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Plus de 9 000 espèces d’arbres restent à découvrir

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La forêt qui cache les arbres. La planète compte 9 200 essences d’arbres qui nous sont encore incon­nues, soit 14% de plus que les espèces déjà recen­sées, révèle une étude pub­liée par l’Académie nationale des sci­ences des États-Unis.

64 100 espèces d’arbres ont déjà été iden­ti­fiées par les botanistes du monde entier. Mais quelle est l’ampleur des espèces à décou­vrir? Il y en aurait 9 200, selon la plus vaste esti­ma­tion réal­isée à ce jour pour réper­to­ri­er la bio­di­ver­sité forestière. Pub­liée le 31 jan­vi­er par la revue sci­en­tifique améri­caine PNAS (Pro­ceed­ings of the Nation­al Acad­e­my of Sci­ences), cette étude est le fruit du tra­vail con­joint de plus d’une cen­taine de chercheur·ses. Les sci­en­tifiques ont analysé plus de 38 mil­lions d’arbres sur le ter­rain dans quelque 90 pays. 

L’étude répond à trois besoins. Tout d’abord, les sci­en­tifiques expliquent qu’« estimer le nom­bre d’espèces d’arbres est essen­tiel pour informer, opti­miser et pri­oris­er les efforts de préser­va­tion des forêts autour du globe ». De plus, la majorité des espèces encore non-décou­vertes sont des essences rares. De ce fait, elles sont plus vul­nérables au risque d’extinction. Mieux les con­naître per­met d’enrayer leur dis­pari­tion. Enfin, l’établissement d’une base de don­nées à un instant “T” per­me­t­tra à l’avenir aux sci­en­tifiques de mieux éval­uer le déclin poten­tiel de la bio­di­ver­sité.

Si la var­iété d’arbres était sous-éval­uée jusqu’à présent, c’est notam­ment en rai­son de la dif­fi­culté d’accès à cer­taines régions du globe. En Amérique du sud, le bassin ama­zonien, regorge d’espèces végé­tales dans des zones par­fois imprat­i­ca­bles.

Les sci­en­tifiques ont com­biné leurs recherch­es (en bleu) avec plusieurs bases de don­nées (en vio­let). En vert, on peut voir la cou­ver­ture forestière glob­ale, sou­vent cachée der­rière les points de couleur. Le graphique indique aus­si les espèces les plus fréquem­ment réper­toriées sur chaque con­ti­nent ain­si que le nom­bre d’espèces et d’arbres. © PNAS

Pour arriv­er à ces nou­velles esti­ma­tions, les sci­en­tifiques ont dévelop­pé une méth­ode d’analyse inédite. Ils et elles ont notam­ment util­isé des tech­niques de décodage héritées de la Sec­onde Guerre mon­di­ale, comme l’estimation de la fréquence appelée « Good-Tur­ing ». Cette méth­ode sta­tis­tique per­met d’estimer la prob­a­bil­ité de ren­con­tr­er un objet d’une espèce invis­i­ble jusqu’alors, en prenant en compte un ensem­ble d’observations passées. Con­crète­ment, les sci­en­tifiques ont déter­miné l’oc­cur­rence d’événements rares - à savoir les espèces d’arbres incon­nues - à par­tir des essences rares déjà observées.

« Compter le nom­bre d’espèces d’arbres à l’échelle du globe est comme un puz­zle avec des pièces étalées dans le monde entier. On l’a résolu en équipe et cha­cun a partagé sa pièce du puz­zle », a expliqué au Guardian la chercheuse Jingjing Liang, une des autri­ces prin­ci­pales de l’étude.

La recherche a mon­tré que 43% des espèces recen­sées se trou­vent en Amérique du Sud. C’est aus­si le con­ti­nent qui abrite le plus fort taux d’endémisme : 49% des essences réper­toriées n’existent qu’à cet endroit du globe.