Mardi après-midi, les préfectures du département du Tarn et de la région Occitanie ont annoncé la suspension des abattages d’arbres pour la construction de l’A69 jusqu’à vendredi. Les trois militants en grève de la faim et la soif, dont Thomas Brail, ont décidé d’y mettre un terme.
«On sort dès maintenant de la grève de la soif et c’est grâce à vous», s’est réjoui Reva Seifert, 35 ans, sous les applaudissements nourris des citoyen·nes réuni·es sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor, en plein cœur de Paris, ce mardi après-midi. Cet opposant au projet d’autoroute A69 entre Castres et Toulouse avait cessé de s’alimenter il y a 31 jours et de boire la veille, aux côtés de Thomas Brail (gréviste de la faim depuis 40 jours) et de Celik Sadik (30 jours).
Plus tôt dans la journée, la préfecture de la région Occitanie et celle du département du Tarn ont déclaré la suspension des travaux de défrichement sur le tracé de l’A69 jusqu’à vendredi. Ce jour-là, une nouvelle réunion doit avoir lieu avec le ministère des transports, les élu·es du territoire et les collectifs citoyens opposés au projet : le Groupement national de surveillance des arbres (GNSA) et La voie est libre. À l’issue de ces échanges, un vote devrait avoir lieu pour décider de la suite des opérations, d’après Reva. «Il se trouve que la majorité des élus locaux est contre ce projet, donc on espère que chacun saura porter fièrement ses convictions sur le sujet vendredi pour qu’on fasse tomber le projet définitivement», appelle-t-il de ses vœux.
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«Je suis rempli de toute l’énergie de chacun et chacune ici, et heureux de voir que le peuple peut faire changer les choses, et c’est ce qu’on a montré aujourd’hui», martèle Reva entre deux gorgées d’eau. «Waouh qu’est-ce que c’est bon, j’adore l’eau !», ajoute-t-il en riant.
Quelques minutes plus tard, le militant est rejoint par Thomas Brail. Ce dernier a été hospitalisé dans la nuit à la suite d’un malaise, et vient d’être libéré. «Je pense que c’est une victoire pour tout le monde aujourd’hui. Ils ne le savent pas encore, mais c’est une victoire pour l’État aussi, pour les citoyens, les associations…», assure le fondateur du GNSA, visiblement affaibli et très ému par les applaudissements qui l’accueillent.
Les opposant·es à l’A69 ne comptent pas relâcher la pression avant la réunion de vendredi, qui s’annonce critique quant à l’avenir du projet. Le GNSA réclame la présence de plusieurs scientifiques, ainsi que celle de l’intégralité des élu·es du Tarn et de la Haute-Garonne (et pas seulement celles et ceux concerné·es par le tracé de la future autoroute). Mais les modalités de cet échange ne sont pas encore entièrement définies. Les militant·es ne s’interdisent pas de recommencer la grève si la réunion de vendredi n’aboutit pas. «Si c’était à refaire, je le referais», assure Reva sans détour.
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