Travail que vaille. Pauline Chicoisne, Thomas Liénard et Pierre Dodeler avaient moins de trente ans au moment d’engager la révolution écologique de leur entreprise. Parfois confronté·es aux limites de leur action, elle et ils ont su imprimer une précieuse sensibilisation et un réel changement des usages en interne.
Il y a eu les bifurqueurs, les déserteurs, place aux écotafeurs. Contrairement à leurs congénères qui ont fait le choix de quitter leur voie professionnelle par conviction écologique, ces dernier·es sont resté·es dans leur entreprise pour agir de l’intérieur, afin de tenter d’adapter les modèles de production à un monde en surchauffe.
Comme le révèle un sondage OpinionWay pour 2050Now La Maison, paru en novembre 2024, 67% des 18-30 ans pourraient envisager de quitter leur boîte si elle n’est pas en phase avec leurs préoccupations environnementales. Et pour cause : 73% des jeunes se disent préoccupé·es par la crise écologique, un chiffre qui grimpe à 78% chez les 26-30 ans, la «génération climat».
Il leur semble clair que la politique des petits pas et des écogestes est obsolète : une grande majorité (75%) considère que les grandes entreprises doivent changer de modèle économique pour devenir durables. Pour la plupart des personnes sondées (71%), seules des actions radicales, «des mesures fortes plutôt qu’une politique des petits pas», pourraient provoquer un réel changement. Elles et ils sont prêt·es à s’engager : 77% considèrent qu’il est de leur responsabilité d’agir pour soutenir les causes sociales ou environnementales.
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Pour que leur voix portent plus, bon nombre de salarié·es se réunissent dans des collectifs qui fleurissent dans les entreprises. Des organisations comme Pour un réveil écologique ou Les Collectifs permettent de structurer l’action commune.
Cette dernière association «a été fondée il y a plus de trois ans par 27 groupes de salariés engagés pour l’écologie. Il y avait la nécessité de créer un cadre», rappelle Paul Chalabreysse, qui co-anime le réseau Les Collectifs. Aujourd’hui, 120 collectifs d’entreprise y sont rassemblés, avec un panel d’actions très varié : sensibilisation et formation, projets exemplaires, et des actions qui touchent au modèle d’affaires, à la gouvernance même de l’entreprise. Pierre Dodeler, consultant dans le cabinet de conseil Bain & Company, et membre du collectif La Green team, en est convaincu. L’ensemble de ces actions «fait se poser des questions, enclenche des réflexions. Et ça peut pousser à l’action ceux qui étaient déjà sensibles au sujet».
Créé en 2018, Pour un réveil écologique réunit des étudiant·es et de jeunes diplômé·es qui plaident pour une meilleure prise en compte des enjeux écologiques dans les écoles et les entreprises. Vert est allé à la rencontre de trois de ces jeunes salarié·es qui s’engagent pour faire changer les choses en profondeur dans leur entreprise. Avec une conviction commune, résumée par le data architect Thomas Liénard, «les actions individuelles ne font pas tout».
Thomas Liénard, data architect, a «choqué pas mal de monde» chez Thelio
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Thomas Liénard, 31 ans, est data architect pour Thelio, une société bordelaise spécialisée dans la donnée et basée. Ses clients sont de grandes entreprises comme Volvo, BNP Paribas, Engie, Renault, EDF ou l’Olympique lyonnais. Créateur du collectif Faire sa part au sein de son entreprise, il a fait évoluer en profondeur les modes de transport des 80 collaborateur·ices. Mais pas que ! Aujourd’hui, son entreprise évolue «pour orienter la data vers des projets à fort impact écologique pour nos clients.»
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Pauline Chicoisne veut en finir avec les passoires thermiques d’Action logement
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Pauline Chicoisne a rejoint Action logement en 2020, en alternance, à l’occasion de la structuration de la stratégie RSE du groupe, avant d’y être embauchée. À 25 ans, elle œuvre comme cheffe de projet au sein de la direction «innovation et développement durable» de cet acteur incontournable du logement social : «En 2023, nous avions éradiqué plus de 98% de nos passoires thermiques classées, devançant les exigences règlementaires qui fixent une élimination complète à 2034», se félicite-t-elle. Elle participe au suivi du plan de décarbonation du groupe, avec l’objectif de réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre dès 2030.
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Pierre Dodeler espère verdir le conseil en stratégie chez Bain & company
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Pierre Dodeler, 28 ans, est consultant au sein du cabinet international en stratégie et management Bain & Company, qui compte 19 000 salarié·es à travers le monde. Avec son collectif La green team, après avoir fait évoluer des usages en interne – par exemple sur la réduction des trajets en avion – il espère essaimer auprès des entreprises conseillées, des industries de l’énergie jusqu’aux services financiers, et à la grande distribution. Son défi : «voir si on peut aller plus loin dans nos manières de travailler et ce qu’on peut influencer chez nos clients».
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