À l’heure où la crise écologique requiert des transformations profondes de nos modes de production et de consommation, il en est certain·es qui contribuent à nous faire accélérer dans le mur : les influenceur·ses, qui, au gré de leurs partenariats avec des entreprises polluantes ou peu éthiques, renforcent des imaginaires néfastes pour le vivant. C’est du moins ce que soutient le collectif Paye ton influence, qui appelle les stars des réseaux sociaux à prendre la mesure de l’urgence. Très actif sur Instagram et LinkedIn notamment, celui-ci émane du collectif Pour un réveil écologique qui s’est récemment affiché dans le métro à Paris avec ses publicités pour vulgariser le rapport du Giec.
« Surconsommation, fast fashion, voyages à l’autre bout du monde… Aujourd’hui, une grande partie des influenceur·ses vantent des modes de vie et de consommation qui sont incompatibles avec l’urgence climatique. Pourtant, dans un monde où les réseaux sociaux dictent les comportements de masse, les influenceur·ses ont un énorme pouvoir : celui de faire évoluer les normes sociales rapidement. Leur réveil écologique permettrait de faire basculer toute une génération sur les problématiques environnementales.
Nous, collectif Paye ton influence, avons à cœur de dénoncer et alerter sur les pratiques peu éthiques des influenceur·ses et leurs partenariats nocifs pour la planète.
Tantôt youtubers, tiktokeurs, instagrameurs, anciens candidats de la télé-réalité, les influenceur·ses sont des personnalités suivies massivement sur les réseaux sociaux. Bien qu’elles et ils proposent tous types de contenus (mode, lifestyle, jeux vidéo, beauté), les stars des réseaux sociaux ont toutes un point commun : le temps d’un post, d’une vidéo ou d’une story, elles deviennent des vitrines publicitaires pour une marque et appellent leur audience à acheter ses produits ou services. Pour certain·es, ce sont des dizaines de partenariats et de collaborations partagées chaque mois sur leurs réseaux, pour promouvoir à peu près tout et n’importe quoi.
Le problème ? Elles et ils ont un énorme pouvoir de prescription et influencent massivement les comportements d’achat de leur audience, composée principalement de jeunes adultes.
C’est ainsi que toute une génération, la première qui subira durablement les répercussions du réchauffement climatique, est poussée à consommer sans fin. Résultat ? Cela retarde l’action et l’engagement sur les enjeux climatiques, au détriment de la préservation des écosystèmes indispensables à notre survie.
Et ce n’est pas près de s’arranger : dopé par la croissance du nombre d’influenceur·ses (déjà plus de 150 000 en France) le marché mondial de l’influence va atteindre 15 milliards d’ici la fin de l’année 2022, soit 20 fois plus qu’en 2015, beau programme !
Nous appelons les influenceur·ses à prendre la mesure de leurs responsabilités et à entamer une réflexion sur le modèle d’influence qu’elles et ils promeuvent, afin d’y intégrer plus d’éthique et s’inscrire dans la promotion de modes de vie et de consommation qui prennent en compte les limites planétaires et l’urgence climatique.
Nous les appelons à accompagner leur audience vers de nouveaux paradigmes où la « surconsommation » et l’ensemble des comportements délétères pour le climat ne soient plus vus comme la norme. Elles et ils pourraient, par exemple, mettre en avant des comportements d’achat plus sobres, arrêter la promotion de marques — de la fast fashion par exemple — qui vont à l’encontre des droits humains, valoriser les destinations de voyage plus proches et les mobilités douces, travailler avec des marques engagées, mettre en avant des organisations et des associations qui luttent pour l’intérêt général, ou encore alerter sur les enjeux climatiques.
Nous encourageons aussi les citoyen·nes qui forment l’audience de ces influenceur·ses, à les interpeller — avec bienveillance — sur leurs partenariats à rebours des enjeux climatiques et à dénoncer les modes de vies qu’elles et ils promeuvent. Ensemble, nous pouvons les faire basculer !
Que se passerait-il si Léna Situation ou Squeezie devenaient “écolo” ? Nous sommes persuadé·es que cela entraînerait un mouvement global de prise de conscience de l’urgence climatique, tant auprès d’autres influenceur·ses, qu’auprès de leur audience. Car les influenceur·ses sont une partie du problème, mais également une partie de la solution.
Nous avons besoin de vous, influenceur·ses, et de votre communauté pour faire évoluer nos modèles de société et engager les nouvelles générations dans le combat climatique !
Alors, influenceurs, influenceuses, réveillez-vous !
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