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La Gironde se lance dans l’expérimentation à grande échelle de la «sécurité sociale de l’alimentation»

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Faim prêt·es. Ce mar­di, une caisse com­mune de l’alimentation est offi­cielle­ment activée auprès de 400 Girondin·es. Objec­tif : faciliter l’accès à une nour­ri­t­ure durable pour tous·tes.

Le col­lec­tif Acclimat’action s’est asso­cié au départe­ment de la Gironde et à la Ville de Bor­deaux pour inau­gur­er cette caisse com­mune de l’alimentation, qui sera testée pen­dant un an. «Dévelop­per une sécu­rité sociale de l’al­i­men­ta­tion, c’est repenser de manière démoc­ra­tique toute la “chaîne de valeur de l’alimentation”, de la terre à l’assiette», explique Jean-Luc Gleyze, prési­dent du départe­ment.

À l’origine de ce pro­jet, un con­stat : celui d’une crise agri­cole pro­fonde avec une pré­cari­sa­tion des agriculteur·ices ; et d’une insécu­rité ali­men­taire crois­sante pour les citoyen·nes malmené·es par l’inflation.

Jusqu’en avril prochain, 400 bénév­oles issu·es de plusieurs ter­ri­toires du départe­ment cotis­eront à une caisse com­mune pour béné­fici­er d’une allo­ca­tion à dépenser dans des com­merces ali­men­taires con­ven­tion­nés. L’expérimentation con­cerne aus­si bien les zones urbaines de Bor­deaux et de Bègles que des espaces ruraux — plus pré­caires — de l’est ou du sud du départe­ment. «70% des par­tic­i­pants sont représen­tat­ifs de la société giron­dine en ter­mes de revenus ou de com­po­si­tion du foy­er. Les 30% restants sont des per­son­nes en sit­u­a­tion de forte pré­car­ité», détaille à Vert le départe­ment de la Gironde.

Une allocation à dépenser dans plusieurs commerces alimentaires

Chaque mois, les participant·es dis­poseront de 150 «MonA» (pour «mon­naies ali­men­taires», la devise mise en place pour le pro­jet), et 75 MonA par per­son­ne sup­plé­men­taire au sein de leur foy­er — une MonA équiv­aut à un euro. Une mère céli­bataire qui vit avec deux enfants recevra ain­si 300 MonA. Il suf­fit aux béné­fi­ci­aires de trans­met­tre un code à la caisse des lieux référencés pour utilis­er leur allo­ca­tion.

Pour l’heure, seuls 16 com­merces (épicerice, boulan­gerie, boucherie, etc.) sont con­ven­tion­nés. Mais les porteur·ses du pro­jet visent une cinquan­taine de lieux à terme. Les points de vente sont éval­ués selon plusieurs critères : juste rémunéra­tion des producteur·ices, local­ité des ali­ments, pra­tiques agri­coles durables, bien-être au tra­vail… Les participant·es se réu­niront chaque mois pour gér­er le fonc­tion­nement de la caisse com­mune, et notam­ment décider du con­ven­tion­nement de nou­veaux com­merces.

Un demi mil­lion d’euros (534 000 euros) sera alloué chaque année à la caisse com­mune, dont près de la moitié sera financé par les coti­sa­tions des participant·es (214 000 euros). Ces coti­sa­tions sont auto-déter­minées par les béné­fi­ci­aires en fonc­tion de leur niveau de revenu et de leur bud­get ali­men­taire. Le reste du pro­jet est financé par les dif­férentes col­lec­tiv­ités impliquées (Con­seil départe­men­tal, mairies de Bor­deaux et de Bègles, Con­seil région­al, etc.).

Un bilan sera réal­isé à l’issue de l’expérimentation, au print­emps 2025. Avec, en ligne de mire, le déploiement d’un plaidoy­er poli­tique à l’échelle nationale, porté par le prési­dent de la Gironde et le maire de Bor­deaux, pour pro­mou­voir la sécu­rité sociale de l’alimentation pour tous·tes.