L'ABC de la COP

Adaptation ? Pertes et dommages ? L’abécédaire pour comprendre la COP27

Un peu trop COPliqué ? Comme l’année dernière Vert a préparé un abécédaire de la COP27, qui s’est ouverte ce dimanche à Charm el-Cheikh (Égypte), pour mieux comprendre les enjeux qui seront évoqués pendant ces deux semaines de négociations sur le climat.
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A comme Accord de Paris

L’Accord de Paris a été con­clu à la fin de la 21ème con­férence des Nations unies (COP21) sur le cli­mat à Paris, en 2015. 193 par­ties (192 États + l’Union européenne) ont adhéré à cet accord his­torique et se sont engagées à main­tenir le réchauf­fe­ment cli­ma­tique bien en dessous de +2°C, voire à +1,5°C, à la fin du siè­cle par rap­port à l’ère préin­dus­trielle (soit au milieu du 19ème siè­cle). Les États sig­nataires ont promis d’établir des objec­tifs chiffrés de baisse de leurs émis­sions de gaz à effet de serre, révisés à la hausse de manière régulière : les Con­tri­bu­tions déter­minées au niveau nation­al (CDN, voir plus bas).

A comme Atténuation

L’objectif des poli­tiques d’atténuation est de réduire le dérè­gle­ment cli­ma­tique en s’attaquant à la source, c’est-à-dire en dimin­u­ant la quan­tité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Les poli­tiques d’atténuation peu­vent aider à réduire les émis­sions de GES qui con­tribuent à la hausse des tem­péra­tures, ou à préserv­er et accroître les puits de car­bone, comme les forêts ou les sols, pour mieux com­penser les émis­sions réal­isées. Par­mi les prin­ci­pales solu­tions mis­es en avant par le Groupe d’experts inter­gou­verne­men­tal sur l’évolution du cli­mat (Giec) : sor­tir rapi­de­ment des éner­gies fos­siles (pét­role, char­bon et gaz) et dévelop­per les renou­ve­lables, restau­r­er les écosys­tèmes et employ­er des pra­tiques agri­coles plus respectueuses du vivant.

A comme Adaptation

Alors que l’atténuation vise à enray­er l’emballement du cli­mat, les poli­tiques d’adaptation s’attaquent aux effets de ce dernier sur les humains. Les auteur·rices du Giec définis­sent l’adaptation comme la démarche d’ajustement au cli­mat actuel et à venir, ain­si qu’à ses con­séquences. Les poli­tiques d’adaptation désig­nent l’ensemble des straté­gies et mesures qui per­me­t­tent aux pop­u­la­tions de réduire leur vul­néra­bil­ité face aux change­ments cli­ma­tiques. Elles doivent anticiper leurs impacts pour en lim­iter les dégâts (par exem­ple, en déplaçant des infra­struc­tures pour éviter les risques d’inondation, en con­stru­isant des digues, en dévelop­pant des cul­tures résis­tantes à la sécher­esse, etc). Sécuris­er de nou­veaux finance­ments pour l’adaptation est un enjeu cru­cial des négo­ci­a­tions cli­ma­tiques à venir. Selon un récent rap­port du Pro­gramme des Nations unies pour l’en­vi­ron­nement (PNUE), les besoins annuels pour l’adaptation sont situés entre 160 et 340 mil­liards de dol­lars d’ici à 2030, et entre 315 et 565 mil­liards de dol­lars d’ici à 2050.

B comme Budget carbone

Pour espér­er con­tenir l’élévation des tem­péra­tures, l’humanité ne peut plus émet­tre qu’une cer­taine quan­tité de gaz à effet de serre : c’est ce que l’on appelle les « bud­gets car­bone ». Comme l’a rap­pelé le Giec dans son dernier rap­port (notre décryptage), pour s’assurer (à 83%) de rester sous la barre de 1,5°C de réchauf­fe­ment d’ici 2100, les États ne peu­vent plus relâch­er que 300 giga­tonnes (Gt – mil­liards de tonnes) de CO2, soit env­i­ron six années au rythme actuel. Et 900Gt pour ne pas dépass­er 2°C. Retrou­vez ici l’épuisement de ces bud­gets, actu­al­isés en temps réel.

C comme COP

En 1992, le som­met de la Terre, organ­isé à Rio de Janeiro (Brésil), a accouché de la Con­ven­tion-cadre des Nations unies sur les change­ments cli­ma­tiques (CCNUCC), un texte fon­da­teur des négo­ci­a­tions inter­na­tionales sur le cli­mat. C’est cette dernière qui organ­ise les COP, pour con­férences des par­ties (Con­fer­ences of the par­ties) sur les change­ments cli­ma­tiques, qui se sont tenues presque tous les ans depuis 1995. Ces som­mets con­stituent les seuls espaces mon­di­aux de négo­ci­a­tion sur tous les sujets liés au cli­mat : adap­ta­tion, tran­si­tion énergé­tique, baisse des émis­sions, etc. La COP21, qui s’est tenue à Paris en 2015, a abouti à un objec­tif com­mun pour les 196 par­ties de la CCNUCC, con­tenu dans l’Accord de Paris : con­tenir le réchauf­fe­ment plané­taire « bien en dessous » de 2°C par rap­port à la tem­péra­ture moyenne de l’ère préin­dus­trielle (milieu du 19ème) siè­cle, et si pos­si­ble à 1,5°C.

Il existe aus­si des COP sur la bio­di­ver­sité et sur la déser­ti­fi­ca­tion. La 27ème con­férence des par­ties (COP27) sur le cli­mat a lieu cette année à Charm el-Cheikh, en Égypte. C’est la pre­mière à se dérouler en Afrique depuis six ans.

C comme Contributions déterminées au niveau national

Lors de l’Accord de Paris, en 2015, les États ont promis de se fix­er des objec­tifs chiffrés de baisse de leurs émis­sions. Leurs engage­ments sont appelés les « Con­tri­bu­tions déter­minées au niveau nation­al » (ou NDCs, leur acronyme en anglais). Ces feuilles de route doivent être revues à la hausse tous les cinq ans, avec une pre­mière mise à jour en 2020. À l’occasion de la COP26 à Glas­gow (Écosse), en 2021, les pays se sont engagés à rehauss­er leurs ambi­tions cli­ma­tiques d’ici à la COP27. Or, seules 24 nou­velles feuilles de route (sur les 193 par­ties de l’Accord de Paris) ont été soumis­es en amont de la COP. La syn­thèse pub­liée par les Nations unies révèle que les engage­ments actuels des dif­férents pays mèn­eraient le monde à un réchauf­fe­ment de +2,5°C en 2100 par rap­port à l’ère préin­dus­trielle. Ce rap­port mon­tre aus­si que l’on se dirige vers une hausse de +10,6% des émis­sions de gaz à effet de serre en 2030 par rap­port à 2010, soit une légère amélio­ra­tion par rap­port à l’année dernière (+13,7%).

F comme Fonds vert pour le climat

En 2009, à la COP15 de Copen­h­ague (Dane­mark), les pays dévelop­pés s’étaient engagés à mobilis­er 100 mil­liards de dol­lars par an dès 2020 pour aider les pays en développe­ment à faire face au dérè­gle­ment cli­ma­tique en créant un fonds vert pour le cli­mat. L’ob­jec­tif était de se dévelop­per de manière « pro­pre » (atténu­a­tion) et d’an­ticiper les impacts du change­ment cli­ma­tique sur les pays vul­nérables (antic­i­pa­tion). En 2022, l’Organisation de coopéra­tion et de développe­ment économiques (OCDE) a déter­miné que ces finance­ments avaient atteint 83,3 mil­liards de dol­lars en 2020. Une esti­ma­tion plus récente est atten­due au cours de la COP27. Dans un rap­port (en anglais) datant de 2021, la prési­dence bri­tan­nique de la COP26 a estimé que cet objec­tif pour­rait être rem­pli dès 2023. Un des enjeux de la COP27 sera donc de con­cré­tis­er les promess­es de paiement pour attein­dre les 100 mil­liards le plus rapi­de­ment pos­si­ble et aller au-delà, alors que cette somme est unanime­ment jugée très insuff­isante. Les esti­ma­tions des besoins pour la sim­ple adap­ta­tion au change­ment cli­ma­tique sont bien supérieures à ces 100 mil­liards (voir plus haut), sans compter les besoins néces­saires aux poli­tiques d’at­ténu­a­tion.

J comme Justice climatique

La jus­tice cli­ma­tique est brandie par l’ensemble des organ­i­sa­tions de la société civile comme un principe struc­turant de la mobil­i­sa­tion inter­na­tionale con­tre le dérè­gle­ment cli­ma­tique, qui néces­site d’intégrer les luttes sociales aux luttes envi­ron­nemen­tales. Ce con­cept souligne que les pays les plus vul­nérables, qui subis­sent le plus lour­de­ment les con­séquences du boule­verse­ment cli­ma­tique, ne sont pas les plus gros con­tribu­teurs. Cet enjeu vise à pren­dre en compte les dif­férentes dimen­sions de la vul­néra­bil­ité aux boule­verse­ments du cli­mat, y com­pris la vul­néra­bil­ité sociale, et les dis­par­ités dans les leviers d’action pour y faire face. Le con­cept de jus­tice cli­ma­tique défend l’idée que les pays dévelop­pés sont his­torique­ment davan­tage respon­s­ables des dégâts causés aux humains et à la planète, et qu’ils doivent agir en con­séquence (notam­ment au niveau des moyens financiers). La ques­tion de la répar­ti­tion de l’effort entre nations fait par­tie des points de ten­sions entre les dif­férents pays du monde dans le cadre des négo­ci­a­tions sur le cli­mat.

P comme Pertes et dommages

Les pertes et dom­mages désig­nent les dégâts irréversibles causés par le dérè­gle­ment cli­ma­tique : ils peu­vent être liés à des événe­ments extrêmes (cyclones, inon­da­tions, etc), ou à des proces­sus de long terme (mon­tée du niveau de la mer, assèche­ment des ressources en eau, etc). Depuis 1991, les pays les plus vul­nérables au change­ment cli­ma­tique (les États insu­laires du Paci­fique en tête) récla­ment une aide de la com­mu­nauté inter­na­tionale pour faire face à ces événe­ments. Le sujet a longtemps eu du mal à se hiss­er en haut des pri­or­ités lors des négo­ci­a­tions inter­na­tionales, car les pays dévelop­pés refu­saient d’ouvrir la voie à la créa­tion d’un mécan­isme de finance­ment partagé des pertes et dom­mages — ce qui sig­ni­fierait la recon­nais­sance de leur respon­s­abil­ité dans la crise cli­ma­tique. Cette année, les pertes et dom­mages devraient être un sujet par­ti­c­ulière­ment présent à l’agenda de la COP27.

R comme Responsabilité commune mais différenciée

La respon­s­abil­ité com­mune mais dif­féren­ciée est un principe du droit inter­na­tion­al de l’environnement con­sacré par la Déc­la­ra­tion de Rio en 1992. Le principe 7 du texte explique qu’« étant don­né la diver­sité des rôles joués dans la dégra­da­tion de l’en­vi­ron­nement mon­di­al, les États ont des respon­s­abil­ités com­munes mais dif­féren­ciées. Les pays dévelop­pés admet­tent la respon­s­abil­ité qui leur incombe dans l’ef­fort inter­na­tion­al en faveur du développe­ment durable, compte tenu des pres­sions que leurs sociétés exer­cent sur l’en­vi­ron­nement mon­di­al et des tech­niques et des ressources finan­cières dont ils dis­posent ». Ce principe fait écho à la ques­tion de la jus­tice cli­ma­tique (voir plus haut), car cer­tains prob­lèmes envi­ron­nemen­taux sont liés à la sur­ex­ploita­tion des ressources et de l’industrialisation menée par les pays dévelop­pés — qui sont aus­si ceux avec le plus de moyens financiers, tan­dis que les pays les plus vul­nérables sont his­torique­ment moins respon­s­ables du dérè­gle­ment cli­ma­tique mais sont par­mi les plus touchés par ce dernier.