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La mortalité des forêts françaises a bondi de 80% en dix ans

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Feues forêts. Les forêts français­es sont de plus en plus frag­ilisées par l’élévation des tem­péra­tures, aggra­vant en retour… le change­ment cli­ma­tique, révèle l’Institut nation­al de l’in­for­ma­tion géo­graphique et forestière (IGN).

Attaquées par les sécher­ess­es, les incendies et les mal­adies, les forêts français­es sont bien mal en point. Si elles s’étendent depuis plusieurs années, recou­vrant aujourd’hui 31% du ter­ri­toire nation­al (17,3 mil­lions d’hectares), elles sont aus­si de plus en plus vul­nérables. C’est le som­bre con­stat dressé par l’Institut nation­al de l’in­for­ma­tion géo­graphique et forestière (IGN) dans son inven­taire foresti­er nation­al de 2023, pub­lié jeu­di.

L’IGN relève une accéléra­tion mar­quée de la mor­tal­ité des arbres, qui a aug­men­té de «près de 80% en dix ans». De 7,4 mil­lions de mètres cube par an (Mm3/an) entre 2005 et 2013, cette mor­tal­ité est passée à 13,1 Mm³/an entre 2013 et 2021. Les peu­ple­ments d’arbres jugés «dépéris­sants» en France mét­ro­pol­i­taine recou­vrent 670 000 hectares, soit une sur­face «équiv­a­lente au cumul des sur­faces touchées par les incendies de ces 35 dernières années», pointe l’IGN. Le dépérisse­ment est iné­gal selon les régions, avec une sur­représen­ta­tion dans la plaine d’Alsace, la Cham­pagne crayeuse et la Beauce les Cévennes ou les Cor­bières.

Le dépérisse­ment des forêts est iné­gale­ment répan­du sur le ter­ri­toire mét­ro­pol­i­tain. © IGN

La dégra­da­tion de l’état de san­té des forêts est intime­ment cor­rélée aux change­ments cli­ma­tiques, «qui se man­i­fes­tent en par­ti­c­uli­er par des tem­péra­tures plus chaudes et des sécher­ess­es plus fréquentes que par le passé», souligne l’IGN. Des change­ments qui favorisent la pro­liféra­tion de bioa­gresseurs, dont les scolytes — des insectes qui rav­agent les arbres.

L’évolution des tem­péra­tures et des pré­cip­i­ta­tions affecte égale­ment la crois­sance des arbres, qui a ralen­ti de 4% entre 2005–2013 et 2013–2021. Par exem­ple, les essences les plus touchées par ces baiss­es de crois­sance sont les conifères — dont l’épicéa com­mun -, large­ment implan­tées dans des zones con­cernées par une hausse des tem­péra­tures et une baisse de la plu­viométrie plus mar­quées.

La frag­ili­sa­tion des forêts entraîne un prob­lème majeur : ces dernières sont essen­tielles à la lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique puisque ces «puits de car­bone» emma­gasi­nent une par­tie de nos rejets et réduisent la teneur en CO2 de l’atmosphère. Or, la capac­ité des puits de car­bone naturels a dimin­ué d’un tiers en une décen­nie, pas­sant de 63 mil­lions de tonnes de CO2 absorbé chaque année entre 2005 et 2013 à seule­ment 40 mil­lions de tonnes annuelles entre 2013 et 2021.

Une dynamique d’autant plus inquié­tante que la France compte en grande par­tie sur ces puits de car­bone pour attein­dre la neu­tral­ité car­bone à hori­zon 2050, soit l’équilibre entre le CO2 émis et celui que l’on est en mesure d’absorber.