L'hebdo

Humer tue

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🕵️‍♂️ A l'occasion de la campagne présidentielle, l'équipe de Vert s'étoffe. Lundi, nous avons eu le plaisir de compter une nouvelle journaliste parmi nous. C'est Anne-Sophie Novel,  journaliste spécialiste des alternatives écologiques, qui nous a rejoints !
 
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Les majors pétrogazières ne comptent même plus les fuites tandis que l’on s’asphyxie avec la conduite.


Avec ses centaines de fuites de méthane, souvent volontaires, l’industrie fossile accélère le chaos climatique 

Ça a fuité. Grâce à des satellites, des scientifiques ont mis au jour près de 2 000 fuites de méthane sur le globe. L’industrie du pétrole et du gaz est responsable de la plupart de ces échappements qui aggravent encore un peu plus la crise climatique. 

Le méthane (CH4) est le deuxième gaz à effet de serre le plus présent dans l’atmosphère, derrière le dioxyde de carbone (CO2). Il est aussi bien plus néfaste que ce dernier, avec un pouvoir de réchauffement 86 fois supérieur au CO2 au cours des 20 premières années passées dans l’atmosphère.

Publiée jeudi dans la revue Science, une étude a révélé quelque 1 800 fuites observées entre 2019 et 2020. 1 200 d’entre elles sont directement imputables à l’exploitation d’hydrocarbures. Piloté par le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, avec l’aide de la start-up française Kayrros, spécialisée dans l'analyse de données, ce travail est basé sur des observations satellites quotidiennes depuis la plateforme européenne « Tropomi ».

Carte montrant la localisation des principaux gazoducs (en bleu) et les principales sources d’émissions de méthane liées à l’industrie pétrolière et gazière (en orange). Cliquez sur la carte pour l'afficher en pus grand. © Kayrros Inc., Esri, HERE, Garmin, FAO, NOAA, USGS, OpenStreetMap

Ces fuites observées dans des exploitations de pétrole ou de gaz relâchent environ huit millions de tonnes de méthane par an. Soit l’équivalent de 8 à 12% des émissions totales de méthane issues du secteur des hydrocarbures. La plupart de ces échappements ont été détectés dans une poignée de pays : la Russie, l'Algérie, le Turkménistan, les États-Unis, l’Iran, l'Ouzbékistan. 

En outre, « la majorité de ces fuites ne sont pas des accidents mais intentionnelles », a indiqué au Monde Thomas Lauvaux, co-auteur de l'étude. Certaines d’entre elles ont lieu lors d’opérations de maintenance des infrastructures, notamment lors de la vidange des pipelines. Le méthane est directement relâché dans l’atmosphère, plutôt que d’être torché, ce qui le changerait alors en CO2. 

Pourtant, colmater ces fuites permettrait aux exploitants pétro-gaziers d’économiser beaucoup d’argent. « En prenant en compte les coûts sociétaux sous-jacents aux impacts sur le climat et la qualité de l’air ainsi que le prix du gaz perdu, l’étude montre que les limiter serait synonyme de milliards de dollars d’économies nettes pour les pays qui en sont responsables », explique le CNRS, qui a participé aux travaux.

De plus, puisque ce gaz produit l’essentiel de ses effets dans les premières années passées dans l’atmosphère, agir à la source contre les fuites de méthane est l’une des manières les plus simples et rapides d’enrayer le réchauffement climatique, comme l’avait souligné un rapport des Nations Unies en mai 2021.

· Au petit matin de ce mercredi, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), une trentaine de personnes se sont introduites sur le chantier du futur complexe aquatique qui doit sortir de terre avant les Jeux olympiques 2024. Certain·es se sont enchaîné·es aux engins qui ont déjà commencé à détruire les jardins ouvriers des Vertus, devenus « Jardins à défendre » (JAD) depuis que le projet est à l'œuvre. 14 personnes ont été placées en garde à vue et plusieurs d'entre elles étaient toujours en garde à vue au moment de notre envoi. - Reporterre

· Mercredi encore, la Commission européenne a finalement inclus le gaz et le nucléaire dans sa « taxonomie verte », leur permettant de recevoir des financements dédiés à la transition écologique.Une décision largement décriée par des ONG et des expert·es. (notre article)

· Construit dans un chantier naval de Rotterdam (Pays-Bas), le nouveau superyacht du milliardaire Jeff Bezos est d'une taille si extravagante qu'il ne peut pas passer sous le pont de Koningshaven. Résultat, ce superbe édifice aux faux airs de tour Eiffel sera partiellement démonté pour permettre au nouveau jouet du patron d'Amazon (estimé à 430 millions d'euros) de gagner la mer. Comme le rappelait le Laboratoire mondial des inégalités dans un récent rapport très commenté, les plus riches ont un rôle disproportionné dans l'aggravement de la crise climatique.The Guardian.

Le yacht de Jeff Bezos, baptisé Y721 © Tom van Oossanen
La hauteur correspond aux émissions moyennes exprimées en tonnes de CO2 par personne et par an. La largeur désigne la taille de la population. Cliquez sur l'image pour l'afficher en grand. ©  Visual Capitalist

Qui sont les principaux émetteurs de CO2 au monde ? En valeur absolue, c’est la Chine qui tient le haut du classement. Mais si l’on rapporte les émissions au nombre d’habitant·es par pays, le classement est tout autre.

Dans cette visualisation proposée par le site canadien Visual Capitalist, les émissions prises en compte sont celles liées au secteur de l’énergie, qui représente en moyenne 75% du total mondial. Ce bilan ne mesure pas les émissions dues aux produits importés ; c’est pour cette raison que le chiffre affiché pour la France est de 4,3 tonnes de CO2 par an, alors que l’empreinte carbone des Français·es, qui retient les émissions importées, monte à dix tonnes (le détail ici).

L’infographie révèle l'importante corrélation entre le niveau de richesse et les rejets carbonés d’un pays. Par exemple, un·e Qatari·e émet 31 tonnes de CO2 par an, alors que les pays africains (hors Afrique du Sud) affichent une moyenne de 0,7 tonne par personne.

La moyenne mondiale est de 4,4 tonnes par an et par habitant·e ; or, pour espérer maintenir l’augmentation de la température mondiale à un niveau inférieur à deux degrés, il faudrait descendre en dessous de deux tonnes d’ici 2050. 

· L’amer monte. La calotte glaciaire du Groenland a perdu 4 700 milliards de tonnes en vingt ans, selon des données publiées lundi par le Polar Portal, un réseau danois de recherche sur l’Arctique. Une masse suffisante pour couvrir l’ensemble du territoire des États-Unis par un demi-mètre d’eau. Selon l’institut scientifique, cette perte aurait contribué à elle-seule à une hausse des océans de 1,2 centimètre depuis 2002. - Le Monde (AFP)

· Fans de ménage. L'Agence de la transition écologique (Ademe) a accompagné 21 foyers français dans l'inventaire et le désencombrement de leur logement. Mardi, elle a dévoilé des résultats impressionnants après sept mois d'expérimentation. En moyenne, les participant·es se sont séparé·es de 31% de leurs objets - toutes catégories confondues. Ce désencombrement a permis un gain d’espace allant jusqu’à 60% dans certains foyers. - Vert 

· C'est chaud. Entre 1980 et 2020, les catastrophes « naturelles » ont fait jusqu'à 145 000 victimes en Europe, a établi l'Agence européenne de l'environnement dans une étude publiée jeudi. Inondations, feux de forêts et vagues de chaleur ont causé des pertes évaluées à 520 milliards d'euros ; autant d'événements qui se multiplient et s'intensifient sous l'effet du bouleversement du climat. Le plus meurtrier d'entre eux fut la canicule de 2003, qui a tué 80 000 Européen·nes.

· On n'en peut PUF ! Les niveaux de particules ultrafines (PUF) sont deux à trois fois plus élevés en zone urbaine qu’en zone rurale, a révélé une nouvelle étude d'Airparif, l’organisme chargé de la surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France. Classées depuis 2018 par l’Anses dans la liste des polluants prioritaires, ces poussières ne sont pas encore réglementées, et l'on commence tout juste à les mesurer. On fait le tour de la question sur vert.eco

Yannick Jadot en 2019. © FNMF - A. Laurin

C’est à Lyon, capitale des Gaules et des métropoles conquises par les écologistes lors de la « vague verte » des municipales de 2020, que Yannick Jadot a présenté les grandes lignes de son « programme des possibles » samedi dernier.

sur vert.eco

· Échec Total. Il prévoyait d’installer un centre de recherche et développement au cœur du campus de Polytechnique à Saclay (Essonne) ; visé par de nombreux recours contre son ingérence dans la prestigieuse école d’ingénieurs, le pétrolier TotalEnergies vient d’annoncer l’abandon de son projet. La Sphinx, Greenpeace et Anticor, trois associations engagées contre cette implantation, ont salué « la mobilisation inédite des étudiantes et étudiants ». - Vert

 
· Trêve de pas science. Elles et ils sont climatologues, océanographes, sociologues ou économistes ; dans une tribune à France info publiée mardi, 1 400 scientifiques exhortent les candidat·es à la présidentielle et les médias à ne plus passer sous silence les indispensables débats sur les crises liées au climat.  - Vert

· La fin d'un climat Demeter. Mardi, le tribunal administratif de Paris a mis fin aux activités de la cellule Demeter contre « l’agribashing ». Créée en 2019, cette cellule qui unit la gendarmerie et le syndicat de la FNSEA a servi à surveiller et entraver les associations écologistes. Celles-ci ont applaudi la décision de la justice, qui a enjoint le ministère de l'Intérieur à cesser de réprimer les « actions de nature idéologiques ». - Vert

· La forêt qui cache les arbres. Il reste 9 200 essences d’arbres à découvrir sur Terre, soit 14% de plus que les espèces déjà connues, estime une étude publiée par l’Académie nationale des sciences des États-Unis. Ce décompte inédit permettra aux scientifiques de mieux évaluer le déclin potentiel de la biodiversité forestière à l’avenir. - Vert

« Le sens de la formule », ou l'histoire des hippies du bio

C'est bio à voir. Dans Le sens de la formuleWilly Waller et Pierre Lecrenier croquent les débuts artisanaux de Body nature - une entreprise de produits ménagers et de cosmétiques bio - au cœur des années 70, lorsque le tout-chimique est roi. Récit en bande-dessinée d’une aventure entrepreneuriale où l’amour de la nature se conjugue avec un sens aigu des affaires.  

Nauru, histoire d'un effondrement

Île pas si chic. Plantée au milieu du Pacifique, la petite île de Nauru a connu des heures fastes grâce à l'exploitation de ses importants gisements de phosphate, utilisés pour la fabrication d'engrais et d'explosifs. Mais au début des années 1990, les ressources se sont taries et le pays a plongé dans une crise économique, sanitaire et environnementale. Son histoire, retracée par Brut, est une leçon pour beaucoup d’autres États, à commencer par ceux qui dépendent fortement des ressources pétro-gazières.

© Brut

+ Mathilde Doiezie, Loup Espargilière, Anne-Sophie Novel, Anne-Claire Poirier et Juliette Quef ont contribué à ce numéro