Un million d’euros. C’est le montant de l’amende qui a été infligée à la société responsable des sites web de Shein en Europe, ce lundi, en Italie. L’Autorité italienne garante de la concurrence et du marché (AGCM-Autorita’ garante della concorrenza e del mercato, en italien) accuse le géant de la mode jetable d’avoir «adopté une stratégie de communication trompeuse concernant les caractéristiques et l’impact environnemental de ses produits vestimentaires».

Le e-commerçant chinois est aussi accusé d’avoir diffusé «des messages et des allégations environnementaux trompeurs et/ou mensongers… dans le cadre de la promotion et de la vente de vêtements de la marque Shein». Ces messages étaient «dans certains cas vagues, génériques et/ou excessivement emphatiques, et dans d’autres, trompeurs ou omissifs», indique encore l’AGCM.
En particulier, les affirmations concernant la recyclabilité des produits «se sont révélées fausses ou pour le moins prêtant à confusion», estime le gendarme italien de la concurrence. Les consommateur·ices pouvaient facilement être amené·es à croire que les produits Shein étaient fabriqués exclusivement à partir de matériaux durables et entièrement recyclables : «Une affirmation qui, compte tenu des fibres utilisées et des systèmes de recyclage actuels, ne reflète pas la réalité», lit-on encore dans la décision rendue ce lundi.
Les affaires concernant Shein se multiplient
Shein a assuré pour sa part avoir «pleinement coopéré» avec l’AGCM et «pris des mesures immédiates» pour répondre aux préoccupations. Le groupe affirme que, désormais, toutes les allégations environnementales figurant sur le site web sont «claires, spécifiques et conformes à la réglementation».
En France, Shein avait écopé d’une amende 40 millions d’euros pour «pratiques commerciales trompeuses» le 3 juillet dernier. Et l’entreprise est au cœur de l’actualité parlementaire : le 10 juin, le Sénat a voté une proposition de loi contre la fast fashion. Elle pourrait être définitivement adoptée après son passage en commission mixte paritaire (où sept député·es et sept sénateur·ices tenteront d’aboutir à un texte commun) à la rentrée.
Le géant de la mode éphémère défraye aussi la chronique en raison de sa chaîne d’approvisionnement. Mercredi dernier, les ONG ActionAid France et China labor watch ont révélé que les conditions de travail dans des ateliers qui fournissent la firme chinoise étaient contraires aux droits humains (notre article).
L’une des entreprises les plus néfastes pour le climat
Mais c’est bien en raison de son impact environnemental que la firme revient régulièrement dans l’actualité. Notamment parce qu’elle exporte chaque jour près de 5 000 tonnes de marchandises par avion – un mode de transport beaucoup plus polluant que les porte-conteneurs. Ou parce que l’écrasante majorité des vêtements qu’elle produit sont faits en polyester. Une fibre synthétique qui relargue (notamment lors du lavage) des microparticules de plastique dans l’environnement… et qui pourrait même contribuer au développement de certains cancers, de problèmes de fertilité, de maladies cardiaques, ou de cas d’alzheimer.
Plus encore, comme nous vous l’expliquions dans un précédent article, Shein a multiplié par deux ses émissions de gaz à effet de serre (GES) entre 2021 et 2023. Faisant d’elle la marque de vêtements qui aggrave le plus la crise climatique.
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