Y’a du boulot

Portraits d’écotafeurs : Thomas Liénard, data architecte, a «choqué pas mal de monde» chez Thelio

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Work in progress. Série (1/3) : ces jeunes salarié·es de grandes entreprises veulent faire bouger les lignes de l’intérieur. Leur point commun ? À moins de trente ans, elles et ils ont engagé la révolution écologique de leur société. Rencontre avec Thomas Liénard, data architect pour Thelio, une entreprise bordelaise spécialisée dans la donnée.

La crise du Covid-19 a été l’électrochoc personnel de Thomas Liénard, 31 ans. «Pendant les confinements, j’ai commencé à me documenter sur le changement climatique et ses impacts. À cette époque, je suis tombé de ma chaise !», se souvient le data architect. Nous sommes alors en 2021 et quand Thomas retrouve les locaux de son entreprise – la société spécialiste de la data Thelio – et ses collègues, il sait déjà que rien ne sera plus comme avant.

Basée à Bordeaux, son entreprise compte plusieurs agences à travers la France, où travaillent 80 collaborateur·ices. Ses clients sont de grandes entreprises comme Volvo, BNP Paribas, Engie, Renault, EDF ou l’Olympique lyonnais. «J’ai fait une première présentation sur le réchauffement climatique à ma boite et à ma direction, j’ai choqué pas mal de monde !», se remémore-t-il.

Thomas Liénard (à gauche). © DR.

Il devient ensuite formateur de la fresque du climat et sensibilise ses collègues à l’urgence écologique grâce à cette session de formation. «À partir de là, tout le monde a compris que les actions environnementales étaient importantes, et que les actions individuelles ne font pas tout.» Le collectif Faire sa part naît alors sous son impulsion, avec deux missions : «Continuer à évangéliser les nouveaux collaborateurs et rendre l’entreprise exemplaire en interne.»

Les résultats sont vite au rendez-vous. Les quatre véhicules de la société, de bons gros SUV rutilants, sont remplacés par une flotte électrique. Les repas de l’entreprise deviennent 100% végétariens et l’avion, une exception. «Pour que les boomers fassent Bordeaux-Lyon en train plutôt qu’en avion, ça n’a pas été de tout repos», sourit Thomas.

Quête de sobriété

Il a fallu faire quelques concessions : «On a conservé l’avion quand il n’y avait pas le choix. Par exemple, pour un déplacement en Suède pour le compte d’une entreprise de l’industrie automobile, on a d’abord fait Lyon-Göteborg en train, en deux jours. Mais comme la nécessité de s’y déplacer était trop régulière, on a opté pour une formule train et avion. Dans ce cas-là, on a jugé l’avion indispensable. Quand il y a des équipes partout dans le monde et qu’on veut faire avancer un projet, il est parfois nécessaire de se voir», estime le jeune homme.

Au-delà de cette révolution des pratiques, des outils ont été mis sur pied pour soutenir l’entreprise dans sa quête de sobriété. Un tableau de bord de tous les achats permet désormais de mesurer leur impact environnemental et de le réduire, notamment grâce à l’économie circulaire et la seconde main.

Sous l’impulsion du collectif, un bilan carbone automatisé des activités a aussi été mis en place. Avec un résultat contrasté. «Notre empreinte carbone augmente tous les ans en valeur absolue, parce que l’entreprise croît. Il y a de plus en plus en de consultants, de projets, de missions, de repas… Mais notre facteur d’efficacité carbone décroit, c’est-à-dire ce qu’un millier d’euros de nos activités génère en empreinte carbone».

«La croissance globale de l’entreprise n’est pas remise en question»

L’heure n’est-elle pourtant pas à remettre en cause le modèle d’une croissance sans limite ? «La croissance globale de l’entreprise n’est pas remise en question. Rien ne freine le développement de l’entreprise sur l’empreinte environnementale. Si l’on grossit pour essayer de rendre nos clients plus vertueux, ça a quand même du sens de grossir», veut croire Thomas Liénard.

C’est là que se situe le dernier étage de la fusée écolo que ce salarié engagé est en train de lancer : «On se rend compte que le poids environnemental de notre entreprise est très faible, mais que le plus gros impact se situe chez nos clients. Nous sommes dans une phase où l’on change le business de notre boîte pour orienter la data vers des projets à fort impact écologique pour nos clients.»

Et de donner l’exemple de Volvo, pour qui Thelio a mis en place un projet d’optimisation logistique. «Si les serveurs permettent d’enlever des camions des routes, en termes d’empreinte carbone, la data a vraiment du sens.»

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