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Paul Watson restera en prison au moins 28 jours de plus : et maintenant ?

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Lors d’une audi­ence à Nuuk (Groen­land), mer­cre­di 4 sep­tem­bre, la jus­tice groen­landaise a décidé de pro­longer la déten­tion du défenseur des baleines, dans l’attente d’une déci­sion quant à une éventuelle extra­di­tion vers le Japon.

Le juge a tranché : Paul Wat­son restera incar­céré au moins 28 jours sup­plé­men­taires. Un coup dur pour le mil­i­tant écol­o­giste, qui devra atten­dre une nou­velle audi­ence, prévue le 2 octo­bre prochain, pour que la jus­tice stat­ue à nou­veau sur son main­tien en déten­tion ou sa remise en lib­erté.

Ce délai sup­plé­men­taire a été jus­ti­fié par la néces­sité de pren­dre le temps d’étudier la demande d’extradition émise par le Japon à l’encontre du défenseur des océans.

Pour rap­pel, Paul Wat­son est der­rière les bar­reaux depuis le 21 juil­let dernier après avoir été inter­pel­lé au Groen­land, ter­ri­toire autonome appar­tenant au Dane­mark. Son arresta­tion fait suite à une «notice rouge» (un avis de recherche) d’Interpol émise en 2012 à la demande du Japon. Le pays lui reproche des inci­dents sup­posés à bord d’un navire baleinier nip­pon en 2010.

Une pho­to de Paul Wat­son est dif­fusée lors d’un rassem­ble­ment de sou­tien au mil­i­tant organ­isé place de la République à Paris, mer­cre­di 4 sep­tem­bre. © Thibaud Moritz / AFP

Celui qui se présente comme un «éco-guer­ri­er» est notam­ment pour­suivi pour entrée par effrac­tion sur un navire, atteinte aux biens, entrave à l’activité et coups et blessures sur l’équipage. Ce dernier point est fer­me­ment con­testé par les avo­cats du mil­i­tant, qui dis­posent de vidéos pour étay­er leur défense. D’autant que Paul Wat­son n’a jamais été à bord du baleinier japon­ais — c’est le mil­i­tant néo-zélandais Pete Bethune, venu soutenir le fon­da­teur de Sea Shep­herd sur cette mis­sion, qui avait investi le navire.

Les avo­cats de Paul Wat­son ont d’ores et déjà annon­cé leur volon­té de faire appel de la pro­lon­ga­tion de sa déten­tion. La défense de l’activiste reproche notam­ment au juge de Nuuk d’avoir refusé de regarder les preuves vidéos fournies par Sea Shep­herd.

«Ce qui est com­plète­ment dingue, c’est qu’on est en mesure de prou­ver qu’il n’y a pas eu de blessé, ce qui fait évidem­ment tomber l’option d’une extra­di­tion et aus­si du main­tien en déten­tion», explique à Vert Lamya Essem­lali, prési­dente de Sea Shep­herd France et proche de Paul Wat­son, après l’audience du 4 sep­tem­bre. «On pour­rait tout arrêter main­tenant si le juge accep­tait de voir les preuves», déplore la mil­i­tante. Pour elle, ce refus con­stitue «une vio­la­tion des droits de Paul Wat­son et la démon­stra­tion que cette affaire n’a rien à voir avec la jus­tice».

Mer­cre­di 4 sep­tem­bre au rassem­ble­ment de sou­tien à Paul Wat­son, place de la République à Paris © Mar­got Desmons/Vert

Et maintenant ?

À l’heure actuelle, il est impos­si­ble de savoir quand la jus­tice danoise fini­ra par stat­uer sur la demande d’extradition du Japon. Si cette requête était accep­tée par le Dane­mark, cela créerait un précé­dent dan­gereux pour l’ensemble des lanceurs d’alertes et des mil­i­tants écol­o­gistes. «Il y aurait un para­doxe fou à accepter cette extra­di­tion au moment où le droit européen pro­tège de plus en plus les lanceurs d’alerte, y com­pris quand ils sont désobéis­sants, y com­pris quand ils vio­lent la loi», souligne auprès de Vert William Bour­don, l’un des avo­cats de Paul Wat­son.

Sa défense envis­age déjà de porter l’affaire devant la Cour suprême du Dane­mark, voire devant la Cour européenne des droits de l’homme. Mais, comme le rap­pelait Lamya Essem­lali dans un grand entre­tien à Vert : «Tout ça prendrait des mois, pen­dant lesquels Paul resterait en prison».