’UE, qui comptait en 2022 un peu moins de 447 millions d’habitant·es.

Paris a pesé lourd dans ce résultat en décidant de s’abstenir. Second pays le plus peuplé de l’UE après l’Allemagne, qui s’est également abstenue – de même que la Belgique, les Pays-Bas, la Bulgarie et Malte –, la France a bloqué le vote sans pour autant tenir les promesses d’Emmanuel Macron de 2017 visant l’interdiction de cette substance classée comme «cancérogène probable» par l’Organisation mondiale de la santé deux ans plus tôt. Seul·es la Croatie, l’Autriche et le Luxembourg ont voté «contre» cette proposition de réautorisation.

Dans le cadre d'un rassemblement contre la réautorisation de l'herbicide qui a eu lieu à Rennes le 12 octobre, un homme tient une pancarte «Glyphosate ça suffit !». © Damien Meyer / AFP

Qu’espère obtenir la France en s’abstenant ? Que la Commission européenne revoie sa copie pour une réautorisation assortie de conditions plus précises. Pas plus. «Très clairement, la France n’est pas opposée à la molécule glyphosate en tant que telle, mais elle estime que nous devons restreindre les usages quand il existe des alternatives», a précisé le ministère de l’Agriculture à Libération après le vote. Le média en ligne Contexte avait révélé ce jeudi que le gouvernement proposait de limiter la réautorisation à 7 ans. Soit la même durée que les autres produits considérés comme les plus dangereux pour leurs effets et leur persistance dans l’environnement et dits «ouverts à la substitution».

«10 ans, 7 ans, 5 ans, cela ne change pas fondamentalement la donne», réagit François Veillerette, porte-parole de l’association Générations futures, interrogé par Vert. «Ce qu’il faut, c’est que Paris s’oppose à la réautorisation de ce produit sur la base des travaux produits par l’Inserm et qui en montrent bien la dangerosité.»

En septembre dernier, la Commission européenne avait proposé la réautorisation du glyphosate pour dix ans sur la base de l’évaluation scientifique de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), sujette à de très nombreuses critiques sur la manière d’élaborer son expertise (notre article).

· Mardi, Thomas Brail et deux autre opposant·es à l’autoroute A69 ont mis fin à la grève de la soif qu’ils avaient entamée la veille en plus de leur grève de la faim. Alors que Thomas Brail avait été hospitalisé dans la nuit, les préfectures du département du Tarn et de la région Occitanie avaient annoncé la suspension des abattages d’arbres pour la construction de l’A69 pendant trois jours et l’organisation d’une réunion avec les élu·es du territoire et les collectifs anti-A69 pour discuter de l’avenir du projet vendredi. - Vert

· Trois jours plus tard, les associations conviées à cet échange en sont ressorties une nouvelle fois frustrées, les préfets de la région Occitanie et du Tarn refusant toujours d'envisager un moratoire sur le projet. Les collectifs ont quitté la réunion et réaffirmé leur volonté de poursuivre la mobilisation contre l'A69, à commencer par le grand week-end de manifestation prévu les 21 et 22 octobre prochains le long du tracé de l'autoroute. - Vert

· Le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) a reconnu dans le dossier de Théo Grataloup un lien possible entre exposition prénatale à l’herbicide et malformations, du jamais-vu en France. Né en 2007 après avoir été exposé à un désherbant à base de glyphosate pendant la grossesse de sa mère, Théo Grataloup a dû une cinquantaine d’opérations chirurgicales pour survivre. En mars 2022, le FIVP a décidé de verser plus de 35 000 euros au jeune homme, vient de révéler sa mère. - Vert

· Mardi, l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) et le collectif Un jour un chasseur ont saisi le Tribunal administratif de Paris pour réclamer à l’État de mieux encadrer les activités de chasse. Les deux associations demandent la limitation des jours autorisés de chasse et une formation plus stricte des pratiquant·es. En 2022, la proportion de bavures à l’encontre des non-chasseurs est passée de 13% à 28%, avec 6 décès à déplorer, précise l’Aspas. - France 3 Occitanie

· Jeudi, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a dévoilé la carte de la situation hydrogéologique de la France au 1er octobre. La situation s’est dégradée entre août et septembre, avec 66% des niveaux des nappes phréatiques sous les normales mensuelles, particulièrement sur le pourtour méditerranéen, le couloir Rhône-Saône et le sud de l’Alsace. Autre source d’inquiétude, la recharge des nappes, qui intervient habituellement au début de l’automne avec le retour des précipitations, s’annonce tardive en raison de la chaleur et du manque de pluie des dernières semaines.

C’est très graph. Ce chiffre, tiré de la dernière édition de la vaste enquête «Fractures françaises», a de quoi interpeller : moins de 6 Français sur 10 (57%) sont au clair avec le consensus scientifique sur le changement climatique. C’est-à-dire que : 1) le climat s’est bien réchauffé et 2) c’est à cause des humains. Autrement dit, 43% de la population pense qu’il n’y a pas de réchauffement ; que celui-ci est dû à des causes naturelles ; ne sait pas, ou pense qu’on ne peut pas savoir. Pire : le nombre de personnes climatosceptiques à des degrés divers est en hausse de 4% par rapport à 2022. Le dernier rapport du GIEC (décrypté par Vert), qui fait la synthèse de l’ensemble des connaissances sur le climat, est pourtant limpide : le changement climatique est dû aux activités humaines et ce, «sans équivoque». Pour aller plus loin, lisez l’édito de Loup Espargilière sur le sujet.

· Bovin d’honneur. En visite au Salon européen de l’élevage à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) vendredi dernier, les ministres Bruno le Maire et Marc Fesneau ont annoncé une série de mesures pour soutenir le secteur de l’élevage en France. Ce «plan de reconquête de la souveraineté de l’élevage» inclut notamment une mesure de défiscalisation pour faire face à l’inflation, l’amélioration des revenus des éleveur·ses et la promotion des «apports de l’élevage» pour les territoires. - Vert

· Tout fioul camp. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) table toujours sur une croissance ininterrompue de la demande en or noir au cours des prochaines décennies, d’après un rapport paru lundi. L’organisation - qui rassemble 13 pays et 35% de la production mondiale d’or noir - n’entrevoit toujours pas de pic de la demande et table même une hausse de 16,5% d’ici 2045. Ses nouvelles prévisions, totalement incompatibles avec les impératifs climatiques, sont officialisées à quelques semaines de la COP28 sur le climat. Décryptage à lire sur vert.eco

· Ça les travaille. L’engagement environnemental des jeunes prend de plus en plus de place dans leur rapport au travail, révèle une étude réalisée par Harris interactive pour le collectif Pour un réveil écologique parue. 70% des jeunes de 18 à 30 ans se disent notamment prêt·es à renoncer à une offre d’emploi dans une entreprise qui ne prendrait pas suffisamment en compte les enjeux environnementaux, un chiffre en hausse (+5 points) par rapport à 2022. - Vert

80%

Feues forêts. La mortalité des forêts françaises a bondi de près de 80% en dix ans, a révélé l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) dans son état des lieux annuel publié jeudi. La dégradation des forêts est liée à la hausse des températures, la récurrence des sécheresses et la prolifération de bioagresseurs. Cette situation entraîne un problème majeur : les forêts sont essentielles à la lutte contre le changement climatique puisque ces «puits de carbone» emmagasinent une partie de nos rejets et réduisent la teneur en CO2 de l’atmosphère. Or, la capacité des puits de carbone naturels a diminué d’un tiers en une décennie, passant de 63 millions de tonnes de CO2 absorbé chaque année entre 2005 et 2013 à seulement 40 millions de tonnes annuelles entre 2013 et 2021. Plus d’informations à lire sur vert.eco

· Faites des sciences. La 32ème édition de la Fête de la science a débuté vendredi dernier en France métropolitaine et s’achèvera lundi. Au programme de cet événement national : dix jours d’activités en tout genre pour promouvoir les sujets scientifiques auprès du grand public. Quelque 5 000 évènements en tous genres sont organisés partout en France. - Vert

· Le moral dans les chauds secs. Climat qui dérape, agonie du vivant, millions de personnes durement touchées… Il y a de quoi avoir le bourdon. Camille Etienne, Lucie Lucas, Corinne Morel-Darleux et d’autres nous donnent leurs recettes pour retrouver de l’élan en cette heure cruciale pour notre avenir. À lire dans le Vert du faux de la semaine sur vert.eco

· À plus dans l’bus ! Lancée début septembre, la gratuité des bus dans la ville de Bourges (Cher) rencontre un franc succès. Sur les quatre lignes principales, la fréquentation a ainsi bondi de 63 % par rapport à la moyenne des années précédentes, une hausse qui atteint près de 90% sur une des lignes. En France, une quarantaine de territoires ont fait des choix similaires, selon l’Observatoire des villes du transport gratuit. - France bleu Berry

«L’Eau qui reste», une fiction intime dans le monde brûlant de 2050

Entre Nice et Paris, le premier roman de Marine Weber nous entraîne avec poésie sur les traces de Zita, jeune femme passionnée d’horlogerie qui cherche sa place dans un monde où tout s’apprête à basculer. Une chronique à lire sur vert.eco

L’école de la forêt

École buissonnière. Dans cet épisode des Pieds sur Terre, la journaliste Léa Minod fait le récit d’un groupe de parents qui tentent de développer une «école de la forêt» dans le Morvan : un établissement hors contrat où les leçons ont lieu dans les bois et où les enfants utilisent la nature comme support d’apprentissage. Un podcast qui pose la question de la mixité sociale dans ce type de projet, interroge le rapport des enfants au vivant et explore la disparition des écoles dans les petits villages.

© France Culture

+ Loup Espargilière, Jennifer Gallé, Anne-Claire Poirier, Juliette Quef et Sanaga ont contribué à ce numéro