Décryptage

Dans Touche pas à mon poste, on parle (beaucoup) plus de slips que du changement climatique

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Il n’y a pas que les affaires de Vin­cent Bol­loré que Cyril Hanouna passe sous silence. Sa tris­te­ment célèbre émis­sion Touche pas à mon poste (TPMP), dont l’audience atteint par moment les deux mil­lions de téléspectateur·rices, a ses sujets phares. Et le cli­mat n’en fait pas par­tie, sauf quand il fait le buzz.

Pour nous en con­va­in­cre, nous avons épluché, avec les expert·es de Data for Good et Quo­ta cli­mat, les thèmes abor­dés lors des douze derniers mois en fonc­tion de cer­tains mots-clefs à l’aide de l’outil Medi­a­tree. Et ce que nous avons trou­vé dépasse de loin nos espérances.

Le mot « slip » a par exem­ple été pronon­cé 74 fois en douze mois par Cyril Hanouna et ses chroniqueur·ses. C’est une fois et demie plus que les mots « cli­mat », « change­ment cli­ma­tique », « urgence écologique » et d’autres syn­onymes réu­nis (48 occur­rences). Ce sont avant tout les événe­ments extrêmes (canicules), les polémistes (Eric Zem­mour, Eric Ciot­ti) et les polémiques (boy­cott de la Coupe du Monde, Mbap­pé et les chars à voile, etc.) qui ont invité le cli­mat sur le plateau de TPMP.

C’est ain­si que le col­lec­tif Dernière réno­va­tion, aux actions très médi­a­tiques par­mi lesquelles l’interruption du Tour de France ou le blocage d’axes routiers, a été invité à trois repris­es. Théo Alves Da Cos­ta, de l’association Data for good, a noté un change­ment de ton pro­gres­sif de la part des chroniqueurs, dont certain·es ont par­fois fait de réels efforts pour ten­ter de com­pren­dre les moti­va­tions des activistes. Ain­si de Gilles Verdez, d’abord résol­u­ment opposé aux représentant·es de Dernière réno­va­tion, qui aura pro­gres­sive­ment dévelop­pé une empathie à l’endroit de leur com­bat pour un change­ment rad­i­cal de société.

Si les chroniqueur·ses de TPMP parais­sent pro­gres­sive­ment mieux saisir les enjeux cli­ma­tiques, les répons­es à apporter « sont encore trop forts pour eux », note Théo Alves Da Cos­ta qui, après avoir passé en revue un an d’émissions, ressent « un mélange de dégoût et d’un tout petit peu d’espoir » : « Mine de rien, ils lais­sent la place à des activistes, même si c’est pour le buzz. Je suis agréable­ment sur­pris de voir cette empathie gran­dis­sante et cette sen­si­bil­i­sa­tion des chroniqueurs sur ces sujets. En un an, on voit vrai­ment une dif­férence ».

D’autres séquences sont plus dés­espérantes. Comme lorsque Cyril Hanouna com­mente, hilare, un pas­sage de l’émission « Au tableau » dans lequel le can­di­dat d’extrême droite à la prési­den­tielle, Eric Zem­mour des­sine ce qui ressem­ble à « un zigouni » (un zizi) en ten­tant d’expliquer à des enfants le change­ment cli­ma­tique. TPMP par­le tou­jours qua­tre fois moins de cli­mat que d’influenceurs, et à peine plus que de la star des réseaux soci­aux Kim Kar­dashi­an.