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Sangliers décapités, pneus et bottes de paille : en Charente-Maritime, la Coordination rurale s’en prend aux associations écologistes et à l’OFB

Que de cochons. Dans la nuit de mercredi à ce jeudi, le syndicat agricole a dégradé les locaux de la «police de l'environnement», de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et de la branche locale de l’ONG France Nature Environnement. La permanence du député écologiste Benoît Biteau a également été ciblée.
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La «méthode» Bertrand Venteau semble être déjà en application, moins d’un mois après l’élection de cet éleveur à la tête de la Coordination rurale. Partisan d’une ligne dure, le nouveau président du deuxième syndicat agricole de France avait promis à Vert vouloir «combattre l’écologie punitive» et renouer avec les actions «coup de poing» qui ont fait connaître son mouvement (notre article).

Le siège national de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a été vandalisé par la Coordination rurale dans la nuit du 10 au 11 décembre. © DR

Des paroles bien reçues en Charente-Maritime, où plusieurs membres de la «CR» ont mené une «sortie» dans la nuit de mercredi à ce jeudi 11 décembre. Elles et ils ont déposé «différentes décorations»selon leurs termes – devant les locaux d’associations écologistes, de l’Office français de la biodiversité (OFB) ou encore du député (Les Écologistes) Benoît Biteau. Les «décorations» en question : des bottes de paille, des tas de pneus, des pancartes «Nous sommes tous B. Venteau» ou «Stop à l’escrologie, laissez-nous travailler»… et des têtes de sangliers découpées.

Le siège national de la LPO vandalisé

La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a dénoncé des «actes de vandalisme» contre son siège national, basé dans les anciennes fonderies royales de Rochefort (Charente-Maritime). L’entrée de ses locaux a été obstruée par des pneus et des bottes de paille, recouvertes d’une banderole : «Avec vous France faillite». Une tête de sanglier et de nombreux tracts collés sur les vitres complètent le tout. Selon l’association de défense de la biodiversité, les locaux des réserves naturelles de Moëze-Oléron et de la Massonne, dont elle a la gestion, ont été également été ciblés.

Des bottes de paille et des «morceaux de sanglier» ont aussi été placés à l’entrée des locaux de Nature Environnement 17, la branche locale de France Nature Environnement, à Surgères. «Qui débat à coup de tête de sanglier coupée ?», a déploré l’association écologiste. Elle dénonce une «mise en scène cruelle, violente et inutile, qui n’a pas sa place dans le débat démocratique».

Mêmes images devant le siège local de l’OFB à Courcoury, où les fonctionnaires ont découvert un sanglier sur le toit, une montagne de pneus dans la cour du bâtiment et plusieurs banderoles à l’entrée. Établissement de l’État chargé de la surveillance et de la protection de la biodiversité, la «police de l’environnement» est régulièrement ciblée par certains syndicats agricoles, notamment en raison de ses contrôles sur les exploitations (notre article). La CR réclame régulièrement la suppression de l’agence.

Les adhérent·es de la Coordination rurale de Charente-Maritime ont également revendiqué une action similaire contre la permanence de Benoît Biteau, député-paysan (Les Écologistes) du département et fer de lance de l’opposition à la controversée loi agricole Duplomb. Une information confirmée à Vert par ses équipes parlementaires, qui n’ont pas souhaité réagir.

«Si cette colère est compréhensible, elle se trompe d’adversaires»

Dans un communiqué, les deux coprésidents de la Coordination rurale locale – qui n’ont pas répondu aux sollicitations de Vert – reprochent aux «associations écologistes» visées de mener des «actions d’agribashing». «Sous couvert de réunions publiques ou de débats citoyens, certains collectifs diffusent des messages qui remettent en cause la production agricole française et prônent une vision décroissante de notre économie», dénoncent-ils en citant le cas de la pétition contre la loi Duplomb.

«Les véritables responsables des difficultés des agriculteurs ne sont pas les associations de protection de la nature.»

Le syndicat leur reproche notamment de favoriser l’importation de produits traités à base de pesticides interdits en France : «Cette asymétrie crée une perception injuste et nuit à l’image de nos agriculteurs, pourtant engagés dans une transition agro-écologique exigeante. Contre les produits phytosanitaires chez nous, mais pas un mot sur les produits étrangers qui ne respectent aucune de nos normes : une hypocrisie totale.»

«Si cette colère est compréhensible, elle se trompe d’adversaires, a réagi la LPO. Les véritables responsables des difficultés des agriculteurs ne sont pas les associations de protection de la nature.» L’association dénonce un «système agro-industriel» qui «ravage nos campagnes et asservit ceux qui les cultivent». Son président, Allain Bougrain Dubourg, a quant à lui appelé «à la responsabilité et au dialogue, plutôt qu’à la violence et à la division».

«Il est probable que l’agression dont ont été victimes nos collègues de Nature Environnement 17 soit liée à l’efficacité de leurs actions pour le respect du droit dans leur département, et notamment concernant les dossiers liés à l’irrigation et aux pesticides», a de son côté réagi FNE. L’association nationale dénonce «l’impunité accordée par le gouvernement à ces enragés qui se vantent sur leurs réseaux sociaux de leurs agressions» et demande une rencontre immédiate avec les ministres de l’intérieur et de l’agriculture.

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