Élémentaire, mon cher Watson. Depuis sa prison au Groenland, Paul Watson a envoyé une lettre au président de la République française pour demander le statut de réfugié politique, a annoncé, mercredi 16 octobre, l’ONG de défense des océans Sea Shepherd.
«Je souhaite humblement et respectueusement solliciter l’asile politique en France» : c’est par ces mots que commence la lettre de Paul Watson, adressée au président de la République Emmanuel Macron, et publiée ce mercredi 16 octobre par Sea Shepherd.
Sa présidente Lamya Essemlali a indiqué avoir transmis le document au président de la République il y a quelques jours. «Paul a des liens très forts avec la France, il y vit avec ses enfants et c’est un pays qui, plus largement, a une énorme responsabilité vis-à-vis de la protection des océans», a-t-elle détaillé lors d’une conférence de presse.
«Un choix stratégique à haute valeur symbolique»
Incarcéré depuis le 21 juillet dernier, Paul Watson a vu sa troisième demande de remise en liberté rejetée le 2 octobre. Le fondateur de Sea Shephered est en attente d’une décision concernant une demande d’extradition vers le Japon. Pour rappel, ce dernier l’accuse de violences prétendument commises sur l’équipage d’un navire usine nippon en 2010.
L’obtention du statut de réfugié pourra-t-elle faire évoluer la situation de Paul Watson ? «C’est un choix stratégique qui a une valeur hautement symbolique, mais qui ne doit pas être interprété comme une fuite face à l’adversité judiciaire», tempère Emmanuel Jez, l’un de ses avocats.
«Pour bénéficier du statut de réfugié politique, il faut être persécuté par un État», complète son collègue William Julié. Si la France accordait ce statut à Paul Watson, ce serait donc une reconnaissance symbolique des torts infligés par le Japon à l’activiste, mais qui ne changerait pas ses démêlés judiciaires actuels.
Un élan de soutien venu de tous bords
Paul Watson doit rester en détention au Groenland jusqu’au 23 octobre prochain, au moins. Il est en attente de l’arbitrage du Danemark (auquel est partiellement rattaché le Groenland) concernant la demande japonaise d’extradition. Le ministre de la Justice danois «a une responsabilité historique, son nom sera gravé dans l’histoire quelle que soit sa décision», estime Emmanuel Jez.
Emmanuel Macron «suit la situation de près» et «intervient auprès des autorités danoises» pour éviter l’extradition de Paul Watson, avait déjà déclaré l’Élysée fin juillet. De nombreux responsables politiques de tous bords ont également annoncé leur soutien au «défenseur des baleines».
Bordeaux, Saint-Ouen, Fréjus… ces derniers jours, plusieurs mairies ont affiché des messages de soutien à Paul Watson. «Vendredi dernier, le conseil de la ville de Paris a voté à l’unanimité pour le faire citoyen d’honneur», ajoute Lamya Essemlali, qui salue un élan international.
La décision du Danemark pourrait survenir dans les prochaines semaines, affirment les avocats de Paul Watson, qui se tiennent prêts à faire appel.
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Le 21 juillet dernier, alors qu’il s’apprêtait à «intercepter» le plus grand baleinier jamais construit, le célèbre militant Paul Watson était arrêté au Groenland, sur la base d’une notice rouge Interpol émise par le Japon, qui réclame son extradition. Détenu depuis lors, il doit comparaître à nouveau le 4 septembre devant la justice pour connaître son sort. Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France et proche de Watson, fait feu de tout bois pour mobiliser l’opinion publique et obtenir sa libération. -
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Ce mercredi 4 septembre, la justice groenlandaise doit statuer si le militant écologiste Paul Watson reste ou non en prison, en vue d’une possible extradition vers le Japon. Ce pays lui reproche des incidents survenus en 2010 entre son ONG Sea Shepherd et un navire baleinier nippon. Vert a fait le point sur les éléments-clés du dossier avec l’avocat William Bourdon.