L’exécutif européen a dévoilé le 14 juillet une colossale feuille de route destinée à renforcer sensiblement l’action climatique sur tout le continent.
En avril dernier, l’ensemble des pays membres de l’Union européenne s’est mis d’accord pour baisser les émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici à 2030 (par rapport à 1990), contre 40% fixés initialement (Vert). Dans son nouveau plan de bataille baptisé « Fit for 55 », la Commission européenne prévoit douze projets de loi et des réformes dans presque tous les secteurs : industrie, transports, énergie, bâtiment, forêts et sols, etc.
Les objectifs climatiques fixés aux États membres sont rehaussés. La Commission relève à 40% la part d’énergies renouvelables visée en 2030, contre un objectif précédent de 32%. La consommation d’énergie finale devra décroître d’au moins 36%, contre 32,5% précédemment. Les voitures ne devront plus émettre de CO2 à compter de 2035. Enfin, elle prévoit une taxation progressive du kérosène pour les vols aériens à l’intérieur de l’UE.
Mais le point le plus important de la stratégie est la réforme et l’élargissement du marché européen du carbone. Ce dispositif concerne actuellement 12 000 installations industrielles, représentant 40% des émissions de l’Union européenne. Après avoir reçu des quotas d’émissions gratuits (droits à polluer), les entreprises peuvent se les échanger, ce qui permet aux plus vertueuses de gagner de l’argent en revendant leurs excédents, tandis que les mauvais élèves doivent payer pour compenser leurs dépassements.
Bruxelles propose de cesser l’attribution de quotas gratuits et de les rendre payants à compter de 2036. Elle souhaite également y soumettre certaines importations (acier, ciment, électricité…) pour lutter contre les tentatives de dumping environnemental. Elle veut enfin y assujettir les entreprises du transport maritime, du secteur routier et du chauffage du bâtiment. L’ajout de ces deux dernières catégories suscite toutefois un tollé généralisé car les fournisseurs de carburants ou de fioul domestique répercuteraient les surcoûts sur la facture des ménages. La mise en place d’un fonds social, alimenté grâce au 14 milliards de revenus escomptés, ne suffira pas selon beaucoup à contrer l’aspect anti-social de cette réforme.
Les pays membres ont jusqu’à la fin de l’année pour se prononcer sur cet immense paquet législatif. Viendra ensuite la négociation avec le Parlement européen.