L'hebdo

Champs de batailles

Chères toutes et chers tous,

🎥  Mercredi, notre journaliste Jennifer Gallé était invitée sur Le talk de France info pour une émission dédiée à la crise agricole. Un échange passionnant en compagnie de l’agronome Marc Dufumier et de Laure Piolle, du réseau France nature environnement (FNE). Le live est à retrouver juste ici.

🗓️ Vert est partenaire de la quatrième édition du salon Talents for the planet, qui aura lieu au Parc floral de Paris (12ème arrondissement) le 6 mars prochain. Au menu : des conférences, des ateliers et des rencontres avec les acteurs de la transition écologique et sociétale. Plus d’informations juste ici.


Des lycées agricoles aux vocations néo-rurales ou familiales, le monde paysan cherche encore et toujours sa voie royale.


François, agriculteur bio, et Louis, éleveur en conventionnel, veulent tous deux «nourrir le monde et entretenir la terre»

De terre en fils. François Renou et Louis Besnard, la vingtaine, se sont chacun mis à leur compte récemment, tous deux en plein cœur du bocage sarthois, à une trentaine de kilomètres du Mans. Portrait croisé de deux jeunes agriculteurs que tout semble opposer.

Âgé de 25 ans, François Renou a rejoint son père dans la ferme familiale en juin 2023, alors en pleine transition vers le bio. Son arrivée a marqué un tournant dans l’exploitation, puisque c’est à ce moment qu’est décidé de cesser l’élevage de porc. «C’était ma décision, explique-t-il à VertÇa ne me plaisait pas comme élevage, ce n'était pas dans ma philosophie. Je n'ai pas envie d'élever des mangeurs de graines. Je préfère que les céréales soient consommées par les êtres humains.»

François Renou veut mettre l’élevage de ruminant au cœur de son exploitation. © Alexandre Carré/Vert

Entourée par une grande plaine céréalière, la ferme repose désormais sur un cheptel de 40 charolaises allaitantes, 15 taurillons et une dizaine de bœufs avec 150 hectares, dont 40 de prairies permanentes pour la pâture. «Avant, toutes nos cultures allaient dans l’alimentation des porcs, décrit le jeune homme. Maintenant, on peut semer des variétés pour les humains et participer à la souveraineté alimentaire, sans faire mal au climat.»

À une vingtaine de kilomètres plus à l’est, Louis Besnard, 24 ans, s’est installé seul il y a deux ans. Il a racheté une ferme pour relancer un élevage de taurillon charolais arrêté par l’ancien propriétaire sept ans plus tôt. «Tout le monde savait que le cédant allait partir à la retraite, donc je suis allé le voir il y a trois ans pour négocier le prix d’achat, raconte-t-il. J’ai fait un plan d’étude pour savoir ce qui marchait dans la ferme et j’ai racheté après une tonne de paperasse.»

Louis Besnard nourrit ses taurillons tous les matins et utilisent le fumier pour fertiliser ses champs. © Alexandre Carré/Vert

Après quelques rénovations dans les deux bâtiments d’élevage, il a investi dans 80 broutards charolais. Ces gros veaux, de 350 à 400 kilogrammes, sont nourris par l’éleveur pendant huit mois à la ferme. «Chaque bête prend 1,6 kilo de masse par jour, indique Louis. À terme, elles prennent donc environ 425 kilos de poids vif», soit le double de leur poids initial. 

👉 Cliquez ici pour lire la suite de ce reportage d'Alexandre Carré.

· Lundi, plus de 1 000 scientifiques ont dénoncé la «régression pour la santé et l’environnement» que constituent les concessions faites aux agriculteurs par le gouvernement. Elles et ils rappellent le consensus sur les conséquences délétères des intrants de synthèse sur la santé et la biodiversité, et réaffirment «la nécessité d’une coopération entre les pouvoirs publics, les agriculteurs, les citoyens et les scientifiques». - Le Monde (abonné·es)

· Mardi, le gouvernement a interdit aux industriels de nommer des produits végétaux par des noms de produits carnés (steak, lardons ou encore escalope). Selon les acteurs de la filière animale - éleveurs et industriels -, ces appellations seraient source de confusion pour les consommateur·ices. Le gouvernement avait déjà publié un décret similaire en juin 2022, qui avait été suspendu en référé par le Conseil d’État. - Libération (AFP)

· Jeudi, une étude d’Airparif, l’organisme qui surveille la qualité de l’air en Ile-de-France, révélait que la concentration en particules ultrafines (PUF) aux abords de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle est tout aussi élevée que le long du périphérique parisien. En raison de leur taille, les PUF sont les particules fines les plus dangereuses pour la santé car elles pénètrent le système sanguin, rejoignent le cerveau et traversent le placenta. - Le Monde (abonné·es)

· Aux larmes citoyens. Deux ans après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les dommages humains et environnementaux sont gigantesques. Le président russe pourrait-il être poursuivi pour atteintes aux écosystèmes causées par la guerre ? Éléments de réponse avec Marie-Ange Schellekens, spécialiste en droit de l’environnement, dans notre entretien à découvrir juste ici

· Cœurs d’agris chauds. Meilleure rémunération, accompagnement dans la transition, simplification administrative : les revendications étaient nombreuses à l’ouverture du 60ème Salon de l’agriculture à Paris samedi dernier. Vert y a rencontré plusieurs agriculteurs venus dire leur colère. Découvez notre reportage juste ici

· Classes vertes ? Depuis 2014, l’enseignement agricole est censé avoir pris le virage de l’agroécologie. Dans la pratique, l’impulsion dépend fortement de la volonté des profs, des réticences de certain·es élèves et, parfois, de la pression des agriculteur·ices du coin. Retrouvez notre décryptage juste ici.  

· Un monde de broute. Viande, lait, œufs… l’élevage nous nourrit. Mais ses effets sur les sols, l’eau, le climat et le bien-être animal sont majeurs. Existe-t-il des modes d’élevage compatibles avec les impératifs écologiques ? On explore des pistes de réponse dans le nouvel épisode du Vert du faux

Ça nous pend au Neom. Pour alimenter la future mégalopole Neom, EDF s’apprête à construire et exploiter une centrale hydroélectrique en plein désert saoudiena révélé la cellule investigation de Radio France ce vendredi. De l’eau sera prélevée dans la mer Rouge puis traitée par une usine de dessalement construite pour l’occasion et transportée par pipeline dans le désert. Elle sera implantée dans la mégalopole Neom, le projet dystopique lancé par le prince héritier Mohammed ben Salmane en 2017. Cette gigantesque cité sortie du sable abritera une station de ski, une île de luxe pour touristes et une «ville immeuble» de 500 mètres de hauteur et 170 kilomètres de long, baptisée The Line. Des employé·es d’EDF dénoncent les pressions subies pour les contraindre à prendre part à ce projet. Par ailleurs, plusieurs habitant·es refusant de vendre leurs terres à l’État ont été condamnés à mort. La direction d’EDF jure sans ciller que cette centrale permet au groupe de «contribue[r] à la transition énergétique» de l’Arabie saoudite.

«Sans démocratie, ni pluralisme, il n’y a pas de transition écologique»

- Alice Barbe, cofondatrice de l’ONG Singa

Démocratie si, si. Entrepreneure sociale, Alice Barbe est cofondatrice et ex-directrice de l’ONG Singa qui œuvre à l’intégration des personnes réfugiées. Elle a créé l’Académie des futurs leaders pour former une nouvelle génération de dirigeant·es politiques progressistes. À Vert, elle rappelle l’importance de nourrir la démocratie et de batailler contre l’extrême droite pour engager la transition écologique.

👉 Cliquez ici pour lire cet entretien réalisé par Juliette Quef. 

L’entrepreneure sociale Alice Barbe. © Corentin Pholon

· C'est géant. La Haute cour de Dacca vient d’interdire l’élevage d’éléphants en captivité au Bangladesh. Les populations de pachydermes ont été décimées par le braconnage et la destruction de leurs habitats naturels. «Une décision historique», saluée par Rakibul Haque Emil, directeur de la fondation People for animal welfare, à l’origine d’un litige contre l’octroi de permis d’élevage. - 20 minutes

· Retour de femmes. Le Sénat a voté mercredi en faveur de l’inscription dans la Constitution de la «liberté garantie» des femmes d’avoir recours à une Interruption volontaire de grossesse (IVG), après le vote de l’Assemblée nationale fin janvier. Le Parlement se réunira en Congrès le 4 mars pour l’ultime étape de cette révision constitutionnelle. «C'est une victoire féministe immense», a réagi la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, qui a porté cette inscription. - France info (AFP)

· Contre vents et maraîchers. Un guide du collectif Pour un réveil écologique entend faciliter l’installation de paysan·nes qui ne viennent pas du monde agricole - une démarche semée d’embuches mais essentielle pour pérenniser un secteur vieillissant. Découvez notre décryptage juste ici

Un collectif de jeunes maraîcher·es s'est installé dans le Calvados il y a un an après des reconversions professionnelles. © DR

Prix du livre jeunesse écolo 2024 : découvrez les douze ouvrages en compétition

Graines de lecteurs. Le faiseur de nuages, La chanson de l’étourneauThéo et les bottes vertesÖHectorPourquoi on mange les animaux… le Festival du livre et de la presse d’écologie (Félipé) a dévoilé sa sélection du Prix du livre jeunesse écolo 2024. Une valeur sûre pour les parents.

👉 Cliquez ici pour découvrir la sélection complète présentée par Juliette Quef.

Ikea, le saigneur des forêts

Néant vert. Fruit d’une enquête de deux ans, réalisée par les journalistes Xavier Deleu et Marianne Kerfriden, le documentaire de 90 minutes «Ikea, le seigneur des forêts» raconte les ravages causés par le roi du meuble sur la filière du bois. Alors que le géant suédois vante un approvisionnement durable, il est responsable de l’abattement de 1% des forêts chaque année, soit un arbre coupé toutes les deux secondes.

© Arte

+ Alexandre Carré, Loup Espargilière, Juliette Mullineaux, Justine Prados, Hélène Seingier, Juliette Quef et Sanaga ont contribué à ce numéro.