L'hebdo

Poiscaille aïe aïe

Chères toutes et chers tous,

🗓️ Du 29 au 31 mars, le journal Libération pose ses valises à l’académie du climat à Paris pour la nouvelle étape de son Climat Tour. Vert y participe et animera plusieurs échanges, samedi 30 mars, sur «Les femmes à la tête de la lutte contre le changement climatique» et «Nos cultures, nos futurs». Toute la programmation est à retrouver ici.


Il faudra manger moins de poisson pour préserver les écosystèmes marins de notre prédation.


Si l’on veut préserver l’océan et la planète, peut-on encore manger du poisson ?

Senne de crime. Alors que la pêche est de plus en plus pointée du doigt pour son impact sur le climat et la biodiversité, les habitudes de consommation doivent évoluer. Décryptage.

Saumon en papillote, crevettes et bulots, brandade de morue… Les Français·es raffolent des produits de la mer. À tel point que leur consommation annuelle de poissons, coquillages et crustacés a atteint 30,4 kilogrammes par personne en 2021, d’après FranceAgriMer.
 

De multiples impacts sur le climat et la biodiversité

Cet amour pour les produits de la mer pose un certain nombre de problèmes. Dans les zones les plus touchées par la surpêche, les grandes populations de poissons ont été divisées par cinq, voire par dix pour les endroits les plus exploités (Atlantique nord, mer du Nord), indique à Vert Didier Gascuel, chercheur en écologie marine et directeur du Pôle halieutique, mer et littoral à l’Institut Agro Rennes-Angers. «On pêche les prédateurs, ce qui a des effets sur les proies, puis les proies des proies… Cela modifie toute la structure des écosystèmes marins», souligne le chercheur.

En France, la consommation annuelle moyenne de poissons, coquillages et crustacés atteint une trentaine de kilos par personne. © Unsplash

La pêche subit le changement climatique - et notamment le réchauffement de l’océan - mais elle y contribue aussi à sa manière. Notamment à cause du carburant consommé par les bateaux, en particulier les chalutiers aux moteurs puissants, nécessaires pour racler les fonds marins.

«Il faut entre un et deux litres de gasoil pour pêcher un kilo de poisson au chalut de fond», estime Didier Gascuel auprès de Vert«Je dis souvent aux consommateurs “regardez votre filet de poisson dans votre assiette. S’il vient du chalutage, vous pouvez poser deux verres de pétrole à côté”».

Le bouleversement des écosystèmes marins compromet aussi le stockage de carbone dans l’océan, qui absorbe environ un quart de nos émissions de CO2. Par ailleurs, certains types de pêche, comme le chalutage de fond, peuvent entraîner le relargage de carbone stocké dans l’océan en venant «gratter» les fonds marins.

Si l’ampleur de ce phénomène ne fait pas encore l’objet d’un consensus scientifique et doit être documentée, cet impact est bien réel, explique le professeur en écologie marine.

👉 Cliquez ici pour lire la suite de ce décryptage signé Justine Prados, avec les conseils d'expert·es pour limiter cet impact et consommer de manière plus responsable.

· Mardi, la métropole de Lyon a lancé une procédure judiciaire contre les deux géants de la chimie Arkema et Daikin, implantés au Sud de la ville, pour leur contamination présumée des alentours aux PFAS - les substances per- et polyfluoroalkylées, utilisées dans l’industrie chimique et qualifiées de «polluants éternels». La collectivité réclame une vaste expertise pour établir la responsabilité des deux groupes dans la pollution de l’eau aux PFAS et déterminer les préjudices entraînés, ouvrant la voie à d’éventuelles indemnisations. - Le Monde

· Mardi encore, dans la nuit, les 27 États membres et le Parlement européen ont trouvé un accord pour plafonner certaines importations agricoles ukrainiennes (œufs, volailles, sucre, avoine, maïs, miel…), autorisées à entrer sans droits de douane sur le marché de l’Union depuis juin 2022. Il s’agissait de soutenir Kiev après l’agression russe. - Le Monde (abonné·es)

· Mercredi, l’association Intercommunalités de France a publié une cartographie, qui révèle que 198 services d’eau potable connaissent un taux de fuites de 50% ou plus. L’Ardèche, les Pyrénées-Orientales, les Hautes-Alpes et la Corse sont les départements les plus touchés. - Libération (abonné·es)

· Jeudi, le Sénat français a largement rejeté la ratification du Ceta, un traité de libre échange entre l’Union européenne (UE) et le Canada. Appliqué provisoirement depuis 2017 et adopté de peu par l’Assemblée nationale en 2019, ce deal économique et commercial est contesté de longue date, notamment parce qu’il accentue l’industrialisation agroalimentaire. Nos explications sur les implications de ce vote à lire juste ici.

· Ce samedi, une manifestation est organisée à Trévoux (Ain) contre un projet de parc d’attraction sur le thème des dinosaures. Le parc Dinopedia, dont l’ouverture est prévue en juin prochain, est en partie situé sur une zone humide protégée. Notre reportage sur place il y a quelques jours est à lire juste ici.

· Recyclage de raison. L’Agence de la transition écologique (Ademe) vient de publier son nouveau bilan national du recyclage en France, qui fait le point sur les avancées et les insuffisances pour la période 2012–2021. Sans surprise, la France doit vraiment faire mieux. Voici ce qu’il faut en retenir.

· Écoute que coûte. Le gouvernement vient d’annoncer une énième consultation au sujet de la stratégie de décarbonation du pays. Attendue depuis neuf mois, la loi censée déterminer quelles énergies nous utiliserons en 2030 n’est toujours pas en vue. Décryptage à lire juste ici.

· Le Maire Fouettard. Il l’a vraiment dit : le ministre de l’Économie Bruno Le Maire veut sortir «une bonne fois pour toutes du mirage de la gratuité universelle». Une vision ultra-libérale à rebours des enjeux sociaux et écologiques de notre époque, comme le détaille Loup Espargilière dans cet édito.

- 4,8%

Les émissions de gaz à effet de serre ont chuté de 4,8% en France en 2023 (contre -2,7% l’année précédente) pour atteindre 384,5 millions de tonnes de CO2-équivalent, a dévoilé le Citepa, l’organisme chargé de l’inventaire national, dans son bilan provisoire publié jeudi. Les points importants :

👉 Énergie : -14% d’émissions de gaz à effet de serre, grâce au retour de la production nucléaire (de nombreux réacteurs indisponibles en 2022) et une hausse des renouvelables.

👉 Secteur résidentiel et tertiaire : -6%, surtout en raison d’une météo douce et d’une inflation marquée, notamment sur les prix de l’énergie. Mais aussi grâce à la sobriété des ménages et des entreprises, et à la rénovation thermique des bâtiments.

👉 Industrie : -8%, notamment grâce à une baisse de la production liée à des contraintes d’approvisionnement, et, dans une moindre mesure, grâce aux financements publics de la décarbonation assurés par le dispositif France 2030.

👉 Transports : -1,5%. Légère baisse pour le transport routier (-3%) liée à la hausse des prix à la pompe et au passage à l'électrique. Sur l’aérien, les émissions explosent et dépassent le niveau pré-Covid de 2019.

Le budget carbone fixé par la Stratégie nationale bas carbone devrait être respecté pour la période 2019-2023. Les émissions liées aux secteurs de l’agriculture, des déchets et aux puits de carbone n’ont pas encore été estimées. Le bilan définitif de 2023 sera publié en juin prochain.

· Faim prêt·es. Mardi, une caisse commune de l’alimentation a été officiellement activée auprès de 400 Girondin·es. Objectif : faciliter l’accès à une nourriture durable pour toutes et tous. Explications à lire juste ici.

· Posterre. Quels sont les aliments qui ne plombent pas trop notre empreinte carbone ? Quelle quantité d'eau consomment les champs de maïs ? Et, surtout, le monde agricole peut-il sauver la planète ? Découvrez le nouveau poster de Vert sur l'agriculture pour tout savoir de ce vaste sujet, en cliquant juste là.

· La raison du bonheur. Mercredi, le rapport mondial sur le bonheur a dévoilé son nouveau classement des pays où il fait (plus ou moins) bon vivre. Sur 200 pays, la Finlande arrive en tête pour la 7ème fois consécutive. La France se classe en 27ème position et l’Afghanistan tout en bas du tableau. Ce rapport, publié depuis 2012 par le Réseau des solutions pour le développement durable des Nations unies, s’appuie sur six critères (soutien social, revenu, santé, liberté, générosité, absence de corruption). - Le Parisien (AFP)

«Les semeuses», de Diane Wilson : conserver les graines par-delà l’oppression

Qu’est-ce qu’on sème ! Dans un premier roman envoutant, l’activiste écologiste Diane Wilson démêle les héritages du peuple dakhota, lourds de l’empreinte du colonialisme et riches des savoirs traditionnels, au travers du parcours de quatre femmes inspirantes que les graines relient.

👉 Cliquez ici pour lire cette chronique écrite par Juliette Quef.

Une minute d’éternité avec François Sarano

Le grand quinquin. Le média Les Others lance la septième saison des Baladeurs, son podcast dédié à l’aventure, avec le passionnant océanographe François Sarano. Dans cet épisode, celui qui fut le coéquipier du commandant Cousteau narre sa rencontre au large des côtes mexicaines avec Lady Mystery, grand requin blanc avec qui il a partagé une minute d’éternité.

 © Les Others

+ Aurélie Delmas, Loup Espargilière, Jennifer Gallé, Anne-Claire Poirier, Juliette Quef et Sanaga ont contribué à ce numéro.