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Sans complexe, l’extrême droite lance des podcasts pour déverser ses idées crasses.

Comment le podcast est devenu une redoutable chambre d’écho des idées réactionnaires et anti-écolo
MAGAphone. Apprécié pour son format intimiste et sa liberté de ton, le podcast bénéficie d’une image positive et progressiste. Pourtant, il est devenu un moyen de communication privilégié pour l'Amérique trumpiste et la fachosphère française.
Dimanche 19 janvier, veille de l’investiture de Donald Trump à la Maison-Blanche, des responsables de la plateforme d’écoute Spotify se délectent d’un brunch qui a le goût des bonnes affaires à Washington D.C. Au menu : caviar, pinces de crabes et expresso martini. L’occasion de célébrer «le pouvoir du podcast dans cette élection», aux côtés de plusieurs podcasteurs stars : Ben Shapiro, animateur du Ben Shapiro Show, Tim Pool du Tim Pool Daily News et Joe Rogan de The Joe Rogan Experience (invité, ce dernier n’est finalement pas venu). Très célèbres aux États-Unis, ils sont tous trois connus pour leur ligne très à droite et leur proximité avec la sphère MAGA (Make america great again, les partisan·es de Trump).

The Joe Rogan Experience, talk-show ultra-réactionnaire né en 2009, est devenu l’un des podcasts les plus populaires au monde. Son présentateur, ancien champion d’arts martiaux et humoriste, antivax et relais de théories complotistes, s’est transformé en un «improbable influenceur politique», constatait le New York Times lors de l’élection présidentielle de 2020.
En France, Papacito et Le Raptor, deux figures pionnières de la fachosphère, ont commencé à investir ce format audio à l’époque de leur départ de Youtube, en 2023. Le premier, après la suppression de son compte. Le second est parti volontairement, accusant la plateforme de démonétiser ses contenus et de l’invisibiliser – avant de faire son retour fin 2024. Pour l’un comme pour l’autre, cette migration est mise en scène comme une forme de résistance contre «la censure» : «Les communautés masculinistes et d’extrême droite ont l’habitude d’agir dans une logique de marginalisation, de dissidence», explique à Vert Gulnara Zakharova, doctorante en sciences de l’information à l’université Paris 2-Assas.
👉 Cliquez ici pour lire ce décryptage de Zoé Neboit et comprendre pourquoi le podcast est devenu un tel porte-voix pour l’extrême droite.

· Le 21 mars, le syndicat agricole Jeunes agriculteurs (JA) a diffusé un court-métrage à visée «humoristique» qui met en scène un exploitant tuant à coups de pelle un agent de l’Office français de la biodiversité (OFB), a révélé le média indépendant Le Poulpe. La vidéo, rapidement dépubliée, est «dérangeante car elle cautionne une forme de violence que nous subissons depuis plus d’un an», a commenté un représentant du personnel de l’OFB dans le Finistère. Selon les informations du Poulpe, le parquet de Cherbourg (Manche) s’est saisi de l’affaire.
· Le 26 février, le milliardaire Jeff Bezos (également patron d’Amazon), a annoncé que les tribunes publiée dans le Washington Post, dont il est propriétaire, seraient limitées à certaines idées. Les pages opinion du «WaPo» se concentreront désormais sur la défense des «libertés personnelles» et de l'économie de «marchés libres». Dans la foulée, le responsable de ladite rubrique, David Shipley, a annoncé sa démission. Comme nous vous le racontions dans un précédent numéro de Chaleurs actuelles, Jeff Bezos se montre de plus en plus interventionniste dans les colonnes du Washington Post. - France info (AFP)
· Le 26 février également, une quarantaine de sociétés de journalistes américaines ont publié une tribune pour dénoncer «les atteintes à la liberté d’expression» depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. «Nous condamnons fermement la campagne en cours à Washington visant à pénaliser le journalisme indépendant portant sur le gouvernement et ses activités», écrivent-elles. Ces organisations regrettent l’ostracisme dont est victime l’agence de presse AP, privée d’accès à la Maison-Blanche tant qu’elle refuse d’utiliser le terme «golfe d’Amérique». Donald Trump a aussi dit vouloir une loi pour interdire l’utilisation de sources anonymes dans les articles de presse - un principe fondateur de la liberté de la presse - Le Monde
· Le 28 février, à l’annonce de l’arrivée prochaine de Cyril Hanouna sur M6, des journalistes du groupe ont dit leurs «craintes» face à la ligne «rassemblant désinformation, insultes, prises de position orientées vers l’extrême droite» de l’animateur. Le 10 mars, dans son émission Touche pas à mon poste (dont la diffusion s’était poursuivie sur Internet après la fermeture de la chaîne C8, jusqu’au 26 mars), ce dernier a menacé l’un de ses futurs collègues, l’animateur de Fun Radio (groupe M6) Bruno Guillon. «Il ne veut pas faire de photo avec moi […] faut pas qu'il oublie que je suis actionnaire de la boîte qui produit son jeu sur France 2», a-t-il lâché. - Libération



«Féminisme», «LGBT», «pollution»…
Voici trois des 120 mots que l’administration Trump a bannis des sites gouvernementaux. À force d’éplucher des mémos, directives officielles et officieuses et autres pages sur Internet, le journal américain The New York Times a compilé, le 7 mars dernier, une liste de termes que le président des États-Unis et ses équipes ne veulent plus voir figurer sur des sites et documents fédéraux. Des mots jugés trop «woke» (un terme péjoratif pour qualifier celles et ceux qui se sentent «éveillé·es» face aux injustices que les minorités subissent) : ceux qui font référence à des politiques de diversité, d’équité, d’inclusion ou de protection de l’environnement et qui, selon le magnat de l’immobilier, entravent la notion de «mérite».
👉 Cliquez ici pour voir ces termes honnis par Donald Trump, que Vert a compilés et traduits.
👉 Cliquez là pour lire l’article de Loup Espargilière sur la façon dont le président américain «atomise le langage pour détruire le réel et la démocratie».


Alimentaire, mon cher Watson. Karine Jacquemart est militante pour la justice sociale et environnementale, et directrice générale de l’ONG Foodwatch qui défend les consommateur·ices. Dans un grand entretien à Vert, l’autrice du livre Les dangers de notre alimentation (Payot, 2025) passe au crible les difficultés d’accès à une nourriture saine, les stratégies de désinformation des lobbys et le scandale «Nestlé Waters». Karine Jacquemart donne également des pistes pour reprendre le pouvoir sur notre alimentation.
👉 Cliquez ici pour lire ce passionnant entretien mené par Juliette Quef.

📺 Depuis le rapprochement entre Washington et Moscou autour des négociations sur la fin de la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine, les médias français de la sphère Bolloré défendent ouvertement la Russie. Le 3 mars, dans un éditorial sur CNews, le journaliste Pascal Praud l’a assuré : «La Russie a gagné la guerre et nous, Européens, l’avons perdue, avec l’Ukraine.» D’Europe 1 au JDD, en passant par CNews, tous se sont fait l’écho du livre de Xenia Fedorova, ex-présidente de Russia Today (chaîne de propagande du Kremlin), dans lequel elle dénonce la «censure» dont elle serait victime en France. Un ouvrage édité par Fayard, propriété de Vincent Bolloré. - Le Monde
📰 Les restrictions budgétaires imposées par l’administration Trump à l’Usaid, l’agence américaine d'aide internationale, fragilisent de nombreux médias à travers le monde. Selon une note de l’Usaid, qui n’est plus en ligne, l’agence avait financé la formation et le soutien de 6 200 journalistes et soutenu 707 médias, en particulier dans des pays où la liberté de la presse n’est pas garantie. Ainsi, au Salvador, Voz Pública pourrait voir s'évaporer 70% de ses ressources, tandis qu'en Colombie, La Silla Vacía perdrait un dixième de son budget. - Nieman Lab
🚒 En Patagonie argentine, le mois de février a été marqué par des incendies dévastateurs, dont les dégâts ont été aggravés par la politique du gouvernement d’extrême droite de Javier Milei. «L’administration Milei a définancé le Service national de gestion des incendies, avec des coupes budgétaires de 73% en 2024 par rapport à 2023», a dénoncé le journal local d’opposition El Destape, comme l’a repéré Courrier international. Détentions arbitraires, contrôles d’identité, routes fermées… Le média La Relève et la peste souligne aussi que le gouvernement argentin complique les efforts citoyens pour éteindre les feux eux-mêmes.
🇩🇪 La gronde anti-écolo a-t-elle servi de carburant aux partis de droite et d’extrême droite en Allemagne, sortis renforcés après les élections législatives de février dernier ? Selon le journal britannique The Guardian, il est difficile de savoir si les attaques récurrentes contre les politiques climatiques ont joué un rôle dans le succès électoral de la droite : les migrations et la sécurité ayant été les principaux sujets de campagne pendant les législatives. Mais le journal constate, dans un reportage, que les termes «absurde» et «éco-dictature» trouvent un écho grandissant dans les bastions conservateurs du pays, comme la Bavière. - The Guardian

· Mercredi 26 mars, l’émission de Cyril Hanouna «Touche pas à mon poste» s’est terminée après 15 ans d’existence. Alors que l’animateur était à sa tête, l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) a sanctionné 35 fois le programme. C’est la fin d’un plateau où l’on parle bien plus de slip que de climat et où se sont enchaînés vidéos violentes, canular homophobe, propos discriminatoires à l’encontre des personnes handicapées, coups, agressions sexuelles etc. Cyril Hanouna, lui, poursuit sa carrière au sein du groupe M6. - Sud Ouest
· Le collectif inter-organisations Désarmer Bolloré, constitué en juillet dernier pour lutter contre l’influence grandissante du milliardaire d’extrême droite, a lancé ses marque-pages. L’idée ? En diffuser des centaines de milliers à l’intérieur des livres édités par Bolloré/Hachette. «Un geste simple et pas délictuel, qui permet d’alerter le lecteur sur ce qu’il a entre les mains», indiquent les militant·es. Vous pouvez les télécharger juste ici.


👁️ Non mais algo ?! Le Département américain de l’efficacité gouvernementale, piloté par le milliardaire libertarien Elon Musk, emploie l’intelligence artificielle pour surveiller et virer les employés fédéraux des États-Unis. Une action que certains observateurs qualifient de «coup d’État numérique». Analyse de Théo Alves Da Costa, ingénieur spécialiste de l’IA et co-président de l’association Data For Good.
👉 Cliquez ici pour lire cet article.
🔥 Ils s’Ademe fort. Depuis plus de dix ans, l’agence de la transition écologique délègue sa stratégie de communication à… une filiale de l’empire Bolloré. Havas, la plus grande agence de publicité française – propriété du milliardaire d’extrême droite –, engrange ainsi plus de 800 000 euros par an. Un curieux mélange des genres sur lequel Streetpress a enquêté.
👉 Cliquez ici pour lire cet article de Lina Rhrissi.
🇧🇷 Braises il y a. Cette semaine, la capitale du Brésil héberge deux événements majeurs sur la désinformation climatique. Parmi eux : le Sommet pour l’intégrité de l’information sur le changement climatique, organisé par une coalition de 80 organisations de la société civile. Présente sur place, l’association Quota Climat nous raconte ce qui s’y trame.
👉 Cliquez ici pour lire l’article de Quota Climat.

Boycotter Coca, Apple ou Spotify : «un parcours du combattant», la chronique de Loup Espargilière dans la Terre au carré
McDo au mur. Au micro de France inter, le rédacteur en chef de Vert a tenté de lister les entreprises qui soutiennent Donald Trump et sa politique d'extrême droite. Objectif : tourner le dos à leurs produits, en signe de contestation. Mais ça n'est pas chose simple. Outre leurs effets économiques difficilement quantifiables, les appels au boycott sont surtout des outils politiques puissants (notre article).
👉 Cliquez ici pour (ré)écouter cette chronique diffusée sur France inter, mercredi 26 mars 2025. Et juste là, pour voir quelles entreprises ont soutenu financièrement Donald Trump.
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+ Théo Alves Da Costa, Margot Desmons, Loup Espargilière, Eva Morel, Zoé Neboit, Mathilde Picard, Justine Prados, Juliette Quef, Lina Rhrissi et Sanaga ont contribué à ce numéro.