Bonnes nouvelles

Les plus belles victoires écolos de l’année 2025

Tony Parterre. Malgré les nombreux reculs qui ont marqué l’année 2025, partout en France, des collectifs citoyens ont pu crier victoire contre des projets destructeurs du vivant. Du complexe hôtelier de Tony Parker en Isère aux méga-bassines des Deux-Sèvres : tour d’horizon de ces combats qui ont payé.
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L’année 2025 n’aura pas été un grand cru pour l’écologie. Rien qu’au mois de juin, le Réseau Action Climat (RAC) recensait «plus de 43 reculs environnementaux» institutionnels depuis le 1er janvier, en référence notamment à la reprise du très contesté projet d’autoroute A69 entre Toulouse (Haute-Garonne) et Castres (Tarn) à l’été, après une décision judiciaire de mai. Ou encore à la rétrograde loi Duplomb, présentée comme «visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur», promulguée en août après une censure partielle du Conseil Constitutionnel et malgré une forte opposition citoyenne – plus de deux millions de personnes ont signé une pétition contre le texte.

En août, le Conseil constitutionnel a jugé certains articles de la loi Duplomb contraires à la Constitution, notamment celui qui prévoyait le retour de l’acétamipride, un insecte qualifié de «tueur d’abeilles».

Entre la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) qui excluent les voitures les plus polluantes ; la fin du dispositif ZAN (zéro artificialisation nette) de lutte contre l’artificialisation des sols, ou encore la suspension du dispositif d’aide à la rénovation énergétique des logements Ma Prime Rénov’… «Cette année s’est surtout jouée sur le terrain de la défense», concède Victor Vauquois, président de l’association Terres de luttes.

Mais il en reste qu’«une bonne vingtaine de victoires» ont été acquises l’année écoulée, grâce à des mobilisations locales. Et, bonne nouvelle pour les années à venir : «De plus en plus de collectifs s’organisent partout en France, et la résistance est mieux structurée, plus expérimentée, souligne-t-il. C’est un signe fort, même si cela reflète aussi la multiplication des projets à combattre».

🚛 En Normandie et en Bretagne, plusieurs projets routiers abandonnés

Souvenez-vous, la fin d’année 2024 avait été marquée par l’abandon de plusieurs projets routiers, à commencer par celui du boulevard intercommunal du Parisis, ou «BIP», dans le Val-d’Oise : une 2×2 voies de onze kilomètres censée relier l’A1 et l’A15 et dont les premières esquisses remontaient aux années 1930.

L’année 2025 a aussi eu son lot de victoires locales contre le «tout-voiture». Dans l’Orne, en juin, après plusieurs années d’une lutte «vivace» – selon les mots de Victor Vauquois –, un projet routier de doublement d’une départementale entre Briouze et Sevrai a été stoppé net par la justice.

Le tribunal de Caen a répondu favorablement a un recours déposé par plusieurs associations de défense de l’environnement, qui demandaient l’annulation de l’autorisation environnementale du projet. Selon les ONG, celle-ci ne «décrivait pas de manière suffisamment précise les mesures de compensation» à la destruction de milieux naturels qui devaient être mises en place, ni les incidences de cette nouvelle infrastructure sur le climat. Les opposant·es ont salué «une victoire de la raison face à un projet qui a toujours été inutile, destructeur et dispendieux», rapportait Ouest-France en début d’été.

Une pancarte contre le projet de doublement de la route départementale dans l’Orne. © Collectif 924/Facebook

Ça ne s’arrête pas là. Un peu plus à l’Ouest, en Bretagne, trois projets de contournements routiers ont été définitivement abandonnés à Châteaubourg, Vitré et Fougères (Ile-et-Vilaine), après avoir été mis sur pause en 2021. Le président socialiste du conseil départemental d’Ille-et-Vilaine, Jean-Luc Chenut, a officialisé la nouvelle le 12 septembre dernier, invoquant une décision mûrement réfléchie – le fruit d’un «long cheminement de quatre ans».

Plusieurs éléments ont motivé cet abandon : la nécessité pour le département de faire des économies ; la volonté, pour cette collectivité majoritairement à gauche et écologiste de favoriser les mobilités alternatives ; ainsi que le constat d’une opposition forte au projet localement.

💧Des projets de méga-bassines annulés ou mis sur pause dans les Deux-Sèvres et le Puy-de-Dôme

Dans l’Ouest français, cette année a été marquée par de grandes victoires sur le terrain des méga-bassines, ces immenses retenues d’eau conçues pour l’irrigation agricole. Le 26 septembre, la Cour administrative d’appel de Bordeaux a déclaré illégale l’autorisation pluriannuelle de prélèvement d’eau accordée par plusieurs préfets pour l’irrigation agricole dans le bassin versant du Marais poitevin.

Ce jugement a mis un coup d’arrêt au développement des douze nouvelles bassines qui devaient voir le jour dans le secteur (quatre sont déjà construites sur les 16 en projet), et a donné raison à l’association Nature environnement 17 – à l’origine des contentieux engagés en 2019 –, qui depuis des années souligne le «caractère excessif» des prélèvements prévus par l’arrêté.

Les volumes ne permettent pas «de garantir une gestion équilibrée et durable de la ressource en eau» sur le bassin, a reconnu la justice, déboutant ainsi «plus de 150 acteurs de l’irrigation, dont les Chambres d’agriculture et la société Coopérative de l’eau 79», rapportait Ouest-France.

«Cette nouvelle victoire conforte notre détermination», a salué l’association Bassines non merci. Par cette décision de justice, les prélèvements des quatre bassines existantes seront ainsi interdits au 31 mars 2026, date à laquelle prend fin l’autorisation provisoire de prélèvement. Celles de Mauzé, de Praires et d’Épannes, seront entièrement remplies cet hiver pour la dernière fois.

Une cavalière de la Garde républicaine surveille les manifestant·es en route vers Saint-Sauvant lors d’un rassemblement contre la construction de mégabassines. © ROMAIN PERROCHEAU / AFP

Autre territoire, autre victoire : à Bouzel, dans le Puy-de-Dôme, Vert a révélé à la mi-décembre que le projet de construction d’immenses retenues d’eau près de Clermont-Ferrand avait lui aussi du plomb dans l’aile. Ces deux méga-bassines, portées par 36 agriculteur·ices, devraient être «abandonnées», selon des informations de Vert. L’un des irrigant·es qui devaient en bénéficier préfère lui parler d’une «pause» à durée indéterminée. Affaire à suivre…

🏔️ À la Clusaz, la montagne ne sera pas déboisée pour construire des canons à neige

«Le peuple de la forêt de la Colombière peut souffler», s’est réjoui le collectif Fier-Aravis au milieu de l’été. Depuis plus de cinq ans, il est impliqué avec plusieurs autres associations de défense de l’environnement, dans une lutte de longue haleine visant à faire annuler un projet de retenue d’eau collinaire dans la municipalité de La Clusaz, en Haute-Savoie.

Au cœur de la chaîne alpine des Aravis, un cratère de 148 000 mètres cubes dans la montagne (l’équivalent de 60 piscines olympiques et d’une surface au sol de 5 terrains de foot, selon le média La Relève et la Peste) était en projet pour produire de la neige de culture pour les skieur·ses l’hiver. Cette retenue aurait détruit huit hectares d’habitats naturels aux dépens de 58 espèces protégées et risquait d’assécher la tourbière de Beauregard, classée Natura 2000 pour la richesse biologique qu’elle abrite.

Dans le bois de la Colombière, sur le plateau de Beauregard, une ZAD s’est formée, constituée par des militant·es d’Extinction Rebellion et des sympatisant·es, contre le projet de retenue collinaire. © Geoffrey Bire / Hans Lucas via AFP

Le 23 juillet, le tribunal administratif de Grenoble a annulé l’autorisation environnementale du projet, estimant qu’il ne relevait pas d’une «raison impérative d’intérêt public majeur» permettant de déroger au principe de protection des espèces. Le 24 septembre, la préfecture de la Haute-Savoie a annoncé ne pas faire appel du jugement, clôturant définitivement le dossier.

☠️ L’État français condamné pour la contamination massive des écosystèmes aux Pesticides

Une victoire qualifiée d’«historique» par les défenseur·es de l’environnement. Le 3 septembre, l’État français a été reconnu responsable de la «contamination généralisée, diffuse, chronique et durable des eaux et des sols» aux pesticides (notre article). Il s’agissait d’une confirmation du premier jugement du 29 juin 2023, après une saisine de cinq associations (notamment Pollinis et Notre affaire à tous) qui demandaient «Justice pour le Vivant» – du nom de cette affaire.

Depuis plusieurs années, les associations, ainsi que plusieurs scientifiques et certaines instances réglementaires elles-mêmes, dénonçaient les failles béantes de la procédure d’évaluation des risques liés aux pesticides, qui ont conduit à la mise sur le marché de d’insecticides, d’herbicides ou de fongicides ayant des impacts négatifs sur la croissance ou la reproduction.

Une manifestation anti-pesticides nommée «Printemps bruyant» a eu lieu le 5 avril 2025, à Paris. © Yann Castanier/Vert

Dans son arrêté, la cour a reconnu l’existence d’un «préjudice écologique», notamment pour «la santé humaine», résultant «de l’usage des produits phytopharmaceutiques» dangereux.

La Cour a par ailleurs exigé de l’État qu’il procède dans un délai de vingt-quatre mois à un réexamen de toutes les autorisations de mise sur le marché déjà délivrées – une première dans l’histoire.

🏀 Pas de complexe touristique de luxe pour Tony Parker

Le projet d’immense complexe hôtelier de l’ancien basketteur Tony Parker, baptisé Ananda Resort et qui devait voir le jour à Villard-de-Lans (Isère), a subi un coup d’arrêt net, le 15 septembre. Le préfet coordinateur des Alpes, Georges-François Leclerc, a refusé d’accorder à la communauté de commune du Massif du Vercors la création de cette Unité touristique nouvelle structurante (UTNS) pourtant nécessaire à l’octroi du permis de construire.

Le très luxueux Ananda Resort devait recevoir 99 appartements haut de gamme, des commerces et tout un florilège d’activités indoor sur 18 000 mètres carrés. Le préfet s’est basé sur différentes études environnementales et sur une consultation publique qui a recueilli 80% d’avis négatifs – sur quelque 3 500 contributions. Il a ainsi avancé la difficulté à «évaluer de manière fiable les effets et les impacts environnementaux, sociaux et économiques de cette unité touristique». Un sacré revers, mais qui ne sonne pas la fin du match. Tony Parker pourrait revenir avec une nouvelle demande.

Tony Parker prévoyait de construire un hôtel de luxe géant dans le massif du Vercors. © Pierre Berendes/Wikimedia Commons

🛒 Un projet commercial stoppé dans le Morbihan

Pour saisir pleinement l’enjeu de cette victoire, il faut remonter légèrement dans le temps. En mai 2024, deux entreprises sont prises en flagrant délit de défrichage sur le site du futur Super U projeté à Pluvigner, dans le Morbihan. Les travaux ont commencé bien trop tôt, en pleine période de nidification, et les bandes enherbées censées être préservées ont été recouvertes de terres excavées.

Opposées au projet, les associations Bretagne Vivante et PARé! – qui dénoncent depuis 2019 un projet inutile et néfaste pour la biodiversité, affectant oiseaux, chauves-souris et reptiles – saisissent le préfet du Morbihan et demandent l’arrêt des travaux. Leur requête est refusée.

Revirement de situation le 4 septembre dernier : le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative, leur donne finalement raison. Dans sa décision, il rappelle que lorsqu’un porteur de projet est dispensé de solliciter une dérogation à l’atteinte aux espèces protégées au motif qu’il s’engage à respecter des mesures d’atténuation, il est tenu… de les respecter.

En conséquence, les travaux ont été immédiatement suspendus. Si les porteurs de projet veulent les faire redémarrer, ils devront d’abord déposer une demande de dérogation au principe de protection des espèces, et que celle-ci lui soit accordée.

Marine Esvelin, co-présidente de Paré, s’est dite «rassurée que ces 6 années d’action aux côtés de Bretagne Vivante aient porté leurs fruits». Elle a également assuré vouloir «continuer en local à œuvrer pour que la décision du Conseil d’Etat soit respectée et se concrétise par la remise en état du site.»

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