La quotidienne

Terre minée

Chères toutes et chers tous,

🎩 C’est l’article le plus de la semaine dernière. Vous avez dévoré notre interview de l’agroclimatologue Serge Zaka intitulée «Le problème le plus urgent pour l’agriculture, c’est le manque de froid». Il raconte notamment à Vert pourquoi les abricotiers sont plus vulnérables à cause du changement climatique. Pour (re)découvrir le contenu le plus lu de la semaine dernière, cliquez ici.


Après la guerre civile en Syrie, les habitants se relèvent sur un champ de ruines et les agriculteurs cultivent l’espoir.


«La guerre a rendu la terre stérile» : après la chute de Bachar Al-Assad, la Syrie se relève au milieu des ruines et des champs dévastés

L’environnement a payé un lourd tribut pendant la guerre civile syrienne, entre 2011 et 2024, qui a fait plus d’un demi-million de morts et plus de six millions de personnes réfugiées. Aujourd’hui, les agriculteur·ices tentent de retrouver un semblant de vie et de restaurer leurs cultures, face au défi d’une paix durable.

Sur la route qui mène de Damas à Douma, dans la Ghouta orientale, en Syrie, les champs de ruines défilent à perte de vue. Ghouta, en arabe, signifie oasis. Autrefois, une ceinture de verdure entourait la capitale syrienne : la majorité des fruits et des légumes y étaient cultivés. Au fil des années, celle-ci est devenue béton en raison d’une urbanisation galopante dès les années 1960. Pendant plus de 54 ans, les Assad, père puis fils, ont dirigé le pays d’une main de fer. En 2011, une révolution pacifique a éclaté dans le pays. La répression d’Assad fils a fait jaillir un bain de sang. Sur l’autel de l’ordre, des milliers de Syrien·nes ont été sacrifié·es et avec elles et eux, leurs terres et ses ressources naturelles.

Pendant plus de 13 ans, le régime de Bachar Al-Assad a fait régner la terreur, emprisonnant, torturant et tuant sa population. Le 8 décembre 2024, à la suite d’offensives éclair menées par le groupe rebelle islamiste Hayat Tahrir al-Cham, le régime est tombé. Depuis, l’avenir du pays reste en suspens.

Deux vaches attachées au bord de la parcelle d’Issa Mustafa Al-Masri et de sa famille dans la Ghouta, le 10 février 2025. © Sandro Basili/Vert

Février 2025. Une route parallèle s’enfonce dans les terres depuis l’autoroute. La ville de Douma s’annonce au loin : elle porte les stigmates de la guerre civile syrienne. C’est ici que le fracas du régime tortionnaire de Bachar Al-Assad s’est abattu lourdement. Avec une forte répression des manifestations, d’abord. Puis un siège, entre 2012 et 2018, marqué par un double bombardement au gaz sarin [une substance inodore neurotoxique pour les humains, NDLR] en 2013, qui a fait entre 1 400 et 2 000 morts, selon plusieurs estimations.

Dans le froid et la brume de ce matin d’hiver, un champ s’étend sur plusieurs hectares, au milieu d’immeubles résidentiels éventrés. Issa Mustafa Al-Masri, 55 ans, observe ses plantations d’hiver : des choux et des fèves. Une vache et son veau sont attachés au bord du champ et broutent le peu d’herbe qui s’y trouve. Quelques oliviers affrontent les soubresauts du vent glacial. «Avant, il y avait des oliviers partout. Ils étaient larges et vieux de plus de 2000 ans. Mais [pendant le siège] à cause de l’absence d’électricité, de fioul et de bois pour se chauffer, nous avons commencé à les couper et à les brûler», indique l’homme à la peau tannée par le soleil.

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· Ce lundi, l’association de protection des océans Bloom et l’ONG de défense des consommateur·ices Foodwatch attaquent Carrefour en justice. Elles assignent l’enseigne au tribunal judiciaire de Paris pour manquement à son devoir de vigilance dans sa filière de thons. Le distributeur n’a pas fixé de taux maximal autorisé de mercure dans ses conserves en vente, alors que ce poisson est le plus contaminé (notre article). 

· Ce lundi encore, les autorités américaines ont annoncé que de violentes tempêtes et tornades avaient causé la mort de 40 personnes et blessé des dizaines d’autres dans le centre et le sud des États-Unis. 250 000 foyers ont été privés d’électricité ce week-end. Les services météorologiques américains ont prévenu que des évènements climatiques extrêmes allaient de nouveau frapper la côte est du pays dans les prochains jours. - RTBF

· L’administration de Donald Trump a apporté son soutien au mégaprojet gazier de TotalEnergies au Mozambique, en fin de semaine dernière. L’agence américaine de crédit aux exportations a approuvé un prêt de 4,3 milliards d’euros au groupe français. Ce financement devrait permettre au projet de redémarrer malgré la poursuite des violences dans la région et l’instabilité politique du pays. - Le Monde

2,4 milliards d’euros

Le moral dans les chauds-secs. Les épisodes de sécheresse sont une menace grandissante pour l’Île-de-France et pourront coûter jusqu’à 2,5 milliards d’euros d’ici à la fin du siècle. C’est ce que révèle un rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), paru ce lundi. Alors que la région concentre un tiers de la production économique de la France, des approvisionnements en eau fragilisés causeraient de nombreuses pertes agricoles et industrielles à horizon 2100. Les auteur·ices appellent à renforcer la prévention alors que ce risque constitue une «menace croissante pour les habitants», et ce dès 2050. Le réchauffement climatique assèche les sols plus rapidement, fait chuter le niveau des nappes phréatiques à des seuils critiques et favorise l'alternance d'épisodes de sécheresse prolongée et de pluies torrentielles.

👉 Cliquez ici pour lire la suite de l’article et connaître les conséquences de la sécheresse sur les Francilien·nes.

Heartland Institute

Déni-oui-oui. Il se présente comme «le plus important groupe de réflexion soutenant le scepticisme à l’égard du changement climatique d’origine humaine» : le Heartland Institute, champion de la désinformation sur le climat aux États-Unis, vient d’ouvrir son premier bureau en Europe. Inauguré à Londres en présence du politicien britannique d’extrême droite Nigel Farage, Heartland UK annonce sa volonté d’interpeller les politiques au Royaume-Uni et au-delà pour défendre ses positions. Dans les médias, sa directrice s’indigne des mesures du gouvernement britannique pour réduire l’exploitation pétrolière en mer du Nord. La même position que Donald Trump. Le climato-dénialisme à l’américaine est-il en train de prendre pied en Europe ?

👉 Cliquez ici pour lire le décryptage de nos ami·es de Socialter et en apprendre plus sur cet institut proche des lobbys du pétrole.

Lutte contre les algues vertes en France, requins mieux protégés en Australie : les bonnes nouvelles de la semaine

Maître à danser. Le pétrolier Shell traîné en justice au Nigéria, la surface mondiale consacrée au bio en augmentation… Gaëtan Gabriele débarque les bras chargés de bonnes nouvelles, avec une belle surprise en prime !

©  Vert

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+ Sandro Basili, Rémy Calland, Amélie David, Margot Desmons, Gaëtan Gabriele, Antoine Poncet et Justine Prados ont contribué à ce numéro.