Décryptage

Élections européennes : qui propose quoi pour le climat ?

Feuille de route. Alors que les élections européennes se tiendront ce 9 juin, Vert s’est penché sur les promesses de campagne des un·es et des autres. Pour connaitre les idées de chaque camp en matière de transport, d'énergie et de bâtiment, on a passé au crible les programmes des principaux partis français, en fonction des résultats aux précédentes élections et des intentions de vote.
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👉 Dans les grandes lignes

Certes, tous les par­tis par­lent bien des enjeux envi­ron­nemen­taux et du cli­mat (ouf !). Mais de manière plus ou moins pré­cise, et plus ou moins ambitieuse. Le Rassem­ble­ment nation­al (RN), porté par Jor­dan Bardel­la, promeut par exem­ple une «écolo­gie raisonnable» plutôt que «puni­tive», et refuse «d’opposer l’Homme à la Nature et de crim­i­nalis­er l’action du pre­mier», pen­dant que les Répub­li­cains (LR), attaque­nt de front «l’écologie de gauche total­i­taire». Le par­ti de François-Xavier Bel­lamy n’a pas envie de «subir» le dérè­gle­ment cli­ma­tique, mais il n’est pas tout à fait prêt à agir non plus : «l’urgence est d’inciter les autres zones à réduire leurs émis­sions», en veil­lant à «ne pas se faire envahir de pro­duits chi­nois».

Renais­sance, le mou­ve­ment de la majorité prési­den­tielle et à la tête duquel se trou­ve Valérie Hay­er, mise tout sur le «pro­grès», se félic­i­tant que nous soyons «le ter­ri­toire le plus en pointe dans la lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique dans le monde». Le PS et Place publique avec Raphaël Glucks­mann parie aus­si sur des lende­mains nova­teurs, et entend bâtir «une puis­sance pour le cli­mat» voire une «révo­lu­tion indus­trielle verte».

Pour L’Union pop­u­laire, la liste de La France insoumise (LFI) emmenée par Manon Aubry, les pol­lueurs et les plus rich­es doivent s’attendre à pay­er. Le par­ti refuse toute «pause» sur les règles envi­ron­nemen­tales — à l’inverse d’Emmanuel Macron — et assume vouloir ren­forcer le Pacte vert, un regroupe­ment de lois pour attein­dre la neu­tral­ité car­bone en 2050. Tax­er les pra­tiques cli­mati­cides, et con­di­tion­ner les prêts et aides européens à des critères écologiques, LFI entend taper au porte­feuille.

Enfin, le pro­jet des Écol­o­gistes, dont la cheffe de file est Marie Tou­s­saint, repose sur le principe de  «met­tre l’industrie au ser­vice de la tran­si­tion écologique, de la sobriété, de la dépol­lu­tion», en instau­rant «un pla­fond envi­ron­nemen­tal à ne pas dépass­er».

👉 Dans le détail

Les propositions des candidat·es pour le transport

Avec l’explosion des déplace­ments, le trans­port est le seul secteur économique où les émis­sions de gaz à effet de serre ont aug­men­té au cours des 30 dernières années. Il est respon­s­able d’un quart des émis­sions de gaz à effet de serre dans l’U­nion européenne (UE), dont 70 % pour le trans­port routi­er et 13% pour l’avion. D’ici 2050, l’UE entend réduire les émis­sions des trans­ports de 90% par rap­port aux niveaux de 1990.

  • Modes doux

La marche et le vélo, ces modes de trans­ports dits act­ifs, ne sont pas évo­qués dans tous les pro­grammes. Si le PS-Place Publique promet d’y con­sacr­er de l’argent, notam­ment pour des itinéraires cyclables, les Écol­o­gistes sont les seuls à don­ner un chiffre : 10 mil­liards pour le vélo. Ils pro­posent aus­si de faciliter l’ac­cueil des bicy­clettes dans les trains, la loca­tion dans les gares et plus de moyens alloués aux col­lec­tiv­ités pour les mobil­ités durables. Pour LFI, il s’agirait que des objec­tifs de pistes cyclables et d’infrastructures soient fixés pour chaque pays.

  • Train

Ce volet est par­fois abor­dé assez suc­cincte­ment. Le RN estime que l’Eu­rope doit favoris­er un redé­ploiement «mas­sif» du trans­port fer­rovi­aire, et veut, pour ce faire, «déroger aux règles européennes de con­cur­rence». Renais­sance s’en­gage à dou­bler la part du fret fer­rovi­aire et des trains de nuit et à instau­r­er un Pass Rail illim­ité pour les jeunes (une promesse aban­don­née par Emmanuel Macron, finale­ment mise en place tem­po­raire­ment cet été en France).

Cette idée de «pass» revient chez le PS-Place publique et Les Écol­o­gistes sous la forme d’un tick­et-cli­mat. Il coûterait 49 euros par mois pour le camp de Glucks­mann et con­cern­erait les trans­ports de prox­im­ité. Et pour la team Tou­s­saint, il prendrait la forme d’un abon­nement men­su­el, «pour per­me­t­tre les déplace­ments partout en Europe dans les trains régionaux à un prix acces­si­ble». LFI par­le plutôt d’un «tick­et rail européen» sur le mod­èle d’Interrail et d’un pass de 6 mois offert aux 18–25 ans.

Les prin­ci­paux par­tis poli­tiques français aux Européennes s’accordent sur la néces­sité de dévelop­per les déplace­ments en train pour attein­dre la neu­tral­ité car­bone du con­ti­nent d’ïci à 2050. © Cihat Hıdır/Unsplash

Le PS-Place publique envis­age aus­si d’aug­menter les fonds des­tinés aux petites lignes, au train de nuit et au fret fer­rovi­aire, lequel devra être mieux con­nec­té aux ports flu­vi­aux et mar­itimes. En réduisant les péages fer­rovi­aires pour les trains de nuit, le par­ti mise sur une baisse des prix des bil­lets. Des propo­si­tions, là encore, proches de celles des Écol­o­gistes qui veu­lent dou­bler la part du fret fer­rovi­aire d’i­ci 2030 en tax­ant le fret mar­itime et aérien, en bais­sant les frais de péage fer­rovi­aire et en haus­sant le tarif des péages pour les camions. Un guichet unique de réser­va­tion serait disponible pour les trains à tra­vers l’Europe. Les Écol­o­gistes par­lent d’un «choc d’offre fer­rovi­aire» avec plus de trains, notam­ment de nuit, et plus d’in­ter­con­nex­ions. Ils ont chiffré l’investissement néces­saire à 39 mil­liards, sur les 72 dédiés aux trans­ports.

Pour LFI, le renou­veau du rail passe par la baisse des tar­ifs, la réno­va­tion et le développe­ment des lignes de fret, mais aus­si des trains du quo­ti­di­en et des trains de nuit. Le par­ti souhaite rétablir un mono­pole pub­lic du rail et revenir sur la «mise en con­cur­rence for­cée des trans­ports publics urbains et régionaux».

LR veut aus­si inve­stir «d’urgence» dans le développe­ment des infra­struc­tures fer­rovi­aires, pas­sagers et marchan­dis­es, «pour amélior­er les con­nex­ions à tra­vers l’Europe et entre les zones urbaines et interur­baines». Cela passerait par «un grand pro­gramme de développe­ment du trans­port fer­rovi­aire sur tout le con­ti­nent» et l’idée de «faire pro­gress­er le réseau transeu­ropéen de trans­port».

  • Voiture

Deux par­tis annon­cent leur volon­té de revenir sur l’interdiction de la vente de voitures ther­miques neuves en 2035 : le RN, qui pré­tend «défendre les auto­mo­bilistes» face aux «normes européennes absur­des», et LR, selon qui il faudrait tenir compte de «l’ensemble du cycle de fab­ri­ca­tion et d’utilisation du pro­duit». Rap­pelons qu’en France, sur sa durée de vie, une voiture élec­trique a un impact car­bone 2 à 3 fois inférieur à la voiture ther­mique (notre arti­cle).

Le RN pré­cise qu’il est égale­ment opposé à la mul­ti­pli­ca­tion des zones à faibles émis­sions (ZFE), des­tinées à lim­iter le taux de par­tic­ules fines dans les grandes villes. Ce sujet est aus­si abor­dé par LFI qui entend «met­tre fin» aux ZFE «dans leur con­cep­tion actuelle» en vue de réduire les iné­gal­ités sociales et lim­iter la tolérance à l’égard de cer­tains véhicules, notam­ment les SUV.

De son côté, Renais­sance ne s’étend pas beau­coup sur cette thé­ma­tique qui se résume à une promesse : dix mil­lions de véhicules pro­pres pro­duits en Europe d’i­ci 2030.

Le PS-Place publique évoque, en plus de l’élec­tri­fi­ca­tion des voitures, celle des bus et des camions et pro­pose la mul­ti­pli­ca­tion des bornes de recharge. Un fonds social cli­mat devrait par ailleurs aider les citoyen·nes à accéder à un véhicule élec­trique peu lourd.

La ques­tion du poids des véhicules est aus­si abor­dée par LFI qui sug­gère de la lim­iter, ain­si que la taille et les dimen­sions des SUV, tout en dévelop­pant des alter­na­tives à la voiture indi­vidu­elle. Le par­ti veut relo­calis­er la pro­duc­tion de petites voitures citadines et instau­r­er une «bar­rière douanière» con­tre les véhicules importés. Pour les Écol­o­gistes, le poids des véhicules doit être réduit égale­ment et l’autopartage encour­agé. 100% des véhicules du parc pro­fes­sion­nel devront être élec­triques d’i­ci à 2030. L’al­liance entre véhicule élec­trique et auto­pro­duc­tion d’électricité, par exem­ple avec des pan­neaux solaires, doit être soutenue.

Deux par­tis évo­quent aus­si les camions : le PS-Place publique, qui pro­pose une éco­taxe sur les poids lourds (lancée en France puis aban­don­née en 2017), et les Écol­o­gistes, qui veu­lent revenir sur l’autorisation des méga-camions décidée par le Par­lement européen en mars.

  • Avion

Si le sujet n’est pas abor­dé dans la feuille de route du RN, ni celle de LR, pour Renais­sance, «un avion vert européen», dont les modal­ités ne sont pas pré­cisées, serait la piste d’avenir.

Pour les Écol­o­gistes, le traf­ic aérien doit être réduit, les exten­sions d’aéro­port refusées et la niche fis­cale sur le kérosène sup­primée. Les vols de petits avions, trans­portant moins de 60 passager·es doivent être règle­men­tés et les vols à but pro­fes­sion­nels taxés. Le PS-Place publique entend aus­si réduire le traf­ic aérien, aujourd’hui qua­si-équiv­a­lent en France à la péri­ode pré-Covid. Pour cela, il envis­age trois leviers : tax­er le kérosène, lim­iter l’expansion des aéro­ports, et impos­er un niveau de TVA stan­dard pour les bil­lets d’avion.

Pour LFI, qui veut aus­si une taxe sur le kérosène, il faudrait engager une «décrois­sance des vols rem­plaçables» et une inter­dic­tion des vols internes à l’UE «lorsqu’il existe une alter­na­tive en rail de moins de qua­tre heures, hors cor­re­spon­dance inter­na­tionale». Pour le par­ti de Manon Aubry, une «taxe européenne sur les vols inter­na­tionaux et intra-européens» doit être mise en place ain­si que des mesures con­tre la pol­lu­tion sonore des aéro­ports. La recherche publique sur les car­bu­rants et l’électrification doit accom­pa­g­n­er cette «bifur­ca­tion du trans­port aérien».

  • Trans­port mar­itime

Là encore, le sujet n’est pas traité par tout le monde. Pour les Écol­o­gistes, il faut sup­primer la niche fis­cale dont béné­fi­cie le secteur. Et pour le trans­port mar­itime, comme pour l’avi­a­tion, lorsque l’élec­tri­fi­ca­tion n’est pas pos­si­ble, le par­ti veut met­tre en avant des car­bu­rants alter­nat­ifs comme le bio­méthane, l’hydrogène vert, ou l’ammoniaque bas-car­bone. Le par­ti veut utilis­er davan­tage le trans­port flu­vial, tout en renonçant aux gros pro­jets de liai­son comme le canal Seine-Nord Europe, qui entend reli­er l’Oise au Nord.

Les propositions des candidat·es pour l’énergie

Plus pro­lixe sur ce volet que sur les trans­ports, le RN entend faire de la France rien de moins qu’«un par­adis énergé­tique» grâce au nucléaire et à «de nou­velles tech­nolo­gies comme l’hydrogène», tout en refu­sant «l’ingérence européenne». Le par­ti veut rétablir «un prix français de l’électricité, par la fin des règles absur­des du marché européen» ; une réforme dont le but est de maîtris­er les hauss­es de prix en péri­ode de crise, ce qui per­me­t­trait selon lui de baiss­er la fac­ture de 30 à 40%. Le RN s’oppose égale­ment à la libéral­i­sa­tion des con­ces­sions de bar­rages hydroélec­triques et au développe­ment des éner­gies éoli­ennes «imposé par l’UE».

Nucléaire et hydrogène, la for­mule gag­nante pour LR aus­si. L’atome «néces­sit­era un sou­tien mas­sif de la puis­sance publique dans les décen­nies à venir», car «c’est mieux que de financer des éoli­ennes», argu­mente la liste de Bel­lamy. Quant aux éner­gies renou­ve­lables, qu’il «n’est plus néces­saire de sub­ven­tion­ner à out­rance», le choix doit être lais­sé à l’appréciation des États. Pour les indus­tries les plus pol­lu­antes, «la cap­ture et le stock­age du car­bone s’im­posent». En par­al­lèle, les cen­trales à char­bon d’Alle­magne et de Pologne devraient être taxées puis fer­mées. Hydrolien, fusion nucléaire, biogaz, hydrogène, LR mise aus­si sur les avancées de la recherche pour diver­si­fi­er nos sources d’én­ergie.

Les éoli­ennes en mer ne font pas con­sen­sus entre les candidat⸱es aux européennes. ©Dionysos1970/Wiki­me­dia

Pour Renais­sance, l’én­ergie, c’est d’abord et avant tout le nucléaire, qui, avec les renou­ve­lables, doit per­me­t­tre «la sor­tie des éner­gies fos­siles avant 2050» et la fin de l’approvisionnement en énergie russe en 2025. Le nucléaire devrait par ailleurs essaimer «dans les pays européens volon­taires», avec l’aide d’investissements mas­sifs qui per­me­t­traient de tripler cette énergie dans l’UE d’ici 2050.

Le PS-Place publique revendique la sobriété et espère une divi­sion par deux de la demande énergé­tique de l’UE d’ici 2040, par rap­port à 2006. Si une part de nucléaire est con­servée dans leur plan, le par­ti fait le vœu d’une «révo­lu­tion des renou­ve­lables», très majori­taire­ment pro­duits en Europe, avec pour objec­tif 45% du bou­quet énergé­tique en 2030 et 75% en 2040. En par­al­lèle, la liste de Raphaël Glucks­mann promet une sor­tie du char­bon en 2030, du gaz fos­sile en 2035 et du pét­role en 2045. Le par­ti pro­pose aus­si une aide directe aux ménages pour chang­er de sys­tème de chauffage, et des prix règle­men­tés.

Du côté de la liste LFI, l’objectif affiché est de 100% renou­ve­lable en Europe à l’horizon 2050 et la neu­tral­ité car­bone dès 2040. Cela passerait par la sup­pres­sion des sub­ven­tions aux éner­gies fos­siles, au prof­it de l’hydrogène vert et par un traité inter­na­tion­al de non-pro­liféra­tion des éner­gies fos­siles, met­tant notam­ment un stop à la con­struc­tion de nou­velles infra­struc­tures. LFI souhaite égale­ment sor­tir du marché européen de l’électricité, au prof­it d’un ser­vice pub­lic nation­al. Exit aus­si le marché car­bone — dit SEQE, jugé «défail­lant» et «con­tre-pro­duc­tif». En rem­place­ment, la réduc­tion des émis­sions des secteurs énergé­tiques et indus­triels serait plan­i­fiée, avec des objec­tifs annuels con­traig­nants pour chaque État et en appli­quant le principe pol­lueur-payeur pour les entre­pris­es.

Surenchère chez les Écol­o­gistes qui visent 100% de renou­ve­lable en 2040. Leur pro­jet ? «Réduire dras­tique­ment notre demande énergé­tique, sor­tir des éner­gies fos­siles et dévelop­per un nou­veau mix entière­ment renou­ve­lable […] grâce à la réim­plan­ta­tion dans l’Union européenne de nos moyens pro­duc­tifs». Ils mis­ent, comme Glucks­mann, sur une sor­tie du char­bon en 2030, et du gaz fos­sile en 2035. Les sou­tiens à la con­struc­tion des infra­struc­tures de gaz fos­sile devraient être arrêtés sans délai, les nou­velles exploita­tions fos­siles off­shore en Europe inter­dites, et les ban­ques et entre­pris­es pour­raient se voir oblig­ées de ne plus inve­stir dans les indus­tries pétro-gaz­ières. Les Écol­o­gistes veu­lent «repren­dre le con­trôle stratégique sur les entre­pris­es fos­siles» les plus émet­tri­ces.

Un change­ment au prof­it du renou­ve­lable, mais pas sans garde-fou. Soumis­es à «des con­di­tion­nal­ités envi­ron­nemen­tales fortes», les éner­gies renou­ve­lables seraient pro­duites locale­ment et dans le respect de la bio­di­ver­sité. La con­som­ma­tion de bois-énergie serait égale­ment encadrée. La liste évoque aus­si la piste des éner­gies de récupéra­tion, citant par exem­ple l’utilisation de la chaleur pro­duite par les machines indus­trielles, et les pro­jets citoyens d’énergies renou­ve­lables (notre arti­cle). Les bio­car­bu­rants pro­duits en con­cur­rence avec l’alimentation, comme le colza ou le tour­nesol, pour­raient être inter­dits dès 2025 et l’usage de ceux élaborés à par­tir d’autres matières pre­mières, comme les huiles de cuis­son ou les algues, serait fléché vers les secteurs dépourvus d’alternatives – le mar­itime et l’aérien. Dans le même temps, les con­som­ma­tions devraient baiss­er de 55 % d’ici 2050, par rap­port à 2019. Le mou­ve­ment porté par Marie Tou­s­saint pro­pose qu’un min­i­mum décent et un max­i­mum de con­som­ma­tion soient fixés par per­son­ne dans chaque pays. Le droit à une énergie pro­pre serait garan­ti, avec une tar­i­fi­ca­tion prévoy­ant que les pre­miers kilo­wattheures con­som­més coû­tent moins cher.

Les propositions des candidat·es pour le bâtiment

Plus d’un tiers des émis­sions de gaz à effet de serre de l’UE sont du fait des bâti­ments, mais le RN demeure opposé «aux normes abu­sives en matière de réno­va­tion». Son idée est plutôt de «ren­forcer l’accès au loge­ment, en assou­plis­sant les oblig­a­tions européennes de réno­va­tion énergé­tique des bâti­ments (DPE)». Cette direc­tive européenne est égale­ment dans le viseur des Répub­li­cains, car le diag­nos­tic énergé­tique qui prend en compte la con­som­ma­tion d’énergie devrait à leurs yeux porter unique­ment sur les émis­sions de CO2 : «les pro­prié­taires doivent être encour­agés avant tout à élec­tri­fi­er les solu­tions de chauffage, […] plutôt qu’à pass­er oblig­a­toire­ment par des chantiers d’isolation», jugent-ils.

Pour le PS-Place publique, au con­traire, un plan d’in­vestisse­ment dans la réno­va­tion des bâti­ments, et notam­ment des écoles, doit être adop­té. Le par­ti cite aus­si l’habi­tat partagé ou la cohab­i­ta­tion intergénéra­tionnelle comme des pistes à soutenir.

LFI veut met­tre en place des sub­ven­tions pour aider les struc­tures publiques à accom­pa­g­n­er «la réha­bil­i­ta­tion ther­mique, san­i­taire et archi­tec­turale des habi­ta­tions privées», sur la base de critères écologiques. Les ménages pré­caires doivent, selon LFI, pou­voir rénover leurs pas­soires ther­miques avec un reste à charge nul.

Selon Les Écol­o­gistes, 96 mil­liards par an sup­plé­men­taires d’in­vestisse­ment doivent être fléchés vers le bâti­ment, dont 62 con­cen­trés sur la réno­va­tion énergé­tique des loge­ments indi­vidu­els. Les chaudières util­isant des fos­siles ne doivent plus être mis­es en vente, au prof­it des pom­pes à chaleur. Objec­tif : 60 % de bâti­ments rénovés d’ici 2050. L’installation de pan­neaux solaires doit devenir oblig­a­toire sur les bâti­ments publics. Le mou­ve­ment de Marie Tou­s­saint entend aus­si favoris­er la réha­bil­i­ta­tion de locaux vides plutôt que la con­struc­tion neuve.

On le voit donc, si le mot «cli­mat» appa­rait bien dans tous les pro­grammes, les mou­ve­ments poli­tiques n’ont pas tous con­sacré les mêmes efforts à l’étude et la recherche de propo­si­tions étayées pour répon­dre à l’urgence.