Watson dans le vide. Paul Watson a de nouveau été maintenu en détention ce mercredi par la justice groenlandaise pour trois semaines, dans l’attente d’une décision du gouvernement danois concernant la demande d’extradition du Japon. Mais jusqu’à quand ce «sketch», comme le résume la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali, peut-il durer ? On fait le point avec l’un des avocats de Paul Watson.
«C’est une audience pour laquelle je n’ai pas trop d’espoir, je pense qu’on est dans la répétition du sketch qu’on a eu précédemment.» La présidente de Sea Shepherd France Lamya Essemlali ne se faisait guère d’illusions ce lundi dans une vidéo publiée sur son compte Instagram depuis Nuuk, la capitale du Groenland, où elle se rendait une nouvelle fois au chevet de Paul Watson. Et elle avait vu juste : «L’audience vient de se terminer. Paul retourne en prison pour trois semaines», a-t-elle déclaré via une publication du compte Instagram de Sea Shepherd France ce mercredi midi.
Ce «sketch», ce sont ces audiences qui se suivent et se ressemblent, pour statuer sur le maintien en détention du fondateur de l’ONG Sea Shepherd, dans l’attente de la décision du gouvernement danois (auquel est partiellement rattaché le Groenland) sur son extradition réclamée par le Japon. Celle de ce mercredi était la cinquième du genre : «L’ironie est que la prochaine audience est fixée au 2 décembre, jour de son soixante-quatorzième anniversaire», précise la présidente de Sea Shepherd France.
L’activiste a été arrêté en juillet dernier à la suite d’une notice rouge d’Interpol émise par le Japon en 2012 pour une action antibaleiniers menée deux ans plus tôt. Depuis plus de cent jours maintenant, il attend d’être fixé sur son sort par le Danemark. Mais jusqu’à quand ? «En réalité, on ne sait pas, il n’y a pas d’indication précise, la décision politique du ministre de la Justice peut tomber maintenant, comme à n’importe quel moment, explique William Bourdon, l’un des avocats du militant écologiste. Même si c’est du bon sens de dire qu’on s’en rapproche.»
L’extradition, «un passeport pour la mort»
Cette annonce est décisive pour l’avenir de Paul Watson : «Si le Danemark donne son feu vert à cette extradition, c’est un passeport pour la mort, au vu de son âge et des conditions de détention au Japon, reprend son avocat. Et ce serait un message terrible, l’Europe risquerait de ne plus être un sanctuaire pour les activistes du monde entier, alors que par leur action, ils rendent un service incommensurable à l’humanité. C’est le moment pour les pays européens, dont le Danemark, de rappeler le bassin moral et intellectuel de l’Europe, qui doit protéger de plus en plus les lanceurs d’alertes».
Pour l’heure, la défense de Paul Watson n’a «aucune indication» sur l’appel formulé devant la Cour suprême du Danemark concernant la précédente décision de la justice groenlandaise de le maintenir en détention. Alors que d’éventuels recours sur l’équité de ces procès seront étudiés dans un second temps par ses conseils, il reste au justicier des mers à s’armer de patience.
Pour le soutenir, Lamya Essemlali a amené dans ses bagages l’intégral de Game of Thrones, The big bang theory, ou True detective, ainsi que les DVD de Dune, un double CD de Léonard Cohen et de la vitamine D. De quoi affronter les nuits sans fin du Groenland.
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