L'hebdo

Balais Bourbon

Chères toutes et chers tous...

Notre campagne de crowdfunding s'est achevée le week-end dernier, et voici le résultat :

Merci infiniment d'avoir fait de cette campagne une démonstration de force et un témoignage de votre souhait d'une meilleure information sur le climat, le vivant et la justice sociale. Ce succès est le vôtre On vous en dit encore un peu plus sur la suite ici.


Faisons le ménage à l'Assemblée pour que le climat puisse y entrer.


Comment la bataille pour le climat fait trembler le Parlement européen

Stupeur et Parlement. Réuni·es en session parlementaire à Strasbourg, les eurodéputé·es auraient dû voter mercredi plusieurs textes cruciaux du pacte vert européen. Mais l'influence des lobbies industriels et le jeu trouble de la droite et du centre ont mis l'hémicycle sens dessus dessous. Récit.

« Les votes pour le paquet climat européen commencent dans deux minutes ! Nous avons rendez vous avec l’histoire », tweetait mercredi 8 juin l'eurodéputé Pascal Canfin, chef du groupe Renew (dont font notamment partie les Français·es de Renaissance). Cet après-midi-là, les 750 député·es européen·nes devaient solder plusieurs semaines de discussions et adopter leur compromis final sur huit des 14 propositions législatives qui découlent du pacte vert porté par la Commission. Un green deal dont le but est d'atteindre une baisse de 55% des émissions de CO2 d'ici 2030 (Vert). Aussi passionnante que chaotique, la séance de vote est effectivement entrée dans l'histoire du Parlement européen. Mais à ce stade, il est encore impossible de dire s'il s'agit d'une bonne ou d'une mauvaise nouvelle tant les choses se sont déroulées de manière inattendue.

De cette après-midi mouvementée, on retiendra d'abord des avancées certaines, dont l'interdiction de la vente de voitures et camionnettes thermiques neuves à compter de 2035 (contre 2040 en France par exemple). Les eurodéputé·es ont également réussi à se mettre d’accord pour durcir l’assujettissement des compagnies aériennes au principe de pollueur-payeur via le marché européen des quotas carbone (ETS).

Les socialistes se concertent en catastrophe après la série d'amendements baissant l'ambition de la réforme du marché carbone.  ©  Twitter David Cormand

Mais c'est le vote sur la réforme du marché ETS qui a définitivement semé le chaos dans l'hémicycle, comme l’ont raconté en détail nos confrères de Contexte. Instauré en 2005, ce dispositif d'achat et de vente de « droits à polluer » demeure aujourd'hui largement inopérant en raison des nombreuses dérogations et quotas gratuits accordés aux industriels qui y sont soumis. Parmi les compromis dessinés en commission parlementaire, les eurodéputé·es s'étaient notamment mis·es d'accord pour mettre fin à ces quotas gratuits dès 2030. Mais lors du vote en plénière, le PPE (la droite européenne) a finalement réussi à faire adopter plusieurs amendements, répondant aux demandes des industriels en amoindrissant considérablement l'ambition du texte (Mediapart). Le report des quotas gratuits à fin 2034 a été considéré comme le franchissement d'une ligne rouge par les socialistes qui ont, en conséquence, rejeté le compromis dans son entièreté. Ce qui a également entraîné le report de l'adoption d'une taxe carbone aux frontières et la création d'un fonds social pour le climat, deux textes liés à cette réforme.

Après ce revers inattendu, les député·es ont décidé de renvoyer les textes en commission parlementaire pour tenter de trouver un nouveau compromis. Pour beaucoup d'observateurs, cet événement rare a illustré la force des lobbies de l'industrie, dont certain·es eurodéputé·es ont dénoncé les pressions. Il a aussi montré que la gauche a préféré briser le consensus, plutôt que d'amoindrir l'ambition sur ces textes cruciaux. Un nouveau rendez-vous en plénière a été fixé pour le 22 juin. C'est ce jour-là que l'on saura si le report aura été utile ou pas.

· C’est chaud. Le mois de mai le plus torride jamais enregistré a achevé un printemps qui se classe au troisième rang en matière de sécheresse et de températures ; une tendance qui risque fort de se confirmer cet été, a alerté Météo-France en fin de semaine dernière dans son point d’étape trimestriel. Selon l’organisme, il y a 50 % de chances pour que les températures soient plus élevées que les normales de saison dans le nord du pays cet été, et 70 % pour qu’elles le soient au sud. - Vert

· Lundi s’est ouverte la conférence de Bonn (Allemagne), une réunion des représentant·es des près de 200 pays membres de l’ONU pour préparer la 27ème conférence des parties (COP27) sur le climat qui se tiendra en Égypte en novembre prochain. Ces onze jours de pourparlers serviront à faire le point sur les avancées depuis la COP26 de Glasgow (notre article sur ses conclusions décevantes). « Les crises qui secouent le monde ne doivent pas entraver la lutte contre la crise climatique, déjà trop timorée », a déclaré Patricia Espinosa, patronne de l’ONU-Climat, en ouverture de l’événement. - Sud Ouest

· Lundi encore, le ministre de l’Environnement et des ressources naturelles de la République dominicaine, Orlando Jorge Mera, a été assassiné dans son bureau, à Saint-Domingue. Le meurtrier présumé est un ami d’enfance, le chef d’entreprise Fausto Miguel de Jesús Cruz de la Mota. Le crime serait lié aux poursuites engagées par le ministre contre plus de 2 000 personnalités et entreprises dominicaines pour leur non-respect des règles environnementales - dont l’entreprise d’extraction de matériaux fluviaux appartenant à l’assassin présumé. - Courrier International (abonné·es)

· Mardi, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a confié à sa grande chambre, où l’on traite les affaires les plus importantes, la requête déposée contre « l’inaction climatique » de la France par l’ancien maire écologiste de Grande-Synthe (Nord), Damien Carême. Cette affaire a déjà été portée devant le Conseil d’État, qui avait enjoint au gouvernement de préciser les nouvelles mesures qu’il comptait prendre pour atteindre les objectifs climatiques de la France. L’exécutif avait envoyé une réponse bâclée et en retard (notre article). L’audience à la CEDH devrait se tenir d’ici à la fin de l’année 2022. - France info (AFP)

Alizée, militante climat, sur le court de Roland-Garros vendredi 3 juin. © Dernière Rénovation

La Terre battue ? Durant la demi-finale de Roland-Garros, vendredi 3 juin, une militante de la campagne de résistance civile Dernière Rénovation s’est enchaînée au filet du court Philippe-Chatrier pour dénoncer l’inaction face à l’urgence climatique. En guise de tract, un t-shirt portant le message « Il nous reste 1 028 jours » (en anglais). Une allusion au dernier rapport du Giec, qui indique que les émissions mondiales doivent atteindre un pic historique d'ici à 2025 avant de décroître pour espérer contenir le réchauffement sous 1,5 °C. Après plusieurs minutes d’interruption du match, la jeune fille a été évacuée par la sécurité, puis placée en garde à vue pendant une quarantaine d’heures.

· Écrire et amender des lois, verdir le budget, contrôler l'action du gouvernement, voire, choisir un·e autre premier·e ministre que celle d'Emmanuel Macron : les député·es qui seront élu·es les 12 et 19 juin prochain disposeront de nombreux leviers pour infléchir la politique gouvernementale et y insuffler plus d’écologie. Autant de moyens qui permettent en théorie à l’Assemblée nationale de jouer son rôle de contre-pouvoir. Tour d’horizon de ces outils à lire sur vert.eco

· Édile et deal. À l’occasion des élections législatives, les promoteurs du Pacte pour la transition proposent aux collectifs, associations ou simples citoyens des outils pour sensibiliser et interpeller les candidat·es de leur circonscription autour de sept grands enjeux clefs en matière de transition écologique. Pour l’heure, environ 80 interpellations ont été lancées via la plateforme. - Vert

· Mise à nu(p)es. La Nupes - l’union de la gauche en vue des législatives, très peu pour eux. Plusieurs petits partis écologistes se sont coalisés pour promouvoir une écologie « positive » et fédératrice, portée par l’ancienne ministre de l’environnement Corinne Lepage. 250 candidat·es ont été investi·es par ce rassemblement, qui revendique un socle écologiste au-delà du clivage gauche-droite. Un article à lire sur vert.eco

· A noté ! Cette semaine, plusieurs ONG écologistes ont décrypté et classé les programmes des candidat·es aux législatives. L’alliance Nupes des partis de gauche récolte les meilleures appréciations en matière de climat et d’environnement, selon un résumé de ces classements réalisé par Reporterre.

· Instadrame. À l’heure où la crise écologique appelle des transformations profondes de nos modes de production et de consommation, il en est certain·es qui contribuent à nous faire accélérer dans le mur : les influenceur·ses, qui, au gré de leurs partenariats avec des entreprises polluantes ou peu éthiques, renforcent des imaginaires néfastes pour le vivant. C’est ce que soutient le collectif Paye ton influence, qui appelle les stars des réseaux sociaux à prendre la mesure de l'urgence. Une tribune publiée sur vert.eco

· Ça bat de l’aile. Décarboner le secteur aérien nécessitera des mesures « rapides, agressives et soutenues » de la part des pouvoirs publics, alerte un rapport (en anglais) publié jeudi par le groupe de réflexion International council on clean transportation (ICCT). Si un maximum de mesures étaient prises dès maintenant, le budget carbone de l’aviation serait compatible avec un réchauffement de +1,75 °C par rapport à l'ère pré-industrielle. Alors que le secteur prévoit de transporter deux fois plus de passagers (10 milliards) en 2050 par rapport à 2019, seule une réduction du trafic aérien pourrait permettre d’atteindre un réchauffement de +1,5 °C. - France info (AFP)

· Un pneu, mon neveu L’usure des pneus émet près de 2 000 fois plus de particules polluantes que les gaz d’échappement des voitures, révèle une récente étude menée par une société indépendante spécialisée dans la mesure des émissions, Emissions Analytics. Les pots d’échappement rejettent de moins en moins de particules grâce à la mise en place de filtres efficaces. En revanche, les véhicules sont de plus en plus lourds (notamment à cause de la mode des SUV et du passage à l’électrique), ce qui implique que davantage de particules soient projetées par les pneus au quotidien. Une pollution peu documentée, mais qui pourrait constituer, selon l’étude, un important problème de santé publique.

Les gaz d'échappement rejettent 0,02 milligrammes de particules par kilomètre, contre 109,5 milligrammes pour les pneus. © Emissions analytics / Vert

· Un DJ set pour la planète. À l’initiative des organisations Alternatiba Paris et Le Mouvement, une « teuf » nomade a parcouru les quais de la capitale mercredi soir pour inviter les plus jeunes, qui s’abstiennent plus que leurs aîné·es, à voter aux prochaines élections législatives. Environ 300 personnes ont participé à cette manifestation festive, durant laquelle les activistes se sont efforcé·es de faire de la pédagogie sur les enjeux de l'élection de dimanche. Un reportage à lire sur vert.eco

· Jet public. Lancé à la mi-mai, le compte Instagram L’avion de Bernard scrute les déplacements du jet privé du milliardaire français Bernard Arnault. Dans son viseur : le mode de vie extrêmement riche en carbone des plus nantis. En un mois, l’avion de l’homme d’affaires a consommé presque autant de CO2 que 17 Français·es en un an. - Vert

· Send nupes. Alma Dufour (32 ans) et Lumir Lapray (29 ans) sont candidates aux élections législatives des 12 et 19 juin prochains. Leur point commun : elles sont issues des rangs du mouvement pour le climat, où elles ont milité pendant plusieurs années avant de bifurquer en politique. Selon elles, cette expérience sera un atout pour faire infuser davantage de jeunesse, d’écologie et de justice sociale à l'Assemblée nationale. Un portrait croisé à découvrir sur vert.eco

Politique agricole commune : où sont passés les milliards de l’Europe ?

La PAC manne. Avec ses milliards d’euros, la Politique agricole commune (PAC) constitue un immense gâteau partagé entre les agriculteur·rices européen·nes dans des conditions plus ou moins opaques et arbitraires. Un vaste sujet sur lequel s’est penché Cash investigation dans son dernier épisode, diffusé mardi soir. « On nourrit l’appétit économique de ceux qui sont déjà rassasiés, et certains font les pique-assiettes », résume Véronique Blanc, journaliste de l’émission, dont l’enquête révèle à quel point le système de subventions favorise le modèle agro-industriel et fait l’objet de détournements de fonds.

© Cash investigation

+ Loup Espargilière, Anne-Sophie Novel, Anne-Claire Poirier, Juliette Quef et Anna Sardin ont contribué à ce numéro