Avis de déchets. À l’issue de négociations difficiles, les États membres et le Parlement européen se sont accordés lundi 4 mars sur un texte qui vise à réduire les emballages et la pollution plastique.
189 kilogrammes : c’est le poids des déchets d’emballages générés par chaque habitant·e de l’Union européenne (UE) en 2021, d’après les dernières données d’Eurostat, l’organisme statistique de l’UE. Un fléau en constante augmentation, et que l’Europe tente d’endiguer avec ce texte issu du Pacte Vert – la stratégie de l’Union européenne pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55% en 2030 par rapport à 1990.
Les États membres et le Parlement européen se sont entendus pour réduire le volume de déchets d’emballages de 5% en 2030, puis de 10% en 2035, et enfin de 15% en 2040 – le tout par rapport à 2018. Tous les emballages devront être recyclables en 2030, et recyclés de manière systématique d’ici à 2035.
Les emballages en plastique à usage unique seront bannis des cafés et des restaurants dès 2030 – mais pas ceux en papier ou en carton, à la suite d’un vaste lobbying des géants du fast-food et des industriels du papier. Les flacons miniatures dans les hôtels, les dosettes de sauces, les films plastique qui entourent les valises dans les aéroports et les emballages pour certains fruits et légumes seront également interdits à la même échéance.
Autre avancée : le texte interdit l’ajout de substances per- et polyfluoroalkylées (les PFAS, des produits chimiques qualifiés de «polluants éternels» à cause de leur persistance dans l’environnement) dans les emballages alimentaires comme les boîtes de pizza ou les barquettes, dès 2026.
Les États devront aussi instaurer un circuit de consigne pour les bouteilles en plastique et les canettes métalliques d’ici à 2029, mais en seront exemptés si le taux de collecte de ces déchets dépasse 80%.
Des niveaux contraignants de réemploi (réutilisation ou recharge) ont été fixés pour plusieurs secteurs (e-commerce, électroménager, boissons) mais ont globalement été revus à la baisse, avec de nombreuses exemptions (pour le secteur viticole ou les microentreprises par exemple) et dérogations possibles. Un choix que regrettent plusieurs associations : «Le texte a le mérite de bannir les polluants dangereux pour la santé et de réduire les plastiques à usage unique dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, estiment Lucie Padovani, chargée de plaidoyer pour Surfrider Foundation, et Muriel Papin, déléguée générale de No Plastic In My Sea, auprès du Monde. En revanche, il ne permet pas de sortir des emballages à usage unique pour les produits de grande consommation et d’aller vers le modèle plus vertueux du réemploi».
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Photo d’illustration : Adobe stock