Explications

Au Brésil, à quelques mois de la COP30, la naissance d’une coalition mondiale de lutte contre la désinformation climatique

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Braises il y a. Cette semaine, la capitale du Brésil héberge deux événements majeurs sur la désinformation climatique. On vous les présente et on vous raconte ce qui s’y trame.

Pour la première fois, les acteurs les plus éminents de la lutte contre la désinformation climatique à travers le monde sont rassemblés au même endroit, à Brasília (Brésil). Encore mieux : ils sont explicitement soutenus par le gouvernement brésilien et les Nations unies.

80 organisations de lutte contre la désinformation étaient rassemblées à Brasilia (Brésil), lundi 24 mars 2025. © Alex Amaral/Sommet pour l’intégrité de l’information sur le climat

D’un côté, une coalition de 80 organisations de la société civile (dont QuotaClimat) organise le Sommet pour l’intégrité de l’information sur le changement climatique. De l’autre, le Brésil lance l’Initiative mondiale sur l’intégrité de l’information sur le changement climatique. Les deux événements ont pour objectif de rassembler les acteurs les plus impliqués en matière de lutte contre la désinformation climatique et de s’accorder sur des solutions.

Des projets qui interviennent à quelques mois de conférence des Nations unies (COP30) sur le climat, qui se déroulera en novembre prochain à Belém, au Brésil. Et, lors de cet événement, la défense d’une information fiable sera au cœur des négociations.

Alors que les assauts portés contre la science, l’information et les défenseur·ses de l’environnement se multiplient à travers le monde, la résistance s’organise enfin.

Cette semaine, dans les réunions, des points d’accord ont émergé. La représentante des Nations unies au Sommet pour l’intégrité de l’information sur le changement climatique l’affirme : l’heure de l’auto-régulation est révolue. Nous ne pouvons plus faire confiance aux médias pour combattre une menace si diffuse et si rentable que la désinformation. Nous avons besoin de l’appui des États.

Désinformer est une manne financière. L’ONG Conscious advertising network rappelle un ordre de grandeur vertigineux : le marché de la publicité, en pleine expansion, a atteint le trillion de dollars de chiffre d’affaires annuel. Et cet argent finance majoritairement les réseaux sociaux et autres grandes plateformes numériques. Mais l’industrie ne décide pas de l’endroit où sont placées ses publicités : beaucoup finissent alors par financer des contenus haineux, violents… et de la désinformation.

Inégalités face à la désinformation

Deuxième constat, porté par la coalition Climate action against disinformation : la désinformation est désormais utilisée comme une arme, au sein d’une course à l’armement géopolitique, économique et idéologique. Les intérêts de ceux qui la manipulent sont convergents (l’industrie fossile et l’extrême droite s’emploient à décrédibiliser la science du climat), et donc redoutablement efficaces.

Il ne s’agit pas de s’armer en retour, mais de désarmer ceux qui désinforment.

Pour ce faire, nous disposons de deux leviers : la démonétisation de la désinformation, en incitant les annonceurs à refuser d’afficher leurs publicités à côté de contenus illicites ; et son encadrement par la loi.

En cela, la première sanction financière de 20 000 euros, émise en juillet 2024 par l’Arcom – le régulateur audiovisuel français –, est citée comme un exemple inspirant, à répliquer. L’amende avait été adressée à la chaîne d’info en continu CNews, pour désinformation climatique, alors que des propos climatosceptiques n’avaient pas été contredits en plateau par les journalistes.

Des stratégies de défense existent aussi, comme le pre-bunking : il consiste à préparer l’opinion à la désinformation, pour réduire ses effets, dans un contexte où le fact-checking – vérifier les informations a posteriori – semble dérisoire. Mais ces stratégies agissent sur le temps long, et doivent donc être combinées à des remèdes d’urgence.

Dernier constat frappant : la vulnérabilité de la population à la désinformation est variable. Les organisations mobilisées contre la désinformation climatique ont du mal à toucher les populations rurales et celles qui ont le moins accès à l’éducation – comme l’ont rappelé cette semaine les organisations qui représentaient les populations indigènes d’Amazonie. Il reste aussi du chemin à parcourir pour mieux aborder l’impact de la désinformation sur les élites économiques et politiques, qui va jusqu’à les persuader d’un désamour populaire pour l’écologie. Une idée qui est démentie par les faits.

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