Recyclage de raison. L’Agence de la transition écologique (Ademe) vient de publier son nouveau bilan national du recyclage en France, qui fait le point sur les avancées et les insuffisances pour la période 2012–2021. Voici ce qu’il faut en retenir.
→ Ce document porte sur 11 matériaux jugés essentiels pour l’économie hexagonale : fer, acier, fonte, aluminium, cuivre, zinc, plomb, papiers, cartons, verre, plastiques, textiles, déchets inertes du BTP (bitume, béton, pierres…) et bois. Les données utilisées viennent en majorité des producteurs et des industriels utilisateurs de ces matériaux.
→ Le bilan fait le point sur le «taux d’incorporation» de chaque type de matériau, qui désigne la quantité de matière recyclée qui pourra être réincorporée dans de futurs produits. Dans ce domaine, les papiers et cartons affichent les meilleurs résultats avec un taux d’incorporation de 71% et une progression de 9 points depuis 2012. Le verre (63%) et le bois (46%) montrent également une progression depuis les années 2010.
→ En revanche, le taux d’incorporation du plastique, dont la pollution systémique constitue un problème écologique majeur, affiche un petit 14%.
→ Même si la collecte des plastiques pour le recyclage est passée de 400 000 tonnes en 2012 à 1,3 million de tonnes en 2021, celle-ci est encore trop faible (25% en 2020), souligne l’Ademe. Parmi les solutions : davantage de tri, une meilleure écoconception des produits et plus de capacités de recyclage. Pour rappel, l’incorporation d’une tonne de plastique recyclé permet d’éviter 2,7 tonnes d’équivalent CO2.
→ Pour le cuivre, le plomb, le zinc, les déchets du BTP et les textiles, les taux ne sont tout simplement pas connus. En partie parce que les données «ne sont pas toujours disponibles de manière précise à l’échelle de la France et l’analyse est réalisée à l’échelle européenne», détaille l’Ademe.
→ Faute de filières de recyclage assez efficaces, la France est aujourd’hui le principal exportateur de métaux à recycler en Europe. Ceux-ci partent vers l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne et l’Italie. En 2021, la France a par exemple exporté 342 000 tonnes d’aluminium… soit près de la moitié de la collecte réalisée pour ce matériau.
→ Si l’Ademe insiste sur la nécessaire accélération du recyclage via le développement des filières et une plus grande efficacité, Juliette Franquet de l’association Zero Waste France rappelle que «le recyclage ne casse pas le mécanisme de production des déchets», et appelle à faire porter les efforts sur les filières du réemploi et de la réparation.