Chronique

«Les semeuses», de Diane Wilson : conserver les graines par-delà l’oppression

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Qu’est-ce qu’on sème ! Dans un pre­mier roman envoutant, l’activiste écol­o­giste Diane Wil­son démêle les héritages du peu­ple dakho­ta, lourds de l’empreinte du colo­nial­isme et rich­es des savoirs tra­di­tion­nels, au tra­vers du par­cours de qua­tre femmes inspi­rantes que les graines relient.

Après le décès de son mari John, cul­ti­va­teur de maïs atteint d’un can­cer foudroy­ant, Ros­alie Iron Wing se réfugie au cœur de l’hiver dans la cabane où elle a gran­di avec son père jusqu’à ses 12 ans. Sur ses ter­res ances­trales du Min­neso­ta (États-Unis), elle part en quête de sa lignée dakho­ta qui la mène à sa grande-tante Dar­lene Kills Deer. Au fil des pages, on ren­con­tre la mil­i­tante Gaby Make­speace, la dis­crète Ida, ou l’ancêtre Marie Black­bird, pour­chas­sée par les colons en 1860.

De ce roman qui mêle l’intime et le poli­tique, s’élève le cri sourd des enfants autochtones arrachés à leur famille et élevés par des Blancs. Face à la vio­lence du colo­nial­isme, seul le pou­voir des graines et les réc­its ances­traux per­me­t­tront, peut-être, de répar­er les trau­ma­tismes et lut­ter con­tre les nou­velles men­aces qui pèsent sur la vie : la pol­lu­tion de la riv­ière par les engrais et les pes­ti­cides, et le maïs trans­génique.

D’ascendance sioux, l’autrice Diane Wil­son est une activiste envi­ron­nemen­tal­iste, née en 1948 au Texas. Elle a créé l’Alliance pour la sou­veraineté ali­men­taire de la nour­ri­t­ure des peu­ples nat­ifs d’Amérique. Pub­lié en 2021 sous le nom de The Seed Keep­er, ce roman — son pre­mier — a con­nu un suc­cès large­ment mérité aux États-Unis.

Les semeuses, Diane Wil­son, Rue de l’échiquier, mars 2024, 384p, 24€