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Le Conseil d’Etat suspend (à nouveau) certaines chasses traditionnelles d’oiseaux

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Qui part à la chas­se… Pour la deux­ième fois en trois mois, le Con­seil d’E­tat a annulé les arrêtés min­istériels qui autori­saient cer­taines méth­odes tra­di­tion­nelles de chas­se des oiseaux.

Bis repeti­ta. En août, la plus haute juri­dic­tion admin­is­tra­tive avait déjà annulé les textes qui avaient per­mis la chas­se de van­neaux hup­pés, plu­viers dorés, grives et mer­les noirs à l’aide de ten­deries (filets) et celle d’alou­ettes des champs à l’aide de pantes (filets) et de matoles (cages) entre 2018 et 2020. Saisi par la Ligue de pro­tec­tion des oiseaux et One Voice, le Con­seil d’E­tat avait jugé que les arrêtés fixés par le min­istère de la tran­si­tion écologique ne respec­taient pas la direc­tive européenne « Oiseaux » de 2009, qui inter­dit les tech­niques de cap­tures mas­sives et non-sélec­tives.

La Fédéra­tion nationale des chas­seurs (FNC) avait alors trou­vé « insup­port­able » la déci­sion du Con­seil d’Etat, dénonçant « un acharne­ment sans précé­dent ». Qu’à cela ne tienne, le 12 octo­bre, le gou­verne­ment a pro­mul­gué des arrêtés qua­si­ment iden­tiques. Arguant, cette fois-ci, que les ver­sions précé­dentes « ne per­me­t­taient pas au Con­seil d’Etat de con­sid­ér­er que le min­istère avait apporté les moti­va­tions néces­saires sur l’absence de solu­tion alter­na­tive, la sélec­tiv­ité, l’usage judi­cieux et les faibles quan­tités ». Les arrêtés auraient per­mis de tuer 106 285 alou­ettes dans qua­tre départe­ments du Sud-Ouest (Lan­des, Gironde, Lot-et-Garonne et Pyrénées-Atlan­tiques), ain­si que 1 200 van­neaux hup­pés, 30 plu­viers dorés, 5800 grives et mer­les dans les Ardennes, rap­pelle la LPO.

Le Con­seil d’E­tat n’au­ra pas été con­va­in­cu. Saisi en référé-lib­erté (une procé­dure d’ur­gence) par les deux mêmes asso­ci­a­tions, il a une nou­velle fois cassé les arrêtés con­cernés. « Les nou­velles autori­sa­tions étant pris­es sur la base de cette même régle­men­ta­tion [la direc­tive « Oiseaux » — Ndlr], le juge des référés estime qu’il existe un doute sérieux quant à leur légal­ité », peut-on lire dans un com­mu­niqué.

Après cette pre­mière déci­sion ren­due en urgence, le Con­seil d’État stat­uera « au fond » sur les recours con­tre les arrêtés « dans les prochains mois ». Tout en déplo­rant « la faib­lesse du gou­verne­ment face au lob­by cynégé­tique », la LPO a salué « une grande et belle vic­toire pour la bio­di­ver­sité ».