Décryptage

Accident mortel dans le Cantal : que proposent les principaux candidats sur la chasse ?

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Same­di, à Cas­san­iouze (Can­tal), une ran­don­neuse de 25 ans a été tuée d’une balle per­due tirée lors d’une battue aux san­gliers. Après ce nou­v­el acci­dent de chas­se, les candidat·es de gauche à la prési­den­tielle récla­ment l’en­cadrement de cette activ­ité de plus en plus con­tro­ver­sée, quand la droite détourne le regard.

« Per­son­ne ne devrait plus mourir à cause de la chas­se » : ce 19 févri­er, Yan­nick Jadot (EELV) fut l’un des pre­miers à mon­ter au créneau sur Twit­ter. « Je me suis engagé dans mon pro­gramme à inter­dire la chas­se les week-ends et les vacances sco­laires », a rap­pelé l’aspi­rant à l’Élysée. Il veut aus­si ren­dre oblig­a­toire « un exa­m­en médi­cal tous les cinq ans » pour les pra­ti­quants.

Même son de cloche chez Jean-Luc Mélen­chon (LFI) : « Nous avons un con­flit d’usage sur la chas­se : elle ne doit pas être pos­si­ble le week-end et pen­dant les vacances sco­laires », a‑t-il indiqué à France 3 ce dimanche. En 2018, le député Insoumis Bastien Lachaud avait déposé une propo­si­tion de loi en ce sens, rejetée par la majorité de la République en marche.

Lim­iter les jours de chas­se pour éviter les acci­dents ; c’est l’une des propo­si­tions que porte le col­lec­tif « Un jour, un chas­seur », né après la mort de Mor­gan Keane, abat­tu devant chez lui par un chas­seur en décem­bre 2020 (notre arti­cle). Le gou­verne­ment s’est tou­jours refusé à l’é­tudi­er jusqu’alors.

Jean-Luc Mélen­chon a égale­ment pro­posé la fin de la vente des armes « les plus puis­santes […]. C’est pas la peine d’avoir une arme capa­ble d’a­bat­tre un rhinocéros en France », a‑t-il déclaré à France 3. Des équipements qui ont une longue portée et dont la puis­sance aggrave les risques de dégâts col­latéraux. Dans son pro­gramme, le député des Bouch­es-du-Rhône prône égale­ment l’in­ter­dic­tion des « pra­tiques cru­elles », comme la chas­se à courre ou à la glu et le déter­rage de blaireaux. Pour autant, il se refuse à pro­pos­er une inter­dic­tion pure et sim­ple de la chas­se : « Si je fai­sais ça, je prendrais un risque con­sid­érable d’ou­vrir dans ce pays un bazar du ton­nerre de dieu dont per­son­ne ne ver­rait le bout ! », a‑t-il encore expliqué. Hormis Hélène Thouy, du par­ti ani­mal­iste, per­son­ne ne porte cette propo­si­tion.

Le gouvernement et la droite discrets

« L’enquête est en cours, les déci­sions suiv­ront, pour que plus jamais ça [sic] », a annon­cé sur Twit­ter la secré­taire d’É­tat à la bio­di­ver­sité, Bérangère Abba, peu après l’ac­ci­dent. Sans en dire davan­tage sur les pistes étudiées, elle a rap­pelé avoir promis « la créa­tion d’une appli de géolo­cal­i­sa­tion dans laque­lle on pour­rait savoir autour de soi où ont lieu les battues ». Can­di­dat encore non-déclaré, Emmanuel Macron n’a pas détail­lé ses propo­si­tions sur le sujet. Mais depuis cinq ans, il a mul­ti­plié les cadeaux aux chas­seurs. Au print­emps 2020, ceux-ci ont été autorisés à se ren­dre en forêt alors que la France entière était con­finée ; le prix de la licence annuelle de chas­se a été divisé par deux ; le gou­verne­ment a mené un bras de fer avec le Con­seil d’E­tat pour autoris­er à tout prix cer­taines pra­tiques de chas­se « tra­di­tion­nelles » d’oiseaux, jugées con­traires au droit européen (Vert).

La Fédéra­tion nationale des chas­seurs (FNC) compte près de 1,2 mil­lion de licencié·es ; un élec­torat large­ment acquis à la droite, dont les candidat·es ont fait preuve de dis­cré­tion depuis l’ac­ci­dent. Sur France Inter, Marine Le Pen (RN) a défendu « une tra­di­tion ances­trale [qui] doit être main­tenue. Si vous empêchez les chas­seurs de chas­s­er le week-end, ils ne pour­ront pas chas­s­er parce qu’ils tra­vail­lent, quand même ». Son pro­gramme ne con­tient aucune mesure sur le sujet, tout comme celui de Valérie Pécresse (LR). La semaine passée, cette dernière s’est ren­due à un « grand oral » organ­isé à Paris par le Mou­ve­ment de la rural­ité, l’an­cien par­ti Chas­se, pêche, nature et tra­di­tion (Le Point). Elle a prié pour que cesse « la chas­se aux chas­seurs », les « pre­miers amoureux de la nature ».

Autre inter­venant, le can­di­dat d’ex­trême droite Eric Zem­mour (Recon­quête) : « Je refuse et je refuserai que qui que ce soit vous inter­dise la chas­se. Les vrais écol­o­gistes, c’est vous », au con­traire des « citadins qui veu­lent des bich­es comme dans Bam­bi », a‑t-il vitupéré.

Si le chiffre est en baisse d’an­née en année, on a recen­sé 80 acci­dents de chas­se lors de la sai­son 2020–2021, dont 7 mor­tels. Le drame de ce same­di con­stitue le qua­trième acci­dent mor­tel depuis l’au­tomne.