Le «manuel magique de mon jardin», d’Éric Lenoir, entre précis de jardinage et conte illustré
On se mare. Après son Petit traité du jardin punk, le paysagiste Éric Lenoir signe un manuel de jardinage pas comme les autres. Illustré par ses soins, l’ouvrage dévoile un univers foisonnant et drôle, peuplé de sylves, de gnomes, de princesses lutines et autres créatures magiques. De la colline aride aux serpents timides à la mare et ses «guigenoulis aquatiques», Éric Lenoir nous apprend à regarder autrement le jardin et à y cultiver une biodiversité enchanteresse. Entre recettes, outils et recommandations de sécurité drolatiques, le manuel enchantera apprenti·es jardinier·es et poètes chevronné·es. Ou l’inverse.
«9-3, une histoire plurielle de la Seine-Saint-Denis», conversations marchées par-delà les clichés
S’aime Saint-Denis. Dans 9-3, une histoire plurielle de la Seine-Saint-Denis, le journaliste Antoine Tricot, originaire du Cantal, emmène son public en promenade aux quatre coins du département francilien avec des chercheuses et chercheurs de Profession Banlieue, le centre de ressources pour la politique de la ville dans le 93. De Bobigny à Aubervilliers, de Saint-Denis à Montreuil… elles et ils détricotent les clichés associés au territoire le plus pauvre de l’Hexagone et mettent en lumière une histoire industrielle, communiste, ouvrière et urbanistique méconnue. Au fil de la conversation, on traverse les grands ensembles, les quartiers rénovés, pavillonnaires, on croise collèges et lycées défraîchis et on tisse des liens avec ces villes abandonnées des pouvoirs publics. Une adaptation très réussie du podcast «Penser le 9-3» et un essai d’utilité publique pour éclairer le présent.
«Et si les arbres pouvaient parler», une invitation poétique et visuelle à changer notre regard sur le vivant
Aux arbres citoyens. Dans ce manifeste poétique et coloré qui fait appel à notre part d’enfance, l’autrice Fanny Guichard (Petites mains sales sur Instagram) nous invite à réinterroger notre rapport au vivant. «Peut-on consoler une terre trop piétinée ?», «Les arbres de la forêt sont-ils plus heureux que ceux des villes ?», «Que voient les herbes folles depuis le trottoir ?» En convoquant nos émotions pour décentrer notre regard, ce beau livre aux illustrations naïves et vives nous apprend à ralentir, à observer et à nous émerveiller : devant le bruissement d’un rat dans un grenier ou en levant la tête pour admirer ce chêne centenaire majestueux que l’on croise tous les jours sans jamais vraiment le regarder. À lui seul, il peut abriter jusqu’à 2 000 espèces différentes.
«Dames de fraise, doigts de fée» : la face cachée des fraises andalouses racontée en bande dessinée
Fraise déchante. Derrière les fraises andalouses que l’on retrouve chaque printemps sur les étals européens se cache une réalité invisible : celle de milliers de Marocaines contraintes à de violentes conditions de travail. Inspirée d’une enquête de la chercheuse Chadia Arab, la bande dessinée Dames de fraise, doigts de fée d’Annelise Verdier raconte, à travers le destin de Farida, le prix humain de ces fruits et donne un visage aux travailleuses saisonnières invisibilisées. Son récit graphique, sensible et percutant, rappelle que consommer n’est jamais un geste neutre.
«Ces gens-là», l’essai lumineux de Lumir Lapray pour mieux comprendre le vote RN de la France rurale et inverser la vapeur
Bourgs battants. Dans Ces gens-là, Lumir Lapray brosse un portrait de sa France rurale, draguée par le Rassemblement national et «qui pourrait tout faire basculer» aux prochaines élections. La France «des pavillons», où le jeune du coin «enchaîne les tours du cimetière en motocross» et où les voisins «gueulent sur les lacs du Connemara jusqu’à deux heures du matin, le samedi soir». C’est surtout la France de «Mel», sa meilleure amie, de «Mimi», le patron du bar d’à côté, et des autres. Retrouvez ici notre grand entretien, dans lequel l’autrice explique pourquoi, selon elle, la bataille contre le vote Rassemblement national (RN) et pour la justice sociale et environnementale doit avant tout être menée dans les campagnes.
«La biodiversité pour les nuls», une encyclopédie simple et ludique pour découvrir le vivant qui nous entoure
Vivant debout. La célèbre collection Pour les nuls nous emmène à la découverte de l’incroyable richesse de la biodiversité. Pour cela, elle a choisi un conteur de prestige : Allain Bougrain Dubourg, président historique de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). L’ancien journaliste nous transporte dans l’histoire du vivant, des origines des espèces jusqu’à la crise écologique en cours. Ce vaste manuel de près de 500 pages se veut aussi un voyage parmi les hauts lieux de la biodiversité dans le monde, les institutions aux acronymes complexes et les nombreuses initiatives associatives. Si vous êtes vraiment un «nul» (allons donc, personne n’est nul !), pas de panique : cet ouvrage se veut pédagogique et multiplie les anecdotes et conseils au fil des pages.
«Terres et Liberté», un essai collectif pour repenser l’écologie sous un prisme antiraciste
Dans Terres et Liberté – Manifeste antiraciste pour une écologie de la libération, 11 chercheur·ses, artistes et militant·es prennent la parole sous la direction de Fatima Ouassak. Dans un seul but : «Travailler à un projet écologiste où l’égale dignité humaine est à la fois le centre et l’horizon.» La puissance du recueil réside dans la variété des expériences et des lieux qu’il traverse : de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie à la Palestine, du chlordécone à l’agent orange, il met en lumière l’intrication ancienne entre violences coloniales et dégradations environnementales. Et souligne l’importance de repenser une écologie antiraciste et décoloniale, attentive aux vies des personnes racisées autant qu’aux écosystèmes naturels. Car «ce qui ravage la Terre ravage les populations non-blanches, ce qui ravage les populations non blanches ravagent la Terre».
«La Chair du monde» : un entretien fleuve sur l’écologie au cœur de la montagne avec l’auteur de BD Jean-Marc Rochette
Monts émerveillent. Dans ce livre-entretien paru en mars, l’auteur de bandes dessinées à succès Jean-Marc Rochette raconte son amour de la montagne, son rapport à l’art, à l’écologie, à la politique. Une conversation avec le journaliste Adrien Rivierre, aussi érudite que passionnante. L’auteur du Transperceneige a beau vivre en altitude, au cœur des Alpes, il reste attentif aux soubresauts du monde moderne, qui s’agite en bas de la montagne. Après plusieurs jours au pied des sommets – ces «cicatrices du temps», dit Rochette –, Adrien Rivierre s’approche peu à peu de la pensée profonde de son hôte. Et il embarque les lecteur·ices avec lui. Elon Musk, Jeff Bezos, l’autoroute A69, les mégabassines de Sainte-Soline ou le projet The Line en Arabie saoudite : les thèmes abordés sont riches et variés. On sort de cette lecture avec beaucoup de questions, l’envie de creuser, de pousser la réflexion encore plus loin : et c’est tant mieux.
«Du fond des océans les montagnes sont plus grandes» : l’autrice Corinne Morel Darleux explore les forêts marines
L’ère obscure. L’essayiste et romancière Corinne Morel Darleux a pris part à une expédition scientifique au large du Honduras. Dans son nouveau livre, elle raconte son mois passé à bord de la goélette Why et sa découverte du monde animal marin. Sous l’eau, on découvre des paysages d’une richesse infinie, des déserts, des montagnes et, surtout, des forêts. Elles sont peuplées de «poissons trompettes», de «mérous célestes» et de «cuboméduses». Autant d’habitants des «hautes profondeurs», peu étudiés par les scientifiques, qui risquent de s’éteindre en silence. Canicules marines liées au réchauffement climatique d’origine humaine, pêche au chalut de fond et potentielle exploitation minière des fonds marins, les menaces qui planent sur ces écosystèmes sont protéiformes. Un carnet de voyage de l’ombre à la lumière.
Dans «Nerona», la romancière Hélène Frappat brosse le portrait satirique d’une dictatrice d’extrême droite au cœur de l’Europe
Satire à balles réelles. Dans un court roman, l’autrice nous immerge dans la peau d’une dictatrice machiavélique au cœur de l’Europe. Le récit, empreint d’humour, moque les lubies des dirigeant·es d’extrême droite et dépeint le fascisme au pouvoir. La ressemblance avec la présidente actuelle du Conseil italien est tout sauf fortuite : comme Giorgia Meloni en 1996, Nerona excuse le gouvernement mortifère du fasciste italien Benito Mussolini, au pouvoir dans les années 1930 : «Tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour son pays.»
